un article intéressant dans l'Express sur le succès rencontré par des artistes francophones qui s'exportent de plus en plus en chantant en anglais
Ils s'appellent Yael Naim, Feist, Ayo, The Dø, SoKo, Asa, Cocoon... Et, de Londres à Los Angeles, de Tokyo à Copenhague, des pages de MySpace aux pubs d'Apple, ces nouveaux ambassadeurs de la pop-folk made in France parlent au monde entier... mais en anglais.
« C'est le bon côté de la mondialisation, même si, ici, la scène franco-française reste prépondérante », remarque Christophe Davy, programmateur du Printemps de Bourges. Le festival met à l'affiche quelques porte-drapeaux de cette deuxième vague hexagonale après la French touch : ce courant électronique représenté par Air, Daft Punk, Justice qui, au tournant de l'an 2000, a explosé les frontières, donné une image de marque aux nouvelles formes de rock et touché un public international jeune, peu concerné, jusqu'ici, par les productions françaises. « Du coup, à l'étranger, reprend Davy, on a davantage pris nos groupes au sérieux. »
Le groupe Moriarty (Photo: Léa Crespi)
Concerts autour du monde, articles de presse dans les magazines hype (tendance), titres en boucle sur les FM européennes... Les chanteurs labélisés bleu-blanc-rouge n'ont jamais été si offensifs, quitte à abandonner le combat pour la langue de Molière. Le Bureau Export de la musique française a recensé, en 2007, 2 000 sorties d'albums et plus de 7 000 shows sur 10 territoires - 800 en Grande-Bretagne - soit une augmentation de 40 % en un an. Feist, artiste canadienne anglophone découverte par une maison de disques française à l'époque où elle vivait à Paris, a réalisé un score historique à l'exportation : 1 million d'exemplaires vendus, dont la moitié aux Etats-Unis, marché difficile d'accès. Carla Bruni et Air ont, eux, trusté les premières places des classements européens du téléchargement. Music Hole, le nouvel album de Camille, entièrement chanté en anglais, est attendu dans une trentaine de pays (lire notre renconte avec Camille). Et SoKo s'impose comme la nouvelle star de MySpace, alors qu'elle n'a toujours pas sorti d'album. Comme ses collègues, la jeune chanteuse ne jure que par la langue de Shakespeare. « Aujourd'hui, les Français sont décomplexés par rapport à l'anglais, qui est la langue du Net », note Jean-Philippe Allard, président du Bureau Export de la musique française et d'Universal Music Publishing - c'est lui qui a repéré Feist, Ayo, Micky Green et qui veille sur SoKo, côté édition.
Sébastien Tellier et Guy-Manuel
de Homem-Christo, moitié de Daft Punk (Photo. L Brancovitz)
Mais le multilinguisme dans la chanson ne date pas d'hier. Au fil des décennies, on a entendu Adamo ou Dalida conquérir des territoires en allemand, en italien, en japonais. Patrick Juvet martelait du disco en anglais. La Mano Negra gesticulait en espagnol... « Recruter des artistes au profil international reste un objectif », assure Thomas Lorain, directeur international et digital de la maison de disques Naïve, qui mise, à l'export, sur le reggae soul de la Nigériane Asa et le rock métissé des Américains Moriarty, un groupe parrainé par les Deschiens. Depuis quelques années, le savoir-faire de la France est reconnu et de plus en plus d'artistes anglo-saxons sollicitent les labels parisiens.
Alors que le marché du disque s'est écroulé de moitié en cinq ans, l'exportation, qui représente 29 % des ventes de CD français, se révèle vitale.
De même que la synchronisation, c'est-à-dire le choix d'une chanson pour l'habillage sonore d'une publicité, d'un jeu vidéo ou d'une série télé. Night-Time Intermission, de Charlotte Gainsbourg, a ainsi illustré le parfum Night de DKNY ; La Ritournelle, de Sébastien Tellier, a été choisie par L'Oréal ; 1 2 3 4, de Feist, a accompagné le lancement de l'iPod Nano d'Apple ; et New Soul, de Yael Naim, celui du MacBook Air (lire notre interview de Yael Naim).
Internet favorise le développement à l'étranger des artistes par le buzz (bouche à oreille). « La fraîcheur des groupes français plaît beaucoup outre-Manche », avance Laurence Alvart, organisatrice de Stage of the Art, soutenu par Eurostar, qui a mis en place une série de collaborations et d'échanges musicaux entre l'Institute of Contemporary Arts (ICA), à Londres, et le Palais de Tokyo, à Paris. Sébastien Tellier, Gonzales, Poni Hoax, ou Sierra, des CocoRosie, y portent la voix de la France. « Paris va-t-il voler à Londres le titre de capitale du cool ? », s'est interrogé récemment le quotidien britannique The Evening Standard.
*** Message ?dit? par bigoudi le 13/05/2008 15:26 ***