Le deuxième album de Marie Cherrier, "Alors quoi ?", est sorti le 14 septembre 2007. Que dire sur cet album ? Surtout qu'il ne faut pas s'arrêter au fait qu'il comporte uniquement des titres que l'on a déjà pu entendre sur scène depuis plusieurs mois : certains arrangements les rendent méconnaissables, et ce n'est pas peu dire. Marie a gagné en maturité, tant dans les paroles que dans la mélodie ou la technique vocale. On est bien loin désormais des gentilles ballades du premier album. La vie, parfois belle, parfois cruelle, sourd à chaque mot. Ici on regrette le chanteur énervant, là on se souvient de Verdun, ici on évoque un vain amour, là est rendu un vibrant hommage à une personne chère, là enfin les rêves deviennent vie... Ce qui étonne toujours chez Marie Cherrier, c'est la grande maturité des textes et les références culturelles qui corsent l'interprétation et forcent le respect. C'est retrouver une sensibilité transcendée par les mots. Alors bien sûr, on trouvera l'album un peu court : 10 titres, moins de 40 minutes... On aurait souhaité quelques chansons en plus pour mieux cerner cet univers multiforme, passant du rire à l'émotion, cheminant vers des ranc?urs apaisées ! Les arrangements révèlent une Marie Cherrier plus mûre, plus sure d'elle, qui n'hésite pas à parler certaines paroles, au lieu de les chanter. On pourra trouver certains partis-pris étonnants, comme la présence de claviers qui semblent se superposer aux autres instruments de façon un peu anarchique (sur "Café Noir" ou "Ben alors quoi"). On pourra également trouver le mixage des "Pattes du loup" plutôt abscons. Il n'empêche que les arrangements, allant du jazz au pop-rock, donnent une véritable dynamique à l'album, tout en faisant perdre les repères à chaque titre. C'est peut-être ce que l'on pourra reprocher à cet album : à varier les styles, c'est comme si Marie Cherrier n'avait pas encore trouvé son univers. Mention spéciale malgré tout à "J't'ai inventé" (une vraie réussite, tant dans les paroles que dans les arrangements), "La funambule" ou "Apprends-moi à en rire". En conclusion, il faut bien avouer que l'évolution est spectaculaire, et que Marie Cherrier prend des risques avec cet album : ceux, en particulier, de laisser derrière elle quelques fans désorientés et de dérouter les médias par tant d'audace. Mais on n'en attendait pas moins de la belle, qui a su montrer depuis les débuts de sa carrière qu'elle n'aimait pas les routes bien goudronnées qui collent aux plumes et que, libre dans sa démarche créatrice, elle voulait offrir au public une image spontanée d'elle-même...