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Nolwenn On Line Forum » Discussions libres » Autres » L'odyssée celtique de Sylvain Tesson
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un papillon
Ajouté le : 12/01/2024 15:12
Sujet : L'odyssée celtique de Sylvain Tesson

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

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Pour l'auteur, malgré tout ce qui lui est arrivé, le monde est toujours capable de montrer sa beauté. Il suffit de la chercher.


https://www.lefigaro.fr/livres/l-odyssee-celtique-de-sylvain-tesson-mes-voyages-me-servent-a-prouver-que-le-mystere-existe-encore-20240112

un livre qui retrace l'histoire , sur ce que l'on en connait des celtes

Un ouvrage qui pourrait plaire à ceux qui aime la Bretagne mais pas que
et qui aime aussi pour ct qu'elle représente pour sa culture musicale, historique et ses croyances et évidemment l'histoire arthuriennes , du vrai mais aussi du merveilleux , un monde qui intéresse notre artiste préférée NOLWENN



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un papillon
Ajouté le : 12/01/2024 15:29

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

Enregistré le 27/11/2005
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L'idée était de remonter l'arc celtique littoral, de la Galice aux Shetland, et j'avais essayé de le faire par voie de terre. J'avais proposé au Fig Mag de faire un reportage dont le thème était en gros le suivant : y a-t-il encore dans le paysage une inscription du merveilleux arthurien ? Mais je me suis rapidement aperçu que par voie de terre, c'était illusoire, car on y trouve des émerveillements uniquement provisoires. Les cinquante ans de dévastation du paysage français et européen ont interrompu le miracle. Il y a 30 kilomètres de landes, et puis 10 kilomètres de ZAC. Puis 20 kilomètres de plage et 20 kilomètres de ZUP. J'étais parti chercher le roi Arthur et l'enchanteur Merlin, et je tombais sur Leroy Merlin.

C'est là que j'ai compris qu'il n'y avait qu'une seule solution : aborder ce voyage à la celte, par voie de mer, mais en cabotant. Et en demandant au capitaine du voilier de me laisser là où je voulais aller et puis de me reprendre là où le cheminement n'avait plus d'intérêt. Un peu comme si je demandais à un chauffeur de taxi « laissez-moi au menhir et reprenez-moi au dolmen un peu plus haut ». C'était parfait pour cette côte déchiquetée pleine de nasses, d'écueils et de recoins, qui favorise un cabotage amphibie mi-aquatique, mi-terrestre. C'est la technique des commandos et du chevalier Destouches qui faisait la chouannerie dans le Cotentin avec sa barque, et des Celtes aussi qui ont circulé entre les écueils du monde celto-breton.

J'AI CHERCHE le mot" cabotant" , ceci exprime voguer sur les mers en faisant des escales terrestres



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un papillon
Ajouté le : 12/01/2024 15:31

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

Enregistré le 27/11/2005
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Dans la plupart de vos livres, un thème semble récurrent : parvenir à voir la beauté du monde de plus en plus difficile à trouver. Vous l'avez déjà expliqué dans Les Chemins noirs . Avec le phénomène Instagram, c'est encore pire : dès qu'un individu repère un endroit sublime, il poste sa photo sur le réseau et, le lendemain, des milliers de touristes affluent...

Lorsque je parle de recherche des fées, il ne s'agit évidemment pas de trouver des petites femmes libellules en tutu virevoltant dans les airs. Je pense plutôt à une qualité du regard qu'il faut s'exercer à poser sur les choses. Le merveilleux n'est pas un état qui existe, c'est un état qui naît de la volonté qu'il naisse. C'est donc un exercice. Ce voyage sur les côtes atlantiquesque j'appelle « le ruban celte » m'a permis de réfléchir à cet impératif d'échapper à la dévastation générale du monde qui est à la fois mentale, morale et physique, en m'échappant dans ce couloir d'iode pour capter quelques scintillements.



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un papillon
Ajouté le : 12/01/2024 15:35

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

Enregistré le 27/11/2005
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Le monde est soumis à une entreprise extraordinaire de dévastation. Il faut savoir traquer la beauté dans des interstices

À force de s'exercer, comme pour tout art martial ou activité physique, on finit par développer une facilité à capter ce que l'on cherche. Le merveilleux, ce n'est pas uniquement la beauté – évidemment lorsqu'on voit le soleil se coucher depuis un promontoire, c'est magnifique –, mais il faut qu'il y ait un peu plus que ça : du mystère, la rencontre de la minutie et de l'immensité océanique, éventuellement une très vieille présence humaine qui a incubé sa mémoire dans le site, un menhir, un dolmen, une chapelle, un calvaire, enfin une trace… Tout cela finit par composer une vision, un spectacle. Mais pour le voir, il faut se donner la peine d'aller le chercher.

Ce n'est pas donné à n'importe qui…

En effet, car le monde est soumis à une entreprise extraordinaire de dévastation. Pour des raisons que nous connaissons bien : nous sommes très nombreux, nous ne faisons plus allégeance à la beauté. Notre « progrès » nous a placés dans une possession d'objets qui fait de nous des dieux. Le téléphone portable avec sa lampe de poche intégrée, les briquets pour faire du feu, la possi bilité de se déplacer en avion… Nous avons plus de pouvoir opérationnel que les dieux de l'Olympe. Nous sommes des démiurges mythologiques, mais nous avons renoncé – car tout a un prix – à la beauté.

À lire aussiSylvain Tesson: «Éloge de l'arbre, frères humains, nous n'aurions jamais dû descendre!»

Vous parliez de mystère, mais y a-t-il encore de la place pour le mystère à l'époque de la globalisation et du tourisme de masse ?

Mes voyages me servent à prouver que précisément, oui. Le mystère existe encore. Il faut le chercher. Essayer de vivre le voyage comme on pouvait le vivre par exemple au début du XXe siècle est devenu en soi un motif pour voyager, une aventure. Tout le principe des voyages que je fais consiste à trouver des interstices me permettant d'échapper à l'énorme encerclement ou à l'emprise de l'industrialisation, de la massification, de l'accélération, ce que l'on pourrait nommer, pour aller vite, la modernité. Tout cela s'est fait en quelques décennies : reconstruction dans les années 1950, industrialisation de l'agriculture, décentralisation, etc. Lorsqu'on considère la campagne comme une surface agricole utilisable, puis quand on dit que cette surface agricole utilisable peut être constructible, puis lorsque le rêve américain du pavillon individuel se met là-dessus, puis lorsque sont lancées les tentatives jacobines parisiennes de l'administration centrale d'injecter de « l'activité » dans ce que ces gens appellent les « territoires », voici autant de preuves que nous sommes sortis de la consi dération de la beauté. La France, ce n'est pas « l'Hexagone », les bêtes, ce n'est pas la « biodiversité », la campagne, ce n'est pas les « territoires ».


Sylvain Tesson en pleine lecture : la bibliothèque de bord contient 50 livres de littérature celtique. Priscilla Telmon
Alors, tout est fichu ?

Non, il reste ces interstices que je parviens à trouver. J'habite l'un des quartiers parisiens les plus bruyants (le quartier piétonnier de Saint-Michel, NDLR) et les plus touristiques. Mais de chez moi, je ne vois que le ciel et la tour gothique de l'église Saint-Séverin. J'ai trouvé un interstice d'émerveillement. J'en trouverai d'autres.

Vous dites que, dans le fond, on ne sait pas grand-chose des Celtes sur la trace desquels vous êtes parti pour ce livre, que les historiens eux-mêmes se contredisent. Ils sont même devenus un fantasme pour l'extrême droite…

Il y a plusieurs plans de considération. Le premier est historique, l'autre linguistique, un autre fantasma gorique comme vous venez de le dire, qu'on peut même appeler idéologique, et le dernier qui est littéraire. Le plan historique, on le connaît bien et mal. On sait qu'il y a eu un mouvement de populations qui, pour résumer, couvrait une zone mitteleuropéenne, un triangle dont l'une des pointes serait la Bavière, l'autre la Hongrie et la dernière la frontière ukraino-polonaise. Mais les déplacements des populations humaines ressemblent au principe des boules de billard : va comme je te pousse. Au VIIe siècle avant J.-C., poussés par des étrangers ouralo-steppiques, ces peuples se dirigent vers la Gaule. Mais à un moment, il y a une falaise, c'est l'Atlantique. Ils s'arrêtent, ils prospèrent, et ensuite ils refluent sous un triple coup de boutoir : romain, chrétien, germanique.

Le XIIe siècle est fascinant : les cathédrales, les monastères, la chanson de geste, la chevalerie

D'invasions en christianisation, les Celtes finissent par disparaître et le coup de grâce est porté par les Vikings. Il y a une petite survivance linguistique en Irlande et dans quelques miettes d'îles. Ça s'arrête là. Pour le reste, on ne sait pas grand-chose. Ils n'écrivaient pas – on connaît juste les triskèles – donc les historiens ont spéculé. Et lorsque les historiens spéculent, il y a deux délires : celui, dangereux, de l'homme politique, et celui, positif, du poète. Dans la politique, l'histoire des Celtes a été utilisée : c'était une sorte de race idéale. Chez les poètes, cela a donné le néoceltisme de Walter Scott et de Victor Hugo qui, bien que fantasmé, est très beau. Au XIXe, la mythologie celte permettait d'arc-bouter toutes les thématiques que le romantisme portait en lui : l'exaltation de la nature et des peuples fantomatiques. Ce qui donne Hugo délirant sur les menhirs à Guernesey.


Face à la croix de Saint- Martin devant la cathédrale de l'abbaye de Iona, Écosse. Priscilla Telmon
C'est une période que vous chérissez ?

Celle que je préfère est bien plus ancienne et est celle qui m'intéresse le plus. C'est le moment qui représente le grand siècle, seul point de cristallisation de notre nostalgie européenne, le XIIe : les cathédrales, les monastères, la chanson de geste, la chevalerie, qui est tout de même une figure sublime – soldat et poète, aventurier et amant. Et c'est à cette époque qu'il y a la rencontre du christianisme et du paganisme forestier atlantique, qui se marient magnifiquement. Chrétien de Troyes et Geoffroy de Monmouth, le Français et l'Anglais, qui inventent non seulement le roman, mais une matière littéraire géniale avec Arthur, le Graal et les chevaliers de la Table ronde : le merveilleux. Ils se disent : « D'accord, il y a le dogme chrétien, mais nous n'allons pas pour autant brader notre extraordinaire peuple féerique. » Et cela débouche sur la geste arthurienne, extraordinaire.

C'est ce qui vous intéresse ?

Oui. Naturellement, les fées, comme phénomène surnaturel, je n'y crois pas, ça ne m'intéresse pas. Les Celtes, je n'ai pas la hauteur d'un historien pour prétendre en faire le tour. En revanche, le merveilleux, comme proposition littéraire, comme considération du monde, c'est ce que j'adore et c'est cela que je suis allé chercher.


En Écosse, sur la grande île des Orcades. Thomas Goisque
À travers les pays que vous avez parcourus, vous avez constaté une continuité ?

De la Galice aux Shetland, il y a une continuité évidemment biogéographique, le long d'un ruban : le ressac, la plage, le cordon de dunes, et une toute petite profondeur de quelques kilomètres qui après devient le pays. Si l'on reste sur ce ruban, on voit plus qu'une continuité, c'est la même patrie. Nos organes sensitifs ne sauront démêler si nous sommes sur une plage en Galice ou dans le nord de l'Écosse. En gros, c'est l'influence de l'iode sur un vieux socle granitique.

Et il n'y a plus de place pour la forêt ?

Il n'y a pas encore de place pour la forêt. Comme la mer attaque tout avec son flux et son reflux qui emporte la terre, pour qu'il y ait la forêt – et ce que je vais dire est une allégorie des civilisations –, c'est compliqué : lorsqu'il n'y a que du mouvement, pour qu'il y ait une forêt, donc une culture, il faut qu'il y ait un sol. Et pour qu'il y ait un sol, il faut des racines pour le retenir. Je suis étonné que les penseurs ne se servent pas davantage du principe de la dune comme allégorie politique.





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un papillon
Ajouté le : 13/01/2024 23:35

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

Enregistré le 27/11/2005
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et enfin cela


Le XIIe siècle est fascinant : les cathédrales, les monastères, la chanson de geste, la chevalerie
D'invasions en christianisation, les Celtes finissent par disparaître et le coup de grâce est porté par les Vikings. Il y a une petite survivance linguistique en Irlande et dans quelques miettes d'îles. Ça s'arrête là. Pour le reste, on ne sait pas grand-chose. Ils n'écrivaient pas – on connaît juste les triskèles – donc les historiens ont spéculé. Et lorsque les historiens spéculent, il y a deux délires : celui, dangereux, de l'homme politique, et celui, positif, du poète. Dans la politique, l'histoire des Celtes a été utilisée : c'était une sorte de race idéale. Chez les poètes, cela a donné le néoceltisme de Walter Scott et de Victor Hugo qui, bien que fantasmé, est très beau. Au XIXe, la mythologie celte permettait d'arc-bouter toutes les thématiques que le romantisme portait en lui : l'exaltation de la nature et des peuples fantomatiques. Ce qui donne Hugo délirant sur les menhirs à Guernesey.


j'ai l'impression d'entendre Nolwenn nous parler des celtes mais aussi Laurent Voulzy de la chevalerie , des cathédrales , de la chanson de geste



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