Bonjour à tous les Nolwenniens !!!
En ces temps troublés, moroses et confinés, j'espère que vous vous portez tous de la meilleure des manières.
Je vous propose un peu de lecture, puisque actuellement on a un peu de temps libre à "tuer", n'est-ce pas ?
Une amie m'a envoyé ce petit texte, -fiction ou pas ?- journal tenu par un père confiné avec sa famille composée de sa femme Mathilde et ses deux enfants Mathis, l'aîné et Léa la cadette, que je partage bien volontiers avec vous, parce qu'il faut bien aussi rire de l'expérience que nous vivons actuellement...
Ca devrait parler à certains ici : COURAGE !!!
Portez-vous bien, prudemment confinés & que la force soit avec vous !!!
A DICHATZ !!!
JOURNAL DE CONFINEMENT
JOUR 1
Mercredi 18 mars. Premier jour à quatre à la maison. Journée ensoleillée,
les enfants ont pu profiter du jardin. Pas encore de nouvelles de la
maîtresse, j'imagine qu'il faut le temps de s'organiser. Ce midi, apéritif
en famille, jeux l'après-midi ; Mathilde avait fait un gâteau au chocolat
pour le goûter. Petit air de vacances !
JOUR 2
Jeudi 19 mars. Première tonte de l'année ! J'adore l'odeur de l'herbe
coupée. Les arbres sont en bourgeons, les tulipes sortent de terre, les
premiers jours de printemps sont toujours agréables !
Foot avec les enfants qui ont fini par se disputer, comme toujours. La vie
s'organise tranquillement.
JOUR 3
Vendredi 20 mars. Les premiers devoirs sont tombés pour Mathis : révisions
sur les divisions. Surtout rester calme...
Léa fait des dessins pour papa et maman. Trop mignon.
JOUR 5
Dimanche 22 mars. Le jardin est au carré, on dirait Versailles ! Comme quoi
il y a toujours du bon à prendre ! Mathilde a les mains dans la farine la
moitié du temps : gare aux kilos en trop !
Léa a épuisé la moitié du stock de pages blanches, c'est moche pour la
planète.
Côté divisions, on rame...
JOUR 7
Mercredi 25 mars. Si Mathis me demande encore une fois ce qu'est un
dividende, je lui fais manger son cahier !
Léa a enfoncé toutes les pointes de feutres et chouine à longueur de
journée.
Mathilde s'est lancée dans la confection d'un gâteau roumain à la purée de
marrons et aux pruneaux. Est-ce vraiment une bonne idée ? Le temps commence
à sembler long.
JOUR 10
Samedi 28 mars. Je crois que mon fils est con, j'ai abandonné la division.
On a une semaine de retard sur le travail envoyé par la maîtresse. J'ai vomi
le gâteau aux marrons.
JOUR 11
Dimanche 29 mars. La caisse à outil est nickel, j'ai rangé mes clefs plates
par ordre de grandeur, les marteaux par ordre croissant de poids. J'ai trié
tout ce qui pouvait se trier dans la maison : clous, vis, boutons, punaises
(par couleurs), slips.. Je commence à voir flou.
JOUR 14
Mercredi 1er avril. On continue sur le passé simple. La décence m'oblige à
me taire. ..
JOUR 15
Je rédige une lettre à l'attention du pape pour faire canoniser la maîtresse
de mon fils. J'ai envie d'écouter Céline Dion en passant l'aspirateur dans
le garage. Je crois que ça va pas le faire.
JOUR 16
Vendredi 3 avril. « Les enfants prenâmes le goûter sur la terrasse ».
Bon cette fois-ci c'est clair, Mathis n'aura pas non plus le prix Nobel de
littérature... J'ai envie d'épouser sa maîtresse... Je crois que je commence à délirer...
Léa regarde la télé H 24.
Mathilde a commencé une pièce montée à cinq étages. Je le sens pas trop.
J'ai déjà pris cinq kilos...
JOUR 17
Samedi 4 avril. Je crois que j'ai chopé un Gilles de la Tourette avec ce
putain de passé simple de merde !
La pièce montée s'est cassée la gueule.
J'ai des hallucinations, les dessins de ma fille me parlent !
JOUR 18
Dimanche 5 avril. Pour la première fois de ma vie, j'ai prié Dieu...
JOUR 19
J'ai bouffé la page du livre de conjugaison. Problème réglé...
JOUR 20
Passé la journée à chercher le chien, on l'a perdu !
JOUR 21
Merde, c'est vrai, on n'a pas de chien ! J'attaque ma cinquième bière de la
journée.
Léa ressemble à un lapin qui aurait attrapé la Myxomatose.
JOUR 30
36 mars. Je suis sûr d'avoir vu passer la maîtresse de Mathis dans la pâture
derrière chez nous : elle promenait son Bescherelle en laisse.
Je vais reprendre un Ricard …
JOUR 31
J'ai les dents qui grattent, je transpire des yeux. Je me rends compte que
mon slip est à l'envers. Comme je le porte au-dessus mon pyjama, j'ai l'air
encore plus con.
JOUR 32
An 3020 après ma belle-mère.
Plus de farine dans les magasins, Mathilde est prostrée sur une chaise
dans la cuisine, elle fait la conversation au four.
Mathis essaye de diviser le passé simple. Léa bave devant la télévision. Les
stocks de Ricard sont épuisés. Au secours !!!...
JOUR 40
37 avril 2028. Oh putain on a remonté le temps ! Il se passe des trucs
bizarres... Il y a une dame dans ma cuisine qui pleure en regardant le four,
je ne sais pas du tout qui c'est. Et cette petite assise dans le coin qui
regarde en ricanant, elle me file les jetons. De toute façon je ne sais plus
comment je m'appelle. Je ne sais même plus pourquoi j'écris. C'est la fin...
JOUR 50
Il s'est passé quelque chose. Il y a des gens partout, on entend « c'est
fini ! », « C'est fini ! », « Plus de confinement ! ». Je ne sais pas ce
qu'il se passe. Je sors pour voir. Je m'y reprends à trois fois avant de
savoir enfin passer la baie vitrée. Je respire à pleins poumons. Je tombe
dans les pommes. Direction les urgences.
JOUR 60
Vendredi 15 mai. Reprise du travail depuis une semaine. Mathilde, Mathis et
Léa vont bien. La vie a repris son cours normal, si ce n'est que j'ai du
cholestérol, du diabète, des troubles de la personnalité (mon double ne
parle qu'au passé simple et cherche à diviser tout ce qu'il peut, c'est un
peu pénible...) Mais bon nous en sommes sortis vivants !
Rendez-vous demain chez la psy, 15h30...
"Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger" Térence