http://www.anousparis.fr/city-guide/parcours/les-cafes-litteraires
Le plus souvent, lorsqu’on évoque la réputation littéraire de la capitale, c’est surtout en référence à la Rive gauche, ses quartiers Montparnasse et Saint-Germain-des-Prés si emblématiques. Dans des cafés comme le Procope, Les Deux Magots ou La Closerie des Lilas, une ribambelle d’auteurs se retrouvaient – et se retrouvent encore – pour discuter en bonne compagnie ou ébaucher d’un futur roman. Mais café littéraire n’est pas forcément synonyme de veste en velours côtelé et de mondanités, tout comme la Rive gauche est loin d’avoir le monopole des belles lettres.
Ainsi, le 18e – particulièrement le haut de la butte – a longtemps été reconnu pour ses bistrots
littéraires, aujourd’hui presque tous disparus. C’est cette tradition qu’ont voulu perpétuer les gérants du Petit Ney en s’installant entre les Maréchaux et le périphérique, dans un quartier classé “zone sensible urbaine”.
Ils nous racontent la genèse du projet : « À la base, nous sommes une association de riverains qui éditait un journal et organisait des événements pour valoriser notre micro-quartier un peu enclavé. Dans les années 90, la culture dans les quartiers périphériques était encore considérée comme secondaire et il nous paraissait important qu’existe un endroit qui favorise les échanges socioculturels entre des populations très variées.
» De fait, Le Petit Ney remplit parfaitement sa fonction de troquet de proximité où l’on peut boire un verre pour pas cher et assister à des événements culturels multiples. Le lieu accueille à intervalles réguliers ateliers d’écriture, scènes ouvertes, soirées-dialogues entre littérature et musique ou matinées-lectures pour les touts petits.
On retrouve cette même conception du café littéraire à la Librairie des Orgues. Depuis 1978, l’échoppe, devenue une véritable institution du nord du 19e, a connu moult péripéties. Après plusieurs déménagements, elle a pris la forme d’un grand espace hybride de 260 m2 abritant désormais un café-resto baptisé le 108.
Si ses activités se sont évidemment étendues – repas simple et sain le midi, happy hour à l’heure de l’apéro, brunch le dimanche -, l’endroit a gardé son empreinte originelle et l’on peut toujours y faire ses emplettes littéraires au rayon polar, roman classique, sciences humaines, bande dessinée ou jeunesse. Ici aussi, il se passe toujours quelque chose, de la projection de films à la rencontre littéraire en passant par un concert ou un atelier peinture.
Des lieux épicuriens
Changement d’ambiance dans le quartier de la place des Vosges où s’est installé Le Salon by Thé des écrivains il y a près de quatre ans. Quatre années durant lesquelles son fondateur Georges-Emmanuel Morali a affiné son concept de librairie-papeterie-salon de thé, fruit d’une longue réflexion sur l’évolution du marché du livre et d’un parcours de vie intense.
L’homme, affable, semble avoir eu mille existences et quasiment autant de projets en tête. « J’ai toujours travaillé dans le milieu de l’édition, raconte t-il. Il y a plusieurs années, lorsque que j’étais conseiller éditorial pour la collection 10/18, j’ai eu l’idée de proposer une boîte de thé pour l’achat de deux ou trois livres, ce qui a plutôt bien fonctionné. Pour moi, le thé et les livres sont intimement liés, il y a cette notion de rituel mais aussi de partage que j’ai ramené de mes voyages, notamment en Inde. » Dans ce concept store feutré et raffiné autour de l’écriture et la lecture, aucun cloisonnement entre les différents espaces.
On aime y faire une halte pour goûter des thés aux saveurs nomades ou une cuisine légère d’inspiration asiatique, y dénicher de la papeterie artisanale ou de beaux ouvrages classés de façon thématique (éloge de la lenteur, paradis artificiels, sciences infuses…), mais aussi y assister à des événements éclectiques (l’endroit a invité moult auteurs dont Lou Reed, James Ellroy ou Justine Levy). Comme au 108 Café, les différentes activités du lieu participent à la pérennité de la librairie. « C’est quand même très compliqué de tenir une librairie de nos jours, explique Georges-Emmanuel.
Le livre est peut-être l’objet avec les marges les plus basses du capitalisme. Alors pour tenir, il faut se diversifier. » Se diversifier, c’est ce qu’a fait La Belle Hortense, un bar littéraire niché en plein cœur du Marais, qui propose un réjouissant programme : déguster un verre de vin en feuilletant un bon livre. Une certaine idée de la France en somme ! L’enseigne a été créée en 1997 par Brigitte Le Guern, une ancienne RP des éditions Actes Sud, et Xavier Denamur, fameux restaurateur parisien.
Comme ses autres adresses (Au Petit fer à cheval ou L’Étoile manquante, toutes dans la même rue), La Belle Hortense s’est rapidement fait adopter par les habitants du quartier et les touristes bien renseignés. En soirée, le lieu – certes un peu étroit – ne désemplit pas. Les visiteurs investissent le comptoir ou la seconde salle plus cosy et peuvent piocher parmi les livres à la vente rangés dans une élégante bibliothèque murale bien fournie. On y trouve les dernières nouveautés comme les coups de cœur de la patronne, à la fois serveuse et libraire. Côté boisson, la carte des vins de propriété servis au verre ou à la bouteille est foisonnante et finement sélectionnée : chianti bio, chardonnay, pouilly-fuissé, et autres nectars à consommer avec modération, entre 7 et près de 500 € pour les grands crus classés. Un bar épicurien donc, idéal pour refaire le monde entre amis ou se faire dédicacer un livre par un écrivain de passage. Ici comme dans toutes les enseignes visitées, littérature rime visiblement avec plaisir.
Pour découvrir ces lieux et en savoir plus :
Le Salon by Thé des écrivains, 16, rue des Minimes, 3e. Mo Saint-Paul ou Chemin Vert. Ouvert du mardi au dimanche de 11 h 30 à 19 h 30. Tél. : 01 40 29 46 25.