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un papillon
Ajouté le : 03/10/2014 22:45
Sujet : Francis Huster

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

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INTERVIEW EXCLUSIVE : FRANCIS HUSTER, POUR "SACHA LE MAGNIFIQUE"


Artiste majuscule, Francis Huster trace sa route dans le paysage artistique, en construisant depuis maintenant une quarantaine d’années une œuvre pluridisciplinaire, au panthéon bien rempli que ce soit au cinéma, au théâtre ou à la télévision. Il interprète Sacha le magnifique à la Gaîté Montparnasse tout l’été jusqu’au 15 septembre où il se glisse dans la peau de Sacha Guitry et dans lequel on mesure, une fois encore, l’engagement et l’énergie que ce comédien a toujours mis à faire son métier avec plaisir, gourmandise, voire voracité mais avec toujours cette même passion de la scène. Rencontre.



© Rindoff
Vous avez été nommé directeur des Tréteaux de France, le seul centre dramatique national à vocation itinérante, en succédant à Marcel Maréchal. Flatté ?

Mon parcours au théâtre a été le cours Florent puis ensuite ce fut la voix royale avec le conservatoire,
les trois prix, la Comédie française où j’ai été pensionnaire puis sociétaire. J’ai joué à la comédie française les plus grands rôles en étant le 463e sociétaire. Mon surnom était “à la recherche du temps Pierre Dux” car il m’a engagé pour être le Gérard Philippe de la Comédie Française pour jouer de nombreux emplois de jeunes premiers romantiques, de tragédiens, de grands rôles ou de grandes pièces comme de nombreuses pièces de Molière, Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset, mise en scène par Jean-Laurent Cochet, Lorenzaccio d’Alfred de Musset, mise en scène par Franco Zeffirelli qui sort d’ailleurs bientôt en DVD à l’automne dans la collection de la Comédie Française.

Du coup, j’ai pris ensuite la décision de devenir le successeur de Jean-Louis Barrault au Rond Point. Ce furent des années d’or. J’ai été nommé directeur du théâtre du Rond Point mais je n’avais pas les moyens de faire une troupe donc j’ai laissé la place à Jean-Michel Ribes pour qu’il fasse un théâtre d’auteur.

Je suis alors allé dans le privé aux cotés de Robert Hossein pendant dix ans à Marigny où j’ai monté plein de pièces avec une troupe de comédiens comme Le Misanthrope, Suite royale, Jacques le Fataliste de Diderot, Le Cid et, au bout de ces années, j’ai fait des textes seuls comme La Peste avec 693 représentations, Mémoires d’un tricheur, Waterloo d’après Victor Hugo, qui sort aussi en DVD ou plus récemment Traversée de Paris. Mon souhait a toujours été d’avoir une troupe et, enfin, avec les Tréteaux de France, je vais pouvoir le faire.

De quelle façon voyez-vous cette mission ?

Je vais enfin pouvoir constituer une troupe et continuer la grande aventure Jouvet-Vilard-Barrault. Je vais faire à Paris deux spectacles puis les jouer en province au fin fond du plus petit village et dans le monde. Je veux réunir des icônes de légende du théâtre avec de jeunes débutants. Mon deuxième combat sera dans cette troupe que toutes les communautés de ce pays y soient intégrées. Je veux une sorte d’équipe de Bleus du théâtre.

Pendant toute votre carrière, vous vous serez décidément toujours battu pour le théâtre populaire…
Je veux désembourgeoiser le théâtre qui ne doit pas être réservé à une caste.


En dehors de François Florent, Pierre Dux et Jean-Louis Barrault, vos maîtres de théâtre, quels sont les artistes qui vous ont marqué ?

Jean-Paul Belmondo et Serge Gainsbourg sont les deux artistes, les deux génies qui m’ont le plus impressionné en tant qu’hommes. J’ai une histoire unique avec Serge, celle d’un acteur s’identifiant à son metteur en scène, comme Jean-Pierre Léaud et François Truffaut, Harrison Ford et Steven Spielberg. D’ailleurs, Sacha Guitry a les mêmes initiales que Serges Gainsbourg et je vais faire un parallèle dans mon spectacle entre Guitry et Gainsbourg.

Je voudrais crever sur scène. C'est l'endroit où la vie se joue. La vie est trop dégueulasse. Je ne veux pas rentrer dans son jeu.
Vous interprétez Sacha le magnifique à la Gaîté Montparnasse tout l’été jusqu’au 15 septembre où vous vous glissez dans la peau de Sacha Guitry. Pour quelle raison lui vouez-vous une telle passion ?
Parce qu’il le vaut bien avec une œuvre colossale, en ayant réalisé 41 films et 124 pièces de théâtre en 56 ans de vie artistique. Beaucoup de ses pièces furent de grands succès et sont restés comme des classiques du théâtre mais aussi à l’étranger. C’est un spectacle sur la vie de Sacha Guitry avec Lisa Masker qui tenait le rôle de Fanny dans la pièce de Pagnol. Alors que je me lance dans un plaidoyer sur Guitry, une fille m’interpelle dans la salle. Je l’invite à me rejoindre sur scène et nous entamons une causerie sur l’existence du maître afin de battre en brèche certaines contrevérités.

Rindoff
Vous avez joué Faisons un rêve et Mémoires d’un tricheur de Sacha Guitry. Quel regard portez-vous sur l’œuvre de cet auteur ?

C’est un auteur à la fois moderne, gracieux et très irrévérencieux. Sacha Guitry a incarné l’esprit français. Plus de cinquante ans après, son verbe sonne toujours sur de nombreuses scènes avec un théâtre qui est beaucoup plus complexe qu’il n’en a l’air. Sacha Guitry se tourna très jeune vers les planches. Il a inventé le théâtre moderne avec de vraies répliques portées par une révolte à la Molière, une insolence à la Beaumarchais, une audace à la Feydeau. Ses pièces décortiquent et attaquent le Paris bourgeois de son époque. Les acteurs sont rois chez lui et il leur offre des rôles sublimes. Du côté du cinéma, il refusa de se plier aux règles du 7e art, mais les a réinventées, en inaugurant la voix off, le flash-back, la prédominance de l’auteur. Il imagine des génériques inédits, tourne en extérieur bien avant la nouvelle vague, réussit des cadrages époustouflants et parvient à nous faire croire à l’impossible. Quant à sa direction d’acteurs, elle est magistrale. Beaucoup ont tourné avec lui. Mais Michel Simon est à mes yeux celui qui a le mieux compris son univers. Autant le théâtre de Guitry est profondément ancré dans les Années Folles, autant son cinéma est fondé sur l’universel, en étant même politique.

Depuis quarante ans, vous jouez pratiquement tous les soirs, naviguant de la comédie au répertoire, en passant par des créations. Vous abordez les rôles avec plaisir, enchaînez les projets avec voracité. À croire que vous n’êtes jamais rassasié. Le théâtre, c’est toute votre vie ?
Oui, viscéralement. Je ne vis que pour ça ! Il m’est arrivé de dégueuler sur scène, j’ai joué aussi avec une jambe cassée. Je peux aussi être dans un état second. Je voudrais crever sur scène. C’est l’endroit où la vie se joue. La vie est trop dégueulasse. Je ne veux pas rentrer dans son jeu.

Qu’est-ce qui vous pousse donc à vous méfier autant de la vie ?
Je ne lui pardonne pas de continuellement nous trahir alors que l’art ne nous trahit jamais. Dans l’art, il y a toujours une justice. Vous avez toujours l’impression que vous serez à votre vraie place un jour ou l’autre, alors que dans la vie, jamais.

Vous semblez depuis quelques années plus engagé dans vos rôles et mises en scènes… On se souvient de vous récitant seul des textes de Victor Hugo sur la bataille de Waterloo ou en reprenant tous les rôles de Traversée de Paris, une performance aussi physique qu’artistique…
Au théâtre, j’entre dans un registre nouveau pour moi. Je ne suis plus le jeune premier romantique. Je vais vers un autre répertoire, plus engagé, comme quand j’ai joué Traversée de Paris. Cela fait plusieurs fois que je m’attaque à de grands textes. Je ne veux plus seulement interpréter des rôles, je veux être plus engagé, intellectuellement et politiquement. C’est cela la troisième partie de ma vie.

Dans le spectacle, il y a beaucoup de souffrance, comme dans le sport [...]. Mais le métier d’acteur demande quelque chose de particulier : d’être aimé.
Vous avez une filmographie très éclectique tant au cinéma qu’à la télévision. Quel regard portez-vous sur celle-ci car j’ai l’impression que vous n’avez pas rencontré votre grand film ?
Dans ma vie, à l’image d’un arbre, le théâtre représente le tronc et les racines et les branches représentent la télévision et le cinéma symbolise les feuilles. Parfois, les feuilles tombent car le film est moins bien et ne rencontre pas le succès. Mais, je n’ai pas trouvé mon film c’est vrai comme Villeret a pu le trouver dans Le dîner de cons. Je n’ai pas trouvé mon Autant en emporte le vent ou mon Lawrence d’Arabie. Le cinéma, c’est un cadeau où on te dit dans la postérité tu resteras là-dedans. Le cinéma, c’est comme la boxe, tu peux être champion du monde ou K.O. debout.

Vous vous êtes mis à la réalisation sur le tard dès 1986 avec On a volé Charlie Spencer puis Un homme et son chien. Pour quelle raison ne l’avez-vous pas fait davantage ?
À cause du théâtre par manque de temps. Mon prochain film sera La Bête Humaine d’après Zola.

-Lettre-aux-femmes

Au matin du dernier jour de tournage d’Un homme et son chien, vous avez écrit ce petit mot à toute l’équipe : “Nous avons réussi, c’est une gifle pour tous ceux qui, faux-culs et traîtres, nous ont sous-estimés.” Vous êtes toujours en colère?
Oui, je ne pardonne pas. On a pris Jean-Paul pour un rigolo. On m’a reproché de ne pas choisir un tragédien et je n’ai cessé de répéter : “Est-ce que vous comprenez à quelle tragédie humaine il a dû faire face depuis des années? Est-ce que vous imaginez une seconde tout ce qui lui est tombé dessus ?”

Vous venez d’écrire Lettre aux femmes et à l’amour... Pourquoi avoir voulu écrire ce livre sur l’amour un peu “à la Sacha Guitry” ?
J’avais envie d’écrire un livre drôle, “à la Sacha Guitry”, un livre d’humeur et d’humour. C’est un petit clin d’œil sympa sur l’amour en général.

Vous êtes d’ordinaire plutôt discret sur votre vie privée. Pourquoi vous dévoiler de la sorte ? Car, c’est un hommage aux femmes de votre vie…
Je trouvais l’'idée de la lettre, cette façon de s’adresser directement aux lectrices, intéressante. Mais, je n’avais pas envie de m’épancher sur des choses personnelles, d’aller vers une vie privée qui était derrière moi. Je voulais avant tout faire un livre drôle ! Je crois que les femmes oublient vite à quel point elles ont pu être importantes dans la vie d’un homme.

Il finit sur une note optimiste. Vous croyez donc encore en l’amour…
Si je n’y croyais plus, je ne pourrais pas faire ce métier ! Dans le spectacle, il y a beaucoup de souffrance, comme dans le sport : les heures de répétition, le travail immense à chaque pièce ou à chaque film. Mais le métier d’acteur demande quelque chose de particulier : d’être aimé.

Un mot sur le foot car on connaît votre passion pour ce sport ?

La France a été l’équipe fantôme de cette Coupe du monde. Pour moi, cette équipe ressemble à celle de 1966, qui avait été éliminée au premier tour en Angleterre. Avec les Herbin, Muller et Budzynski. C’était une équipe intermédiaire. Prise en sandwich entre deux générations. Si la France s’est qualifiée pour la finale en 2006, c’est parce qu’il y avait Zidane. Mais, elle n’a pas été jusqu’au bout parce qu’il nous manquait Deschamps. En finale contre l’Italie, si Deschamps avait été là on aurait gagné car le vrai patron c’était lui. La responsabilité n’est pas qu’à Domenech. Le problème, c’est le patron et Evra manque encore de maturité.

D’où vous vient cette passion pour le football?
Je la dois à Albert Camus. Lorsque j’ai découvert qu’il était gardien de son équipe en Algérie, cela m’a interpellé. J’ai commencé à m’y intéresser de près. J’ai joué pendant vingt ans au Racing-Club de l’Alma à Paris. Un club créé par Pierre Huth. J’ai longtemps occupé le poste d’avant-centre. Et puis, j’ai été aussi le président des supporters de l’équipe de France en 1998.



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