Avant d’être l’auteur-compositeur-interprète que l’on connaît, Alain Souchon était un enfant à qui ses parents chantaient des chansons. Des "chansons qui racontaient des histoires", et où "l’air était très important". Des chansons parentes des siennes, a-t-on envie de dire.
Le jour et la nuit
Alain Souchon
2000
Ecouter
"Comme dans toute chanson, la musique y est essentielle. Je pense qu’elles m’ont beaucoup influencé quand j’ai commencé à écrire. Enfant, c’étaient les seules que je connaissais. Chez moi on écoutait de la musique classique, et dans les années 1950, il n’y avait pas de musique partout comme aujourd’hui. Je les aimais beaucoup. Lorsque l’on a cinq ou six ans, tout ce qu’on vous dit reste dans votre tête. C’est comme Les Fables de La Fontaine ! Ca reste toute la vie, et ça meuble l’esprit parce que c’est du beau français "
Si les interpréter dans l’unique but de les reprendre lui aurait paru sans intérêt, l’envie d’aider les enfants malades en reversant les royalties issus de la vente du disque à la Ligue contre le cancer donne sens au projet. "Les chercheurs, les laboratoires, et toute l’action sociale déployée pour aider les familles à rester près des enfants malades coûte une fortune, alors il faut essayer de les aider."
Pour donner un petit "plus" artistique à l’album, Alain Souchon a fait appel à Sempé, qu’il admire beaucoup : "J’ai demandé au grand Sempé ! Il a tout de suite dit oui, a fait des dessins originaux et illustré Le Jour et la Nuit avec un requin qui vole, moi à cheval sur le poisson. C’est pas mal d’être à cheval sur un poisson, dessiné par Sempé… Vous imaginez la réussite de ma vie !"
L’enfance de l’art
La Biographie
La Discographie
A cause d’elles rassemble quelques uns des poèmes et chansons, traditionnels ou méconnus, qui ont bercé les jeunes années du chanteur. Chants scouts (Les Crapauds, L’Ecu), textes du Moyen-âge, des années 1930 ou de l’après-guerre y côtoient Chuck Berry (Memphis Tennessee) et ritournelles de Guy Béart (Les Enfants sages) ou Félix Leclerc (La Mort de l’ours), dans des versions adaptées ou réorchestrées. "Comme j’avais peur que tout le monde se moque de moi si je chantais les vieilles chansons que me chantait ma mère, je suis allé voir Renaud Létang, avec qui je travaille d’habitude. Il m’a encouragé, et on l’a fait ensemble. Il a apporté une petite note contemporaine que j’aime beaucoup."
On y retrouve également J’ai dix ans, réenregistrée pour l’occasion : "Elle fait partie de ma vie, elle a changé ma vie, c’était mon premier grand succès. On me la demande toujours, et quand je la chante, ça met la salle en ébullition, tout l’monde dit 'T’ar ta gueule à la récré', j’adore ça ! "
Pour Le Jour et la Nuit, le seul morceau inédit de l’album, Alain a fait appel à Pierre Souchon, son fils aîné : "Il a le don de faire des airs qui restent dans la tête, alors je lui demande régulièrement de venir à mon aide. Travailler avec lui est un plaisir, on s’entend bien et c’est très agréable". Une ambiance familiale donc, pour ce titre rehaussé des chœurs des Petits Chanteurs d’Asnières.
L’école le jour, le rêve la nuit
A travers ce disque, qu’il considère lui-même comme "une parenthèse", Alain Souchon laisse filtrer son sentiment sur l’importance de l’instruction. Car si aller à l’école n’est pas toujours très drôle, cela n’empêche pourtant pas le temps du rêve.
A écouter sur RFI : Culture Vive
Alain Souchon
A écouter sur RFI : La Bande Passante
Spéciale Souchon
"La vie le jour, que ce soit à l’école ou plus tard, c’est se lever à un moment où on n’a pas envie, faire des choses qu’on n’a pas forcément envie de faire, c’est comme ça. L’école nous apprend à nous contrarier un peu. Par contre la nuit on fait ce qu’on veut. Je trouve l’école indispensable et magnifique. Remplir la tête des enfants d’un tas de choses qu’ont pensées les gens avant eux, c’est capital."
Sur le sujet, Alain Souchon a d’ailleurs mis en musique Je plains le temps de ma jeunesse, la vingt-sixième strophe du Grand Testament de François Villon, écrit en 1461. "C’était un voyou François Villon, il regrette de ne pas avoir été à l’école, comme moi je regrette de ne pas y être beaucoup allé."
Dans leur ensemble, les chansons sont plutôt mélancoliques, car Alain Souchon a choisi celles qui le bouleversaient. Des contes écrits dans une langue délicate, pleine de métaphores et de poésie. On y retrouve celle de Prévert (En sortant de l’école), de Max Jacob (La chanson de Marianne), et des fresques de vie comme des évocations des croyances humaines. "Ce ne sont pas forcément des chansons pour enfants. C’est un p’tit coup de fin de banquet où l’on chante des chansons de sa jeunesse." Et il n’y a vraiment pas de quoi s’en priver.
Alain Souchon A cause d’elles (EMI) 2011