Comme je suis en congé actuellement? j'ai fait quelques recherches sur le texte "London Fantasy"? et je vous propose de lever le voile sur Gérard de Nerval cité par Nolwenn à la fin cette chanson.
Alors, Nolwenn?entre vie de bohème, chimères et ésotérisme ?
Décidement, Nolwenn fonctionne par clé? peut être une idée de recherche pour comprendre l'artiste.
Rêveries d?enfance et de jeunesse
Né à Paris, Gérard Labrunie (Nerval est un pseudonyme emprunté à un clos familial) avait deux ans lorsque sa mère mourut, en Silésie. Elle accompagnait son mari, médecin de la Grande Armée. Gérard voua un culte à sa mémoire, et le traumatisme causé par cette absence est à l?origine de son tourment.
Il vécut ses premières années dans le Valois, chez son grand-oncle maternel, Antoine Boucher, qui possédait une petite maison à Mortefontaine. Au retour de son père, en 1814, il le suivit à Paris. Il prépara son baccalauréat au collège Charlemagne. L?été, cependant, il retrouvait les forêts de son enfance. Mortefontaine, mais aussi Chantilly, Senlis, Chaalis, Ermenonville l?ont imprégné de souvenirs. Lorsque la maison d?Antoine Boucher fut vendue, en 1825, cet événement familial marqua pour lui la fin d?un premier cycle affectif.
Non moins important pour sa vie intérieure apparaît, dans sa dix-neuvième année, un autre séjour provincial, chez des parents du côté paternel, à Saint-Germain-en-Laye. Gérard s?y éprit d?une cousine, Sophie de Lamaury, qui devait rapidement se marier. De cette aventure, longtemps ignorée, datent sans doute ses premières ferveurs sentimentales.
Ainsi, les rêveries de Nerval sont nées, au moins pour une part, du regret d?une mère qu?il n?a pas connue, d?une jeune fille qu?il n?a pas conquise. Elles flottent autour du Valois et de Saint-Germain, qui sont les deux hauts lieux de la géographie nervalienne.
Bohème littéraire et bohème galante
C?est à Saint-Germain, semble-t-il, qu?il parachève une de ses premières entreprises littéraires, la traduction du premier Faust de Goethe. Mais c?est à Paris que s?oriente, décidément, sa vocation d?écrivain. Avec Théophile Gautier, son condisciple de Charlemagne, il fréquente le « cénacle » de Victor Hugo, participe à la bataille d?Hernani, se mêle à la bohème artiste des Jeune-France. Il se plaît dans la compagnie de cette jeunesse turbulente. Cependant, il cultive en lui-même un domaine secret. Dans quelques poèmes se devine, déjà, une délicate nostalgie : Fantaisie (1832) a pour cadre le château de Saint-Germain ; à l?appel d?un air magique apparaît une dame en habits anciens qu?il reconnaît pour l?avoir rencontrée, peut-être, dans une existence antérieure ; ainsi commence l?élaboration mythique du thème sentimental qui dominera ses ?uvres essentielles.
En 1834, à la faveur d?un modeste héritage, il s?installe, avec Arsène Houssaye et Camille Rogier, tout près du Louvre, impasse du Doyenné, dans un petit hôtel qu?il meuble avec un goût raffiné. Pour lui et pour le groupe de ses amis, c?est une époque de vie frivole et insouciante : « Quels temps heureux ! on donnait des bals, des soupers, des fêtes costumées ; on jouait de vieilles comédies [...]. Nous étions heureux, toujours gais, quelquefois riches » (Petits Châteaux de bohème).
Riche, Gérard de Nerval ne le demeura pas longtemps, car il eut tôt fait de dissiper son héritage. Heureux, non plus : une aventure douloureuse allait, de nouveau, le blesser. Dans sa bohème galante du Doyenné, il est devenu amoureux de Jenny Colon, cantatrice légère et comédienne. Il lui voua d?abord une admiration silencieuse, puis la poursuivit, finit par se déclarer à elle et, semble-t-il, toucha un moment son c?ur ; mais elle préféra bientôt à la romanesque idylle un mariage de raison et épousa, en 1838, un flûtiste de l?Opéra-Comique.
La poursuite des chimères
Le mariage de Jenny Colon ne paraît pas avoir entraîné de bouleversement dans l?existence de Nerval : il demeure un bohème des lettres, tantôt dissipé, tantôt pressé par la nécessité d?assurer sa vie quotidienne ; il y parvient, plutôt mal, en écrivant pour des journaux, pour des libraires, pour des directeurs de théâtre. Un long travail intérieur, cependant, commence à s?accomplir en lui. Éloignée de son horizon terrestre, Jenny reste dans son souvenir, avec Sophie, comme une incarnation fragile de l?Éternel Féminin dont il poursuit la quête. Cependant, il se passionne pour les sciences occultes, s?initie au pythagorisme, à l?alchimie, médite sur le pouvoir des nombres ou sur les harmonies des couleurs, entretient en lui une fièvre de connaissance parfois délirante.
Après la mort de la comédienne, survenue en 1842, un voyage en Orient (1843) nourrit sa recherche exaltée. Aux nostalgies sentimentales et aux curiosités intellectuelles se mêlent des aspirations religieuses. En passant au large des côtes grecques, il évoque l?aventure de Francesco Colonna, devenu moine à la suite d?un désespoir d?amour, et qui, la nuit, « rejoignait en esprit la douce Polia aux saintes demeures de Cythérée ». Au pied des Pyramides, il pense aux joies de l?initié, admis après mainte épreuve à contempler la Déesse universelle, à la fois mère et amante, d?abord sous les traits évanescents de la femme aimée, puis sous l?aspect d?une Vierge éternelle. Au Liban, il s?intéresse à la religion des Druses et s?enflamme pour la fille d?un cheik. Dans toutes les mythologies, il découvre des symboles semblables : la Vénus païenne, l?Isis égyptienne, la Vierge chrétienne se confondent dans son imagination, comme se confondent dans son souvenir les créatures humaines qu?il a aimées.
Désormais, Nerval se voue délibérément aux recherches ésotériques. Il compose des monographies sur les « illuminés », ses frères, qui ont cherché, comme lui, en marge des dogmes, une Vérité et une Beauté idéales. Il collabore à des revues occultistes, Le Diable rouge, l?Almanach fantastique, Le Diable vert. Son exaltation spirituelle se nourrit d?innombrables lectures.
En 1851, l?édition définitive de la relation du Voyage en Orient s?enrichit de deux longs récits qui portent la marque de son obsession fondamentale. Dans l?Histoire du calife Hakem, le héros et son double Yousouf sont tous deux fascinés par une image de l?Éternel Féminin. Dans l?Histoire de la reine du matin, Adoniram, l?architecte de Salomon, qui, comme lui, « rêve toujours l?Impossible », et Balkis, reine de Saba, se reconnaissent destinés l?un à l?autre de toute éternité.
Ces fables érudites et passionnées témoignent du climat ordinaire où se meut la pensée de Nerval. Mais d?alarmants désordres viennent par moments la secouer. Interné une première fois, dès 1841, pour troubles mentaux, l?écrivain traverse encore des crises graves : en 1851, puis, à intervalles plus rapprochés, pendant les deux dernières années de sa vie. Au mois d?octobre 1854, il quitta la clinique du Dr Émile Blanche, à Passy, pour mener une existence cahotée. On le retrouva pendu, à l?aube du 26 janvier 1855, dans une ruelle parisienne. Un suicide est probable.
Si j'ai un peu de temps? je poursuivrai mes recherches.
L’impossible, nous ne l’atteignons pas, mais il nous sert de lanterne...