« C’est l’histoire d’un mec… d’un enfoiré qui a eu un jour, en France, une idée géniale pour faire bouffer à leur faim des tas d’autres mecs et de meufs . »
Ceux qui ont l’habitude de lire mes commentaires sur le forum ne reconnaîtront pas ici ma prose et pourront même, à juste titre, être choqués de ma manière d’introduire un sujet aussi sensible, aussi délicat… Je rassure tout le monde ; je ne cherche nullement à choquer ni à créer la polémique. J’ai bien trop de respect pour Coluche, pour son œuvre des Restos du Cœur et pour toutes les personnes démunies bénéficiant de ces aides. Je présente juste les choses, telles que, lui, les auraient sans doute envisagées.
Tout le monde lui connaissait son gouaille argotique, son franc-parler « grossier sans jamais être vulgaire », pour reprendre sa propre expression, et son talent indéniable de comédien, jonglant à merveille entre les registres comique et tragique (Tchao Pantin, pour lequel il obtiendra le César du Meilleur Acteur en 1984).
Né Michel Colucci le 28 octobre 1944 dans le XIVème Arrondissement de Paris, Coluche pointe très tôt les dérives de la société française et insuffle, à travers ses spectacles humoristiques, un air nouveau dans l’Hexagone. Sous son style clownesque, ses cheveux en pétard et son visage rond de gros nounours, il expose sa vision de la politique et des valeurs morales qui régissent alors le pays, dans les années 70-80.
Provocateur dans l’âme, il se présente aux élections présidentielles de 1981 avant de se rétracter. En septembre 1985, il crée l’évènement médiatique en se « mariant » à Paris avec son ami Thierry Le Luron, pour soutenir la cause gay. En réalité, cette union factice fait référence au mariage mixte, non moins médiatisé, d’Yves Mourousi, présentateur sur TF1, pourtant souvent pointé du doigt pour son homosexualité. Comble du destin, Le Luron décèdera du Sida un an plus tard. Mais dans cette France puritaine, on préfère parler de « cancer des cordes vocales », cause officielle de sa mort.
L’année 1986 est marquée par la disparition tragique de Coluche lui-même. Le 19 juin, alors qu’il roule à moto (sa grande passion) dans les Alpes-Maritimes, il trouve la mort à Opio, dans des circonstances étranges, apparemment gêné par la manœuvre d’un poids lourd. Certains y verront même un complot destiné à éliminer l’agitateur préféré des Français.
Quelques mois seulement avant cet accident fatal, excédé par le manque de réaction des politiques face à la misère sociale, il lance le 26 septembre 1985 un appel sur Europe 1, « une petite idée comme ça (…) un resto qui aurait pour ambition, au départ, de distribuer deux ou trois mille couverts par jour ». Les Restos du Cœur étaient nés. Des fonds européens se libèrent ; Jean-Jacques Goldman compose sa célèbre chanson, devenue l’hymne des Enfoirés.
Et très vite, au cours de l’hiver, des actions bénévoles se mettent en place. Quelques 5000 personnes se mobilisent pour offrir 8,5 millions de repas aux plus précarisés. Le 20 octobre 1988, le Parlement français vote à l’unanimité la loi dite « Coluche », permettant une déduction fiscale pour des dons envers des associations philanthropiques.
Le projet des Restos du Coeur, d’abord pensé pour la France métropolitaine, fait des émules dans de nombreuses régions de l’Hexagone, où des antennes sont créées. Il s’étend également au-delà des frontières et notamment en Belgique où une fédération des Restos, devenue par la suite nationale, voit le jour dès 1991. On le sait peu, mais Coluche, en personne, avait fait le déplacement à Liège en février’86 pour officialiser le lancement de la toute première antenne sur le territoire.
Un peu partout, des structures annexes se mettent par ailleurs en place : Relais du Cœur, centres d’hébergement, lieux d’accueil, de lutte contre l’illettrisme et même un Resto Bébé, destiné à venir en aide aux tous jeunes enfants et leur famille en situation de grande difficulté, par l’apport de denrées alimentaires, de matériel de puériculture et de médicaments.
30 ans plus tard, artistes et anonymes poursuivent le combat entamé par Coluche, toujours malheureusement bien d’actualité… En 2014-2015, plus de 130 millions de repas ont pu ainsi être distribués, soit plus d’un milliard au total depuis la création des Restos. Rien qu’en France, on estime jusqu’à 8,5 millions le nombre de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté. Ces chiffres donnent le vertige, dans un monde toujours plus exposé au chômage et aux inégalités sociales…
Sur un plan plus personnel, si j’ai choisi aujourd’hui d’honorer la mémoire de Coluche, cet Homme au grand cœur, c’est aussi pour me rappeler ma propre Maman, trop tôt disparue et investie, comme des milliers d’autres bénévoles, dans cette belle mais difficile aventure des Restaurants du Cœur. Ce 14 février, jour de la Saint-Valentin, cela fait tout juste 20 ans qu’elle nous a quittés…
Les dons et les legs représentent la source principale de financement de l’association, à côté des actions des Enfoirés (concerts, ventes d’album…) et des subventions, privées et publiques. Chaque geste, si petit soit-il, a son importance. Chaque engagement personnel contribue à aider des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, des familles afin de leur redonner la dignité qu’ils ont perdue.
Alors : « On compte sur vous ! »
Merci et bon week-end, 
http://www.nolwenn-online.com/forumnol/upload/1455201132.pdf[img]
Tu restes dans nos coeurs
Non connecté
