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Ajouté le : 03/12/2022 14:47
Sujet : A votre réflexion si cela vous intéresse il s'agit de l'avenir de tous

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

Enregistré le 27/11/2005
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lettre de Jean Christophe BUISSON
Chers abonnés,

Le présidentiel «quoi qu'il en coûte» a du plomb dans l'aile. Certains s'étaient offusqués de la formule à la minute même où elle était employée : on les traita avec un souverain mépris. Mais avec la mise en garde récente du FMI, inquiet de voir la dette française s'accroître dangereusement, on a un peu changé de ton à l'Elysée, à Matignon et à Bercy. Depuis Turgot, rappelle Charles Jaigu dans son enquête, se sont succédé des voix réclamant des «plans d'économies (...) indispensables» au risque de voir éclater des frondes, des révoltes voire des révolutions. Depuis Turgot, les chefs d'État n'en ont eu cure, et ont éclaté des révolutions (dans le pire des cas) et des changements de majorité. Or, comme Nicolas Sarkozy, qui semblait pourtant en avoir compris la nécessité, Emmanuel Macron ne manifeste pas plus d'inquiétude que cela. La preuve : il n'a pas, comme promis, supprimé les 120.000 postes de fonctionnaires. Pire : 33.700 agents supplémentaires ont jailli de terre, plombant un peu plus nos finances publiques. Une incongruité parmi d'autres, qui ont parfois l'allure de scandales, relevées par l'association Contribuables associés dans son édifiant Livre noir des gaspillages. Exemples ? Un TER de 25 kilomètres en Aquitaine pour plus de 100 millions d'euros et le chantier du CHU de Nantes passé de 250 millions à plus d'un milliard d'euros !

L'endettement public est un cancer qui ronge notre pays... et les finances des Français, taxes et impôts plus inventifs les uns que les autres servant (un peu) à écoper. Il est pourtant possible de le soigner sans passer pour une chimiothérapie de choc. Comment ? En arrêtant d'injecter des centaines de millions d'euros dans «le spectacle vivant» alors que les collectivités locales peuvent le faire... et le font. Contrôler les investissements dans la transition écologique qui, en promouvant par exemple la voiture électrique avec primes à l'achat, ne font que substituer une pollution à une autre (par exemple par l'extraction du lithium, indispensable au fonctionnement des batteries électriques automobiles). En mettant fin à certains projets architecturaux mégalos (stades, centres aquatiques, médiathèques...) qui n'engrangent que des minirecettes. En luttant contre l'absentéisme, une «activité» particulièrement prisée au sein de l'Éducation nationale. Enfin (surtout ?), en cessant de faire appel à des cabinets de consultants dont les tarifs frisent voire dépassent l'indécence et laissent souvent libre cours à des avis d'autant plus coûteux qu'ils seront réglés indirectement par le contribuable. Qui n'aura bientôt plus que l'impôt sur les os...

Payer des impôts est bien le cadet des soucis des femmes que la photographe Ana Maria Arévalo Gosen a rencontrées en Amérique latine ces dernières années. Emprisonnées parfois depuis des années, elles purgent des peines de prison pour des délits qui vont de l'extorsion au meurtre en passant par le proxénétisme. Rien de plus normal, direz-vous ? Oui, sauf leurs conditions de détention. Des cellules minuscules qu'elles partagent à trois, quatre ou cinq sous plus de 30°C parfois, des bassines d’eau parcimonieusement distribuées pour leur toilette, des visites extérieures rarissimes. Toutes subissent une double peine : celle en cours et celle d'avoir appartenu à un gang comme il en pullule en Amérique centrale. Rarement par plaisir, souvent par obligation - pour échapper à une condition sociale misérable. Problème : pour en être, les conditions sont terribles. Il faut avoir accepté d'être violemment battue, de subir un viol collectif ou avoir tué quelqu'un. La photographe a pu pénétrer dans plusieurs prisons, recueillir leurs témoignages et immortaliser ces lieux où seule l'espérance semble avoir réussi à s'évader. Finalement, on veut bien payer des impôts.



Une cellule surpeuplée de la prison d'Ilopango, au Salvador. Ces femmes n'ont droit qu'à une heure de sortie par jour dans la cour.
Ana María Arévalo Gosen.

Ceux que ces jeunes gens venus de toute l'Eure serviront demain, une fois leurs études terminées, payent sûrement beaucoup d'impôts. Ils sont en effet riches puisqu'ils ont les moyens de s'offrir les services d'un majordome. Nadjet Cherigui et le photographe Niklas Hammarström ont voulu comprendre en quoi consistait la formation de ces butlers dont l'activité repose sur quatre piliers : l'exigence, les règles, le savoir-vivre et le savoir-faire. Dans un monastère restauré situé aux Pays-Bas, près de Maastricht, ils sont plusieurs dizaines, venant du monde entier, à avoir déboursé 15.000 euros pour apprendre, en huit semaines intenses et intensives, à dresser une table, faire briller l'argenterie, épousseter les tableaux, servir le thé, récurer les toilettes, conduire une Bentley, porter élégamment le costume trois-pièces, regarder discrètement sa montre à gousset, repasser le linge et... garder le sourire en se tenant droit en toutes circonstances.



Le directeur de The International Butler Academy (Simpelveld, Pays-Bas) se cache sur cette photographie, saurez-vous le retrouver ? Niclas Hammarström

ET AUSSI

L'image. Tout nus et presque tous bronzés. Sur une plage australienne, 2500 volontaires de tous âges, toutes tailles et tous poids ont posé dans leur plus simple appareil devant celui de Lisa Maree Williams capturant cette «installation» mise en scène par Spencer Tunick pour sensibiliser l'opinion sur les risques de cancer de la peau. C'est que le soleil tape sévèrement, du côté de Sydney...



Toute ressemblance entre les figurants de la nouvelle installation de Spencer Tunick avec des propriétaires parisiens voyant inexorablement monter les impôts locaux serait purement fortuite. Lisa Maree Williams / AFP

L'édito. On l'a souligné plus haut, le mammouth de l'Éducation nationale pèse trop lourd. Ce n'est pas son seul défaut. Il lui arrive plus souvent qu'à son tour de confondre enseignement et embrigadement. Dernier exemple en date, relevé par Guillaume Roquette : la décision de professeurs d'un lycée du Valenciennois d'emmener leurs élèves dans un camp de migrants avec «ateliers de bénévolat». À mettre en parallèle avec l'autorisation faite aux membres de l'association promigrants SOS Méditerranée de venir dans des classes expliquer le sens de leur action (souvent illégale, faut-il le rappeler...). Autant d'initiatives qui sont le contraire du vœu du père de l'école publique, Jules Ferry, hostile à toute tentative de la part des hussards noirs de la République de «toucher à cette chose délicate et sacrée qui est la conscience de l'enfant». Reviens, Jules, ils sont devenus fous ! Au point de donner furieusement envie aux Français d'envoyer leurs enfants dans des écoles privées... quoi qu'il en coûte.

Le portrait. Elle a connu Zadkine, Foujita, Cocteau, Mac Orlan, Dorgelès, «le prince des poètes» Paul Fort, Max Jacob, Chagall et des dizaines d'autres artistes, injustement oubliés du grand livre de l'histoire de l'art. Née en 1920, elle n'était alors qu'une enfant, mais s'en souvient d'autant mieux qu'ils ont chacun laissé une trace de leur visite à son père, dessinateur immergé dans les années folles de Montparnasse. Qui un tableau, qui un croquis, qui un pinceau, qui une sculpture... Ancienne critique d'art redoutée au «Figaro», Jeanine Warnod, a reçu chez elle Pierre de Boishue avec qui elle a accepté d'enclencher la manivelle de la machine à remonter le temps. C'est bien simple : elle possède une anecdote sur chacun ! De quoi donner largement envie de prolonger ce voyage spatio-temporel en se plongeant dans le beau livre publié du galeriste Mathyeu Le Bal dont elle a signé la préface : Montparnasse. Quand Paris éclairait le monde (Albin Michel).

La nouvelle. Hier 2 décembre, des Français, des Prussiens, des Autrichiens, des Russes, mais aussi des Américains, des Espagnols et des Japonais se retrouvaient sur une plaine morave pour reconstituer la bataille d'Austerlitz. Ils sont ainsi, les fous de l'Empereur : ils aiment à se retrouver (pour se déguiser, refaire l'Histoire, commenter le Mémorial de Sainte-Hélène, pleurer sur la décadence de la France depuis 1815...). L'immense biographe de Bonaparte Patrice Gueniffey a imaginé justement dans une nouvelle certains d'entre eux se réunissant chaque 2 décembre à une condition : ne pas parler de Napoléon pour ne pas briser le moment d'amitié partagé autour de bons verres dans une maison de Sologne. Bon, évidemment, comme dans le dessin de Caran d'Ache sur l'affaire Dreyfus, ils en ont parlé. Et comme dans le dessin de Caran d'Ache, cela a dégénéré... De quoi pousser le narrateur à s'exclamer «je hais Napoléon». C'est vous dire.

L'escapade. Au lieu de donner des leçons d'aménagement urbain au frère du maire de Kiev médusé par son degré de déconnexion (elle lui explique combien il serait opportun qu'il y ait, comme à Paris, moins de voitures et plus de vélos dans les rues quand les missiles russes auront cessé de tomber sur la capitale ukrainienne...), Anne Hidalgo ferait mieux de regarder outre-Manche. À Londres, après moins de dix ans de chantier, une zone de 16 hectares située sur les bords de la Tamise a été réaménagée, restaurée, réhabilitée pour donner naissance à un quartier tout beau, tout neuf. En son centre, la vieille usine à charbon flanquée de quatre cheminées qui, transformée dans les années 30, fournissait jadis en énergie électrique un tiers de la ville. De l'art de transformer une verrue en grain de beauté... Accompagné du photographe Michel Figuet, Philippe Viguié-Desplaces a arpenté l'endroit au moment de son ouverture, juste avant que 250.000 Londoniens déferlent dans les halls, les ascenseurs, les escaliers, les commerces et les restaurants de Battersea. Qui a le bon goût de se situer tout près de St Pancras (pratique quand vous sortez de l'Eurostar...). À voir absolument, avant de découvrir toutes les nouvelles adresses (hôtels , restaurants, bars, magasins...) recensées avec la méticulosité d'un Hercule Poirot sans moustache par Marine Sanclemente.



Un nouveau spot éclaire la capitale britannique : le quartier de Battersea, au bord de la Tamise.
Michel Figuet / Le Figaro Magazine

Le cocorico. Il y a un an et demi, Margaux Benn publiait avec la photographe Véronique de Viguerie un reportage exceptionnel qui faisait la Une du Figaro Magazine : l'entrée des Talibans dans Kaboul d'où venaient de fuir piteusement les Américains. Quelques mois plus tard, pour le magazine puis pour Le Figaro dont elle avait rejoint entretemps le service étranger, la jeune journaliste passée par l'AFP, France 24 et la BBC gagnait l'enfer ukrainien pour couvrir «l'opération spéciale» (en français : la guerre) menée par Moscou. Des récits qui lui ont valu de recevoir cette semaine le 84e Prix Albert-Londres. Une juste récompense pour son travail extraordinaire. Et une petite fierté pour nous, il faut bien le dire...

L'anniversaire. Il y a 136 ans, le 3 décembre 1887, Sadi Carnot était élu par le Parlement président de la république, ce qui ne lui porta pas bonheur puisqu'il fut assassiné sept ans plus tard. Fort heureusement, la perspective de périr ainsi n'est pas ce qui caractérise principalement cette fonction (sinon, ils seraient moins nombreux à en rêver). D'aucuns ont exprimé dans le passé leur avis sur le sujet. Avec un enthousiasme modéré...

Armand Fallières : «Président de la république, la place est bonne ; malheureusement il n'y a pas d'avancement».

Françoise Giroud : «Un président n'a pas d'amis».

Michel Audiard : «Une habitude bien française consiste à confier un mandat aux gens et de leur contester le droit d'en user».

Louis Pauwels : «Au sommet de la puissance, on ne voit plus rien du tout».

Pierre Desproges : «Un président de la République est gardien de la Constitution et pendant qu'il fait ça, il n'est pas au bistrot».
lol
Georges Clemenceau : «La vie m'a appris qu'il y a deux choses dont on peut très bien se passer : la prostate et la présidence de la République». lol lol mdr

À vous tous qui ne serez jamais présidents, je vous souhaite un excellent week-end.




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