Bonjour à tous,
Difficile, en ce qui me concerne, de cacher ma véritable déception à l’annonce de la démission de Nicolas Hulot du gouvernement Macron. Pour la France, mais aussi pour le Monde, ce départ contraint et forcé signifie une belle opportunité manquée d’agir durablement pour notre avenir, celui de nos enfants et des générations futures.
En homme intègre et responsable, l’aventurier devenu ministre, a pris selon sa propre expression « la décision la plus difficile de sa vie » en quittant l’Elysée. Une décision toutefois mûrie de longue date, construite sur des constats d’échec et des petites avancées, bien trop précaires à ses yeux.
Ses détracteurs diront qu’il n’était pas à la hauteur, qu’il n’avait pas les épaules pour accéder à ce niveau de pouvoir. Il ne l’a jamais nié lui-même. Sur la page web de sa Fondation pour la Nature et l’Homme, il avait d’ailleurs écrit, avant de rejoindre l’équipe présidentielle, que l’accession à la fonction de ministre n’était pas pour lui une fin en soi. Combien de fois n’a-t-il pas d’ailleurs hésité à franchir le pas, conscient des dangers et des dérives de la politique ?
Cependant, il a eu le cran de le faire et l’honnêteté morale d’y mettre un terme, au lendemain d’une réunion houleuse sur la réforme de la chasse à laquelle participait Thierry Coste, un lobbyiste très influent dans les sphères du pouvoir.
Il ne voulait plus se mentir et donner l’illusion que sa présence au gouvernement signifiait qu’on était à la hauteur des enjeux environnementaux. Ce sont ses propres mots, lors du grand entretien sur France Inter. Au micro de Nicolas Demorand et de Léa Salamé, terrassés en direct par la nouvelle de son départ, c’est un Nicolas Hulot fatigué, profondément déçu, bourré de tics nerveux et mal à l’aise qui s’exprime, malgré tout avec la belle éloquence qu’on lui connait.
Cette interview, qui résonne comme un aveu public d’échec, est aussi un appel à la mobilisation citoyenne, à l’action durable et universelle pour la Terre. C’est par ailleurs une conscientisation de l’ultralibéralisme et de son économie capitaliste, destructrice, à l’origine de tous les maux. C’est enfin une leçon donnée aux dirigeants, à ceux-là mêmes qui ne l’ont pas ou pas assez soutenu lors de son mandat, à ceux qui, selon lui, « n’avaient pas la même grille de lecture » des défis à relever. Il faudra désormais assumer les conséquences de sa décision irrévocable. Et faire fi de sa grande clairvoyance et de son expérience de terrain.
Personnellement, je vous avoue mon dégoût et ma réelle crainte, en tant que père de deux enfants. Je pense à eux, mais aussi à tous les enfants du Monde, à l’avenir qu’on leur réserve et aux difficultés qu’ils vont devoir affronter au quotidien. Et la liste est longue, malheureusement : changements climatiques, catastrophes naturelles, perte de biodiversité, destruction des océans, épuisement des ressources naturelles, énergies fossiles et nucléaire, hydrocarbures, pesticides, OGM, emploi, logement…
En oeuvrant moi-même à la conservation de la Nature, je peux témoigner, à échelle régionale, de modifications importantes et irréversibles sur les espèces et leurs habitats. Chaque jour, j’assiste à la disparition progressive de milieux naturels, menacés par la pression humaine. Les rivières sont pour cela un bon indicateur de qualité et les résultats d’inventaires ne sont guère engageants... Sans compter les nombreux bâtons dans les roues des pouvoirs locaux, responsables de la démotivation et du départ régulier de collègues de travail.
Loin de vouloir faire ici du militantisme écologique, je tiens simplement à réaffirmer mon soutien à Nicolas Hulot, comme le fait aussi Nolwenn, très impliquée dans la cause environnementale, et à inviter à une réflexion sur le sort que l’on souhaite réserver à notre belle planète bleue.
Bon week-end.