Présentée par Françoise HARDY ce soir sur la 3 (émission d'André Manoukian) un vrai bonheur, une pianiste émérite, une artiste qui touche, mélancolique, on pense tout de suite à Françoise quand on l'écoute, cette même douceur, cette même mélancolie.
Elle a composé déjà beaucoup d'albums, on ne la voit jamais dans aucune émission quel dommage, un peu comme Agnès Obel ou encore Emilie Loizeau
https://www.youtube.com/watch?v=WVS3pRkJAgA
Elle chante le départ de ses parents , une chanson qui reste si douce, si belle , que c'est émouvant
https://www.youtube.com/watch?v=_vwqpzXdCs4
Hypnos
http://musique.rfi.fr/actu-musique/chanson/album/20160324-maissiat-grand-amour
Une ascension fulgurante
Avec Tropiques, remarquable première pierre discographique en solo, on savait que Maissiat serait grande. De là à atteindre si vite de tels sommets, on ne l'aurait sincèrement pas imaginé. Un emménagement dans une ville inconnue, en l'occurrence Avignon, lui a permis de bâtir des ambitions et de trouver des conditions propices à la création. "Ma volonté était d'avoir un cadre nouveau, un espace pour pouvoir composer, écrire et chanter à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Je ne connaissais absolument personne là-bas et c'est d'ailleurs toujours le cas". Grand Amour porte ainsi bien son nom. Ici, on ne parle exclusivement que de confrontations directes avec les sentiments. Ce n'est pas un disque de compromis mais d'évidence absolue et de dépendance. Pourquoi, en même temps, s'épuiser à explorer d'autres zones quand l'urgence sollicite une obsession tenace ? "La thématique a fini par s'imposer elle-même. Après cinq, six chansons, j'ai écouté les démos et une ligne se dessinait incontestablement. Je me suis dit qu'il ne fallait pas avancer masquée, que je devais aller au bout du geste et lâcher tout".
Héritière de Françoise Hardy
Maissiat se consume dans un brasier où les délectations de la musicienne et les déchirements de la femme crépitent dans un même feu. Des chansons nées de la douleur mais dont l'accouchement rejette, lui, toute forme de souffrance. Elle dit : "Pour moi, ce qui est compliqué c'est de vivre, pas d'écrire". Au cours de cette mise à nue qui va jusqu'à affirmer, sans ambages, une attirance féminine (Bilitis, inspiré par les poèmes de Pierre Louys Les chansons de Bilitis), Maissiat ne se donne forcément pas le beau rôle. Prisonnière des extrêmes, à la fois serrure et clé, elle livre une guerre intérieure dans laquelle fuite en avant et incertitudes (sublime Avril), regrets et silences, s'affrontent sans relâche. Elle rappelle, avec une rare grâce, que notre espace mental ne peut échapper au souvenir d'autrui, aux regrets, à ce qui n'a pas été fait quand il aurait fallu le faire.
Plus que jamais, la voilà digne héritière de Françoise Hardy : même mélancolie abyssale, même romantisme écorché, même pureté sophistiquée, même sens subtil pour la mélodie hypnotique, même chant magnétique. De ce marquage au fer rouge, elle n'en prend aucunement ombrage. "Cela serait seulement un problème si je manquais d'inspiration ou d'appétit dans le besoin d'écrire des chansons". Elle cite aussi Sheller et Sanson, "ses deux leçons de piano". Et l'apport infiniment précieux de Katel pour le placement de la voix.
Parce qu'elle a l'élégance de ne pas totalement nous achever, Maissiat dessine aussi sur cet album des reliefs harmoniques plus contrastés, glisse des sonorités eighties qui "groovent" (Swing Sahara, Je reviendrai) et ose des chœurs démultipliés. Ce qui ne l'empêche nullement de réveiller la chair de poule en toute fin de parcours sur une longue incantation à la fièvre sèche et incandescente (Grand Amour) et une ultime supplique à lente combustion (La beauté du geste). A nouveau et sans une once de résistance possible, on fond littéralement devant ces chansons d'éternité immédiate.
Maissiat Grand Amour (Cinq7 / Wagram) 2016
Site officiel de Maissiat
Page Facebook de Maissiat
En concert au Carreau du Temple à Paris les 11 avril et 11 mai 2016.