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owni.: société, pouvoirs et cultures numériques
dimanche 05 décembre
Interview réalisée et éditée par Lara Beswick et Loïc Dumoulin-Richet.
Pascal Nègre : “On a une image d’hommes préhistoriques”
Lara Beswick et Loïc Dumoulin-Richet
Quand on compare les chiffres français et les chiffres anglais...
Ventes UK de la semaine : 95 000 (Rihanna) Alb 100 000 (Susan Boyle) / 305 000 pour
Take That en 2 jours. Ventes FR : 15 000 dig / 4000 phys - Alb : 24 000 Pagny). Pourquoi
de telles différences selon vous? Et pourquoi sépare-t-on encore les ventes digitales des
physiques en France ?
Pascal Nègre :
Pour commencer, les charts seront confondus dès la semaine prochaine.
Concernant le niveau de consommation musicale des anglais, vous auriez pu me poser la
même question il y a dix ans et la réponse aurait été la même. Historiquement, les anglais on
toujours acheté beaucoup beaucoup plus de musique que les français. Historiquement, c’était
à peu près deux disques et demi par français par an alors que c’était six ou sept disques pour
les anglais. C’est à dire que posséder de la musique est culturellement quelque chose de
fondamental. Quand on parle de Gallimard en France, un Anglais parle d’EMI. Donc voilà, il y
a une vrai culture musicale, une folie musicale chez les anglais en termes d’achat qui n’existe
pas en France. Alors vous parlez de Take That parce c’est d’actualité mais jamais en France un
album ne fera 400, 500 ou 800 000 la semaine de sa sortie. Ca n’existe juste pas. Les Anglais
ont une relation à la musique totalement différente.
Alors évidemment après il y a des débats mais pourquoi ? Ça n’est en tout les cas pas qu’on
a loupé quelque chose puisque c’était le cas dans les années 60, dans les années 70 et ainsi
de suite. Alors j’ai souvent abordé le sujet en demandant pourquoi. Certaines personnes ont
une analyse assez bizarre qui est en fait de dire que le 45 tours dans les années 60 c’était un
support surpopulaire en Angleterre tandis qu’en France c’était un support acheté par les classes
moyennes. Alors j’en rajoute un peu et je n’aime pas ces termes mais la musique, c’était
vraiment un truc de prolo en Angleterre, en France, ceux qui achetaient un 45 tour étaient dans
la classe moyenne.
L’autre argument étrange consiste à dire qu’en France, nous avons toujours eu besoin pour
développer des carrières d’artistes d’avoir des textes alors qu’en Angleterre un “love me yeah
yeah yeah” on s’en fout complètement pourvu que ça bouge. C’est à dire que la mélodie est
plus importante.
Alors c’est très bizarre, je ne sais pas si c’est la bonne analyse, mais enfin c’est au moins une
analyse et ce qui est rigolo en plus, c’est que ce n’est pas du tout une analyse française, c’est
une discussion avec un certain nombre de potes.
Alors maintenant, si vous regardez le pourcentage de numériques par rapport au physique,
excusez moi mais nous sommes sur le même clou. Donc en fait, c’est le cas en France avec
plus de 90% de la vente de titres sont effectuées en numérique et on est à peu près à dix pour
cent sur le disque.
Sachant qu’aujourd’hui il faut vendre 70 singles physiques pour être présent sur le top
20 des ventes. Nous sommes sur un marché quasiment inexistant.
La suite ici
http://owni.fr/2010/12/04/pascal-negre-on-a-une-image-dhommes-prehistoriques/
en pdf :http://owni.fr/files/2010/12/ITWPascalN%C3%A8grecompl%C3%A8te.pdf
"les charts seront confondus dès la semaine prochaine"
ça c'est super pour la sortie de "Bretonne!
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