Un article relevé par Kent de .org :
On y était : dans les coulisses des Victoires de la musique 2011
Après vous avoir fait vivre la première partie des Victoires de la musique en direct, les Inrocks vous racontent la deuxième soirée, qui se déroulait mardi soir au Palais des Congrès. Frissons garantis.
Cette année, comme l’Allemagne du temps de sa splendeur, la jeune victime de Tony Meilhon et la vie conjugale de Paul Bocuse, les Victoires de la musique étaient coupées en deux. La première soirée avait lieu il y a un mois à Lille, la seconde mardi soir à Paris.
On n’a pas tout pigé des raisons de cette scission, même si le mauvais esprit qui nous anime nous souffle une explication qui en vaut une autre. Thierry Chassagne, patron de Warner frères et nouveau président des Victoires, en avait un peu marre de voir un collège de feignasses intermittentes récompenser chaque année des chanteurs intellos de gauche qui vendent que pouic tandis que les vrais héros du peuple repartaient invariablement les mains vides.
Du coup, le public était invité cette fois à mêler ses voix à celles des professionnels, histoire de faire en sorte que Christophe Maé (qui émarge également chez Warner frères) puisse exposer le précieux trophée dans la vitrine de la boulangerie familiale de Carpentras (Vaucluse).
Bernique ! Le public n’étant visiblement qu’un conglomérat de bobos trotskystes, le jeune Populaire a encore raté la récompense, qui brillera sur la cheminée de Gaëtan Roussel. Maé pourra toujours se consoler en regardant la médaille de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres que Frédéric Mitterrand lui a remis récemment.
Après avoir fait le déplacement jusqu’à Lille début février, nous étions dans les coulisses du Palais des Congrès pour ce second round. A l’attention de notre lectorat de province, précisons que le Palais des Congrès n’est pas un restaurant de poissons mais un gros bunker très moche réservé d’habitude aux séminaires d’entreprises et aux concerts de chanteurs presque morts. Les Victoires de la musique, remarquez, c’est un peu pareil : un séminaire de l’industrie du disque et une célébration de chanteurs morts.
Cette année, Gainsbourg était évidemment à l’honneur, ainsi que Jean Ferrat. C’est Nolwenn Leroy qui a rendu hommage à ce dernier, ce qui évidemment tombait sous le sens. Nolwenn est la première des vedettes que je croise en coulisses, elle a l’air gentille, elle répond à des tonnes d’interviews en répétant inlassablement que non, elle n’a pas connu Jean Ferrat. Une déception néanmoins : elle ne parle pas Breton. Je ne dirai rien ici sur l’hommage à Gainsbourg car je ne veux pas faire de peine à Jean-Louis Aubert, qui a déjà perdu son papa.
Ici, on embaume français
Sur l’écran, à un moment de la soirée, il y a un défilé des grands disparus de l’année, parmi lesquels on s’étonne de retrouver Roger Gicquel ou l’à peine refroidie Annie Girardot, dont la contribution à la chansonnette nous avait jusqu’ici échappé. Pas contre, pas trace de John Barry, Captain Beefheart ou Solomon Burke. Ici on embaume Français, Monsieur !
Pas un mot non plus sur la disparition du dictateur égyptien Nagui qui présentait jusqu’à l’année dernière la cérémonie et qui a été débarqué au profit de Michel Drucker, je crois.
Tiens, voilà la Biole, en pleine forme, qui doit logiquement rafler la Victoire de la chanson de l’année avec le bouleversant Ton héritage. Ah non merde, cette fois c’est le public qui vote à 100%, et le public aime beaucoup la chanteuse Zaz parce qu’elle vient de la rue et qu’elle fait pitié. Lui donner une Victoire, cela équivaut à saluer sa réinsertion dans la vie sociale et sans doute caresser l’espoir qu’un jour ou l’autre elle se la fasse tomber sur le pied et que les brames qu’elle pousserait alors soient à l’évidence moins insupportables que sa chanson de merde. Chanson de l’année, donc. La démocratie a vraiment des limites.
Bern et Mitterrand échangent quelques mots
Ah, enfin, voilà Christophe Maé, on s’apprête à lui poser la question qui nous taraude : est-il de la famille des assurances scolaires ? Merde, on est doublé par un confrère du genre agricole, qui l’alpague sur le mode "alors Christophe, pas trop déçu ?" Je ne capte pas la réponse car le ministre de la cuture, Jack Lang, me passe devant et tient fermement à saluer cet artiste de droite.
Le présentateur de télévision Frédéric Mitterrand est là également, ainsi que Stéphane Bern, les deux échangent quelques mots, probablement à propos du mariage du Prince William et de Kate Middleton.
Surgit alors Bernard Lavilliers, et franchement ça fait plaisir de croiser cette tronche de boxeur hilare en train de cloper dans un endroit strictement non fumeur. Ça fait aussi très plaisir de voir Gaëtan Roussel récompensé à trois reprises, et l’autre Gaëtan, Chataigner (ex-Little Rabbits), remporter le prix du meilleur clip pour La Banane de Katerine.
Et puis Yaël Naim qui gagne à son tour, c’est vraiment une bonne soirée. Laquelle soirée était dédiée aux deux otages de France Télévision, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. Un échange avec Christophe Maé et Zaz est-il envisageable ?
Christophe Conte