Si je saisis bien le fil critique de cet article, on reproche à cet album de se positionner dans un régionalisme qui serait à l'opposé de l'universalisme porté par les Lumières et la révolution française, lequel serait lui, incarné par la musique de Yannick Noa. Ce doit bien être la première fois qu'on accorde à la soupe mondialisée et formatée de Yannick Noa un label d'universalisme typiquement français. Ce n'est plus la St Patrick c'est la St Noa!
C'est étrange parce que quand il s'agit de critiquer le repli tribal ou identitaire, de certains artistes du 93, nos bien-pensants de gauche, trouve tout cela tout à fait génial.
De même que les victoires de la musique consacrent régulièrement des artistes absolument inexportables tant ils sont ancrés, estampillés, "chanson française pur sucre" contre le reste du monde. Ils revendiquent leur francitude, c'est chouette mais revendiquer sa bretonnitude, c'est douteux.
Si la world music est chic, respectable, digne d'intérêts et donc de louanges, la musique folk quand elle vient d'une gagnante de la star ac, artiste Universal, s'appelle-t-elle Nolwenn et revendique des racines bretonnes et auvergnate, devient régionaliste et donc moisie.
C'est ce qu'il faut comprendre j'imagine. Voilà le genre de raisonnement qui va encore conforter celle que les mêmes (moi aussi d'ailleurs si ça pouvait régler le problème) mettraient bien dans un bateau pour la naufrager elle-même dans la 4ème dimension.
Deuxième grosse faille: elle parlerait le breton avec un accent digne de "Shakira". Euh est-ce que ce ne serait pas un peu "moisi" comme argument? Outre le fait que ce serait peut-être un poil mensonger si on doit croire Alan Stivell lui même.
Après lui avoir reproché donc sa revendication régionaliste, l'article va chercher un spécialiste de cette fameuse musique régionale, un vrai breton bretonnant, un expert officiel de la bretonnitude, spécialiste en musique bretonne et qu'apprend-t-on? Au lieu de mettre en lumière les musiques les plus pointues de cette niche culturelle, Nolwenn a le grand tort de remettre un coup de projecteur sur..... précisément ce qui fait déjà partie de la culture musicale que la Bretagne partage avec le reste de la France, ce que la Bretagne a en commun avec le reste du pays. Bref, c'est un poil trop "universaliste" comme sélection, quel dommage, quelle occasion manquée!!!
Mais du coup je suis un poil perdue, il faut qu'elle fasse quoi, Nolwenn si elle veut reprendre les chansons de son enfance, faire des reprises de Chantal Goya? Qu'elle joigne "dors mon ptit quinquin" à la sélection bretonnante? Elle est quoi? Trop régionaliste ou pas assez?
C'est le genre d'article qui me rend binaire, il faut dire. On m'explique qu'elle a tout fait faux mais j'ai du mal à comprendre ce qu'elle aurait dû faire. Et dû faire pourquoi et pour qui au juste? Pour ne rien vendre? Fragiliser un peu plus l'industrie du disque déjà branlant? Pour satisfaire les xénophobes anti-star ac? Les élites du Nouvel Obs?
Si je comprends bien, le public qui a déserté les rayons des disquaires et retrouve un poil de bonheur simple en s'offrant cette galette-ci, comme un souffle de bonne humeur pour certains, de nostalgie pour d'autres, c'est encore le peuple qui se trompe, inculte, avec des arrière-pensées douteuses.
Je suis désolée, mais c'est imbécile. Bretonne n'est qu'un album de musique française qui ne prétend pas être davantage que ce qu'il est. Il n'a jamais prétendu révolutionner la musique française pas plus que la bretonne. Certes, certains arrangements auraient pu être plus originaux, plus éloignés des arrangements d'origine. Je l'ai moi- même regretté mais devant la susceptibilité de certains bretons (que je découvre) je me dis qu'elle a bien fait car que n'aurait-on entendu? Il n'aurait plus été question de Shakira mais de la vache espagnole, à tout le moins. Il n'en demeure pas moins, que cet album est bien réalisé et loin d'une soupe formatée, bas de gamme.
Non franchement c'est pathétique. Il n'est pas de bon ton au Nouvel obs de se réjouir de ce qui a du succès et n'est pas estampillé tendance branchouille du moment, démodé de demain. On a compris et on est pas vraiment surpris.