De Dylan à Tori Amos en passant par Bocelli et I Quattro, le choix est grand en matière de chants de Noël. [TSR]
Anciennes gloires et nouveaux venus revisitent Noël à leur manière. Mais on est loin, très loin, du charme des Sinatra, Crosby ou Dean Martin... De son côté, Nolwenn Leroy nous plonge, avec son Cheshire Cat, dans l'univers de Lewis Carroll, tandis qu'Eddy Mitchell chante une nouvelle fois son amour du cinéma.
Vous croyez l'industrie du disque en perte de vitesse? Pas celle de Noël en tout cas! Comme chaque année, les compilations diverses foisonnent. Et nombreux sont les artistes qui se sentent obligés de réinventer les classiques du genre.
Cette année, ce sont des papys qui squattent le haut de la cheminée. A commencer par Neil Diamond, 68 ans, et son "Cherry Cherry Christmas". Un poussiéreux album de Noël rajeuni à coup de quelques titres nouveaux. Aussi insignifiant qu'un sapin sans boules.
Autre méfait: celui de Barry Manilow. Le crooner de Las Vegas, 66 ans, auteur de l'insupportable "Copacabana", juge bon de nous infliger, dans "In the swing of Christmas", quelques sirupeuses reprises version swing pour nous aider à digérer la dinde. Raté...
Bob Dylan en Père Noël grinçant
"Christmas in the Heart", le tout dernier album (d)étonnant de Bob Dylan. [TSR] La compil la plus hilarante est à créditer au compte de Bob Dylan avec son "Christmas in the Heart". Car Robert Zimmermann, 68 ans, revisite lui aussi des chants de Noël. Mais avec une voix qui grince autant qu'un vieux rocking-chair fatigué près du feu. De quoi pousser des "ho, ho, ho" de rires.
Car il faut le voir danser dans le clip "Must Be Santa", clope au bec et bonnet rouge à pompon, tout en éructant une rengaine que n'auraient pas reniée les Pogues, un soir de beuverie dans une taverne irlandaise. Et on se demande bien ce que l'auteur de "Blowin' in the Wind" est venu faire dans ce traîneau en l'écoutant massacrer "Silver Bells" ou "Winter Wonderland".
On finit quand même par pardonner à Robert Zimmermann cette étonnante pitrerie puisque les bénéfices de son album iront à des oeuvres d'entraide. Esprit de Noël, quand tu nous tiens...
Hommages hivernaux et mièvrerie
Les 4 ténors suisses d'I Quattro célèbrent eux aussi Noël avec des chants en suisse-allemand... [TSR] D'autres artistes rendent hommage à l'hiver pour mieux tromper l'ennemi. Ainsi Isabelle Boulay sort "Chansons pour les mois d'hiver", un opus aussi ennuyeux qu'un Noël sans neige. Tori Amos propose de son côté des " Midwinter Graces", un album de cantiques religieux aux accents médiévaux. Si l'emballage est joli, le cadeau tient mal ses promesses.
Vous rêvez de Noël en suisse allemand? Pas de problème: I Quattro l'a fait. En effet, les 4 ténors alémaniques qui montent ont mélangé, dans "Passione", chants de Noël multilingues et répertoire traditionnel en schwyzertuetsch. De quoi faire friser ficelles et rubans.
La palme de l'album de Noël le plus mièvre revient elle à Andrea Bocelli et son "My Christmas". Le ténor y reprend lui aussi quelques grands standards. Malgré la présence de Natalie Cole ou Mary J.Blige, le tout est écoeurant comme la crème au beurre d'une bûche après un copieux repas. Pas de 2e part, merci!
Nolwenn au pays des merveilles
Nolwenn Leroy laisse tomber la voix pour mieux faire passer ses rêveries victoriennes. [TSR] Quatre ans après "Histoires naturelles", Nolwenn Leroy revient dans les bacs avec "Le Cheshire Cat et moi". Un disque enregistré entre les Iles Féroé, la Suède et la France, avec l'aide du Danois Teitur, l'étoile scandinave de la pop classieuse.
Avec cet opus candide et sophistiqué, la jolie Bretonne, qui signe tous les titres en français comme en anglais, nous emmène dans un univers féérique et étrange, à l'image du chat d'"Alice au pays des merveilles" de Lewis Caroll et de son premier single, le sautillant "Faut-il, faut-il pas?"
La voix de la gagnante de la Star Academy 2, pourtant puissante, y devient du coup mutine, presque enfantine et rappelle celle de Goldfrapp. Pourtant, malgré l'originalité indéniable de l'album, la sauce peine à prendre. Trop d'onirisme victorien peut-être?
La dernière séance d'Eddy Mitchell
Eddy Mitchell ne se lasse pas de déclarer sa flamme au vieux cinéma américain. [TSR] Ce n'est pas nouveau, Eddy Mitchell est un fou de cinéma. Il le prouve encore une fois avec "Ecran large", un dernier album enregistré à Los Angeles, dans lequel il reprend et réadapte 16 grands titres du 7e art américain
Schmoll, qui a vient d'annoncer que sa prochaine tournée sera la dernière, y reprend, en version française, "Knockin' on Heaven's Door" de Dylan, "Walk the line" de Johnny Cash, ou encore "It was a Good Year" de Sinatra.
Le rocker se paie aussi le luxe d'un duo avec la nouvelle coqueluche du jazz, Melody Gardot, sur "Over the Rainbow". Un album nostalgique qui se conclut bien sûr avec "La dernière séance" revisitée.
Christine Talos
http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=200001&sid=11625629