LES SPECTACLES
L?été. sera Voulzy !
MUSIQUE. Il nous a reçus chez lui, à Joinville-le-Pont, où il enregistre un surprenant album de reprises prévu pour le 26 juin. Chansons des Doors, d'Hugues Aufray,
de Brigitte Bardot? Laurent Voulzy se concocte sa « bande-son idéale des vacances ».
ELIEU porte bien son
nom : Studio au bord de
l'eau. Un endroit idéal
pour jouer et chanter en toute tranquillité. C'est là, à Joinville-le-Pont, sur un quai de la
Marne, que Laurent Voulzy s'est installé pour travailler en 1998. L'hôte accueille en personne et assure la visite. Dans une pièce trône un vieux flipper à l'effigie de? Kim Wilde. « Il a servi au clip de la chanson les Nuits sans Kim Wilde », explique-t-il.
Un peu plus loin, une guitare est signée par tous les Beach Boys. « C'est le patron de ma maison de disques qui l'a achetée aux enchères et me l'a offerte », ajoute-t-il, pas peu fier. A l'étage, dans un salon lumineux qui fait office de studio, est posée une batterie àl'ancienne.Un nom magique, The Beatles, apparaît sur lagrosse caisse. «Jel'ai rachetée dans un magasin qui l'avait récupérée chez un collectionneur américain. Elle date de 1964, et je cherche à connaître son histoire. Elle a dû servir sur la tournée américaine des Beatles? On l'a utilisée sur la chanson Mary Quant. »
Le regard de l'artiste pétille, en fondu de musique, boulimique de chansons, de celles qui restent dans la tête éternellement. « On a tous dans le coeur? » chantait-il dans son premier tube, « Rockcollection », biographie illustrée par des tubes incontournables.
Une selection eclectique
Mais Voulzy en avait encore d'autres dans le coeur. Au point de plancher aujourd'hui sur un album de reprises attendu pour le 26 juin. Dans ce studio au bord de l'eau, on entend en fond sonore une version chaloupée du « Everybody's Got to Learn Sometimes » des Korgis. La version que vient d'enregistrer Laurent Voulzy est en cours de mixage. Depuis la mi-
janvier, une vingtaine de chansons sont ainsi en chantier. Une sélection on ne peut plus éclectique : « la Madrague » de Brigitte Bardot, « Santiano » d'Hugues Aufray, « Smooth Operator » de Sade, « Light my Fire »
JOINVILLE-LE-PONT (VAL-DE-MARNE), HIER. De sa voix sucree et par des arrangements ambitieux, Laurent Voulzy livre une nouvelle version de standards tels que « Light My Fire » des Doors ou « la Madrague » de Brigitte Bardot. (LP/AURELIE AUDUREAU.)
des Doors, un duo où le tandem Voulzy-Souchon reprendra un bon vieux Simon et Garfunkel? Il se pourrait bien que « Duel au soleil » d'Etienne Daho et « Captain of Her Heart » de Double viennent aussi rejoindrecedisquepas commeles autres.
Le fil conducteur est simple : « Je veux faire ma bande originale idéale de l'été, explique-t-il, les chansons que j'ai envie d'écouter en vacances, sur la route en voiture, en musique
d'ambiance, avec des amis dans la soirée, ou seul à 2 heures ou 3 heures du matin. Des morceaux quel'on réécouteen octobre pour
pleurer sur l'été passé. » Le CD pourrait s'appeler « Nouvelles Vagues ». Une façon de résumer l'état d'esprit
de cet album où « le soleil donne », comme souvent chez Laurent Voulzy. Sa voix sucrée et ses arrangements ambitieux s'approprient chacune de ces chansons pourtant entendues mille fois.
A l'écoute des premiers titres, on est déjàbluffé parsaversion de « la Madrague ». Elle permet d'oublier les manières de Brigitte Bardot, ses coquillages et ses crustacés, pour redécouvrir la mélancolie du texte sur fond de percussions discrètes et de guitares acoustiques délicates. On se
laisse surprendre par la force de « Santiano », où l'artiste ralentit le rythme, joue sur les harmonies vocales et laisse la chanson partir dans des sonorités celtiques. « Le Piano de la plage », de Charles Trenet, démarre sur une ambiance feutrée,
genre bar chic, pour se laisser gagner par un swing jazzy, avec au passage un clin d'oeil à « Just a Gigolo ». Le
musicien-arrangeur se lâche carrémentdans sa version de « Light My Fire », avec une digression sur fond de guitares hispanisantes puis de grosses percussions chamaniques. Tout cela n'est pas encore terminé mais fait déjà saliver. Vivement l'été !
Emmanuel Marolle
JOINVILLE-LE-PONT, HIER. Laurent Voulzy en plein mixage dans le
Studio au bord de l?eau : « Ici, je ne suis pas esclave du temps, je
peux tout faire sur place. » (LP/AURELIE AUDUREAU.)
« C'est une récréation, un plaisir égoïste »
LAURENT VOULZY a propos de son album de reprises
Que representent toutes ces chansons pour
vous ?
¦ Laurent Voulzy. Elles sont belles, tout simplement.
Elles n'ont pas besoin de moi pour faire leurs preuves. Il
n'y a plus qu'à les jouer. C'est une récréation pour moi, le
plaisir égoïste de me les approprier.
Et de replonger dans vos souvenirs ?
Oui. «LaMadrague» symbolisait laCôte d'Azur, que je
ne connaissais pas. J'allais en vacances à Saint-Brevin, en
Bretagne, et pour moi, Saint-Tropez, c'était un truc impossible.
« Santiano » me renvoie à un séjour en colonie
de vacances, où un mono jouait ça à la guitare. Sans parler
de « Derniers Baisers », chanté par les Chats Sauvages,
puis par C. Jérôme. Pour moi, c'est la chanson idéale, le
fantasme de fin d'été, des amours que l'on n'avoue pas,
des filles que je reluquais sans oser les aborder. Je suis
aussi ravi de reprendre « The Shadow of Your Smile »
d'Astrud Gilberto. Je me rappelle avoir écrit le refrain de
« My Song of You », en 1974, en pensant à elle.
Et pour la premiere fois, vous allez enregistrer
un duo avec Alain Souchon?
Oui, on adore Simon et Garfunkel tous les deux. Mais on
n'a pas encore choisi la chanson. Ce sera peut-être
« Sound of Silence » ou « Feelin' Groovy ». On aimerait
aller plus loin, enregistrer un album entier de duos. Cela
pourrait se faire prochainement. J'ai aussi invité Andrea,
la chanteuse des Corrs, sur un titre des Everly Brothers
« All I Have to Do is Dream » et Lenou, la fille de Nana
Mouskouri, avec qui je reprends « Yesterday Once More »
des Carpenters.
Est-ce une pression pour vous de faire un
disque en moins de six mois, alors que vous
pouvez passer des annees sur un album ?
La pression, je l'ai toujours eue, depuis « Rockcollection »
que j'ai fini à 6 heures du matin alors qu'il fallait remettre
la bande à 7 heures. C'est toujours à l'arraché. J'ai toujours
aimé bricoler, refaire des choses. Et ici, je ne suis pas
esclave du temps, je peux tout faire sur place, jusqu'au
mixage. J'enregistre souvent mes voix seul dans une
pièce. Je préfère, parce que c'est un exercice assez impudiqueet
ily ades intonations que je n'aime pas chezmoi.
Dans ces cas-là, je n'ai pas envie d'être entouré.
Allez-vous defendre ce disque sur scene ?
J'aimerais bien. Pour l'instant, on a un seul concert prévu
cet été, le 14 juillet à Magny-Cours pour le centenaire du
Grand Prix de France. Tony Joe White ouvrira la soirée,
ensuite je prendrai le relais avant la star Roger Waters,
l'ancien Pink Floyd. Apparemment, on lui a fait passer un
de mes albums et il a aimé.
Propos recueillis par E.M.
SAMEDI 29 AVRIL 2006