Une vie ne suffirait pas à résumer l’ensemble de la carrière de Renaud, à exprimer tout l’apport musical et humain de cet artiste d’exception, cumulant déjà 23 albums. Son 64ème anniversaire, le 11 mai, est pour moi l’occasion de lui rendre un petit hommage. Je doute cependant que ça lui fasse réellement plaisir, lui qui chante son dégoût prononcé pour cette fête dans « Mon Anniv’ ». Peu importe, l’envie d’écrire est plus forte… 
Revenu sur le devant de la scène avec la sortie, le 8 avril 2016, de son dernier album Toujours debout, le chanteur prouve ainsi à ses fans (et à ses détracteurs) qu’il est là, plus que jamais, malgré plusieurs périodes de profonde dépression durant lesquelles il a sombré dans l’alcool et la solitude. C’est donc avec une certaine émotion que l’on salue son grand retour.
Militant, gauchiste, antimilitariste, humaniste ou écologiste, il est de tous les combats qui ont un sens à ses yeux. Récemment, sur les réseaux sociaux, on l’a vu marquer son soutien à Nicolas Hulot (l’homme providentiel, selon lui) dans sa possible candidature à la présidentielle de 2017. Renaud s’engage, Renaud s’investit, Renaud pousse une gueulante et forcément, Renaud dérange. Certains verront peut-être en lui un anarchiste. Mais s’il s’oppose au pouvoir, c’est toujours pour mieux en dénoncer les dérives.
Tout jeune déjà, il s’intéresse plus à la politique qu’à l’école, au grand désarroi de son père, Olivier Séchan, alors professeur de langue germanique dans le XVIIIème arrondissement de Paris. Malgré la volonté de ce dernier de le maintenir au lycée, il est finalement renvoyé pour prise de position jugée proche des milieux communistes. Renaud milite contre l’arme atomique, crée un comité anti guerre au Viêt-Nam et se retranche avec d’autres étudiants dans la Sorbonne durant les émeutes de mai ’68.
De sa mère, Solange Mériaux, issue d’une famille de mineurs du Nord, il hérite du sens de la justice sociale. Toute sa vie, il mettra en avant ce trait de personnalité, préférant les « petites gens » de province aux mondanités de la Capitale.
Dès 1969, Renaud multiplie les petits boulots et est finalement engagé comme vendeur en librairie. Cet emploi lui permet de découvrir des auteurs tels que Zola ou Maupassant, qui l’influencent inévitablement sa vision de la société. Mais ses absences répétées lui valent finalement le renvoi.
Entre les boums, les filles et les mobylettes, Renaud s’intéresse également à la musique. Il écoute Bob Dylan, Hugues Aufray et Antoine, qui sera à l’origine de son goût pour la mer et les voyages lointains.
Parallèlement, il se découvre une passion pour la comédie et fait, en vacances en Bretagne, la rencontre opportune de Patrick Dewaere, qui lui propose de remplacer au pied levé un comédien au Café de la Gare, à Paris. C’est là qu’il fait notamment la connaissance de Miou-Miou, d’Henri Guybert et de Coluche, à qui il donnera la réplique.
En 1974, Renaud, qui commence à gratter la guitare avec des textes qu’il compose pour les gens du métro, se fait remarquer un soir par Paul Lederman, le producteur de Coluche, qui souhaite l’avoir en première partie des spectacles de l’humoriste. Renaud accepte, sans grande conviction. L’aventure musicale démarre réellement en 1975, lorsque Jacqueline Herrenschmidt et François Bernheim lui proposent d’enregistrer un album. Amoureux de Paname sort au mois de mars, mais le titre « Hexagone », jugé trop épineux politiquement, est interdit de diffusion sur les ondes de France Inter pendant la visite du Pape.
Renaud, qui obtient malgré tout la reconnaissance pour cet album, adopte alors le look loubard qu’on lui connait, perfecto de cuir noir sur les épaules et bandanas rouge noué autour du cou. Avec la sortie en 1977 d’un deuxième opus, Laisse béton, il durcit quelque peu le ton mais le public lui réserve bon accueil. Il devra attendre le Festival du Printemps de Bourges et celui de Spa, en Belgique (tous deux en 1978) pour rencontrer la véritable notoriété.
Les tournées se succèdent, principalement en province, mais l’arrivée dans les bacs de Ma Gonzesse, au début de l’année suivante, le programme cinq soirs consécutifs au Théâtre de la Ville, une salle parisienne de 800 places. En 1980, sort l’album Marche à l’ombre, qui se veut plus sombre que le précédent.
Avec la naissance de sa fille, Lolita, Renaud s’assagit, laissant progressivement tomber son blouson d’adolescent rebelle et ses santiags. Il lui dédie Morgane de toi, son déjà 5ème album.
Sa conscience écologiste grandit également, notamment à la suite de ses voyages en mer, réalisés à bord de son bâteau, entre septembre 1982 et mars 1983 (époque de son tube Dès que le vent soufflera). Il part ensuite à Los Angeles, pour présenter son dernier album, qui rencontre un franc succès. Renaud s’entoure pour cela de musiciens américains de renom. En quelques mois, plus d’un million d’exemplaires sont écoulés dans le monde.
En 1985, l’extrême sécheresse qui sévit en Afrique l’interpelle. A l’instar de Michaël Jackson et de dizaines d’artistes nord-américains autour du projet « We are the World », il écrit une chanson, « Sos-Ethiopie » dont l’intégralité des bénéfices retournent à Médecins Sans Frontières. Plusieurs millions d’anciens francs seront ainsi versés à l’association. Renaud s’entoure également d’amis, qui prennent part à l’enregistrement : Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel, Alain Souchon, Julien Clerc,…
A la demande du Festival mondial de la Jeunesse, Renaud part ensuite donner une série de concerts à Moscou. Alors qu’un soir, il entame sa chanson pacifiste « Déserteur », une partie du public présent se lève et s’en va. Profondément touché par cette manœuvre orchestrée, il rentre aux Etats-Unis, où il s’était installé.
Lorsqu’en janvier 1986 sort au Québec Mistral gagnant (un de ses plus grands succès pourtant) on sent clairement chez Renaud une certaine lassitude.
Cette même année est marquée par la disparition accidentelle de son grand ami Coluche, survenue le 19 juin, à Opio, dans les Alpes-Maritimes. Renaud, anéanti par cette nouvelle, trouve cependant la force d’écrire un album, Putain de camion, à celui qui était aussi le parrain de sa fille Lolita.
Au vu de tous ces événements successifs, Renaud sombre dans la déprime et se retire quelque peu du feu des projecteurs. Il tente bien de composer, en 1990, un album pour Vanessa Paradis, mais ses maquettes sont abandonnées, au profit de Serge Gainsbourg, qui souhaite prendre en charge toute l’écriture.
En 1991, il fait une réapparition avec la sortie de Marchand de Cailloux, enregistré à Londres en pleine Guerre du Golfe (la première). L’album reçoit toutefois un accueil mitigé.
L’année suivante, le chanteur renoue avec le cinéma. Il tourne Germinal aux côtés de Gérard Depardieu, un film de Claude Berri. Pour Renaud, c’est aussi l’occasion de rendre hommage à sa mère et à ses origines ouvrières.
En 1994, il enregistre à domicile un album entièrement acoustique, La Belle de Mai.
Rattrapé par ses vieux démons, le chanteur tombe alors en grande dépression, laissant derrière lui un silence médiatique de près de 7 ans (entre 1995 et 2002). Il se dit pourchassé par la mélancolie et la nostalgie de l’enfance. Dans la foulée, il écrit notamment « J’ai la vie qui m’pique les yeux », un titre interprété avec beaucoup de tendresse par Nolwenn Leroy. 
Renaud se rebaptise lui -même Mister Renard, en référence à la période sombre de Gainsbourg (alias Gainsbarre), au cours de laquelle il se réfugie aussi dans l’alcool et les cigarettes. Son épouse Dominique, pourtant d’un soutien sans faille, le quitte en 1999, poussée à bout.
Sa rencontre en 2000 avec Romane Serda, jeune chanteuse, va pourtant bouleverser sa vie. Renaud en tombe très rapidement amoureux.
En 2001, il fait une brève apparition télévisuelle aux Victoires de la Musique, qui le récompense pour l’ensemble de sa carrière. Bouffi, les yeux cernés et la voix éraillée, il interprète Mistral gagnant. Lorsqu’il se découvre à l’écran, il prend conscience du besoin de se ressaisir.
Lentement, Renaud se reconstruit et sort Boucan d’Enfer, dans lequel il relate ses années de galère (« Docteur Renaud, Mister Renard », « Mal barrés »). Le titre « Manhattan-Kaboul », composé à la suite des attentats du 11 septembre à New-York et chanté en duo avec Axelle Red, rencontre un énorme succès.
Pas moins de 170 concerts sont alors programmés, dont plusieurs au Zénith de Paris. La voix toujours hésitante, il reconquière toutefois son public, qu’il n’avait finalement pas perdu.
En 2003, il tourne « Wanted », de Brad Mirman, aux côtés de Johnny Hallyday.
Lorsqu’éclate l’affaire Ingrid Betancourt, retenue en otage avec d’autres personnes par les FARCS colombiens, Renaud apporte son soutien à travers une chanson, « Dans la Jungle », et milite pour leur libération. Il organise même un concert au Zénith de Rouen pour leurs quatre (premières) années de détention. Curieusement, il se fait beaucoup plus discret lors de leur relaxation réelle, en juillet 2008.
Renaud se marie en 2005 avec Romane, qui lui donnera, l’année suivante, un petit Malone. Hasard du calendrier, l’enfant naît un 14 juillet, jour de la Fête nationale.
Il sort par ailleurs Rouge sang, un album qu’il souhaite justement de sang neuf, telle une renaissance.
Durant l’été 2007, Renaud part en tournée dans toute la France, ainsi qu’au Québec et va s’installer en Angleterre. Il y reste deux ans, mais rentre finalement vivre à Meudon, non loin de sa fille Lolita, mariée depuis peu au chanteur Renan Luce.
Souhaitant explorer tous les répertoires musicaux et, fort de son expérience anglo-saxonne, il sort en novembre 2008 Molly Malone – Balade irlandaise, un album dans lequel il revisite le répertoire traditionnel celtique, mais qui se vend toutefois moins bien. Nolwenn reprendra plus tard sa « Ballade Nord-irlandaise », qu’elle interprétera aussi, magnifiquement, dans sa version originale, « The Water is Wide ».
Renaud se dit en manque d’inspiration, mais couve en fait une nouvelle phase de dépression. Son divorce avec Romane le précipite dans la tourmente.
En 2013, il reçoit le titre de Commandeur des Arts et des Lettres. L’année suivante, quinze artistes francophones lui rendent hommage à travers La Bande à Renaud , qui connaîtra une suite quelques temps après. Nolwenn, en grande admiratrice du chanteur, fait bien évidemment partie de la troupe.
Dans leur spectacle annuel, les Enfoirés interprètent souvent ses chansons. Un peu comme si, quand le Maître est en panne, ses disciples prenaient la relève.
« Renaud, on t’a dans la peau », le documentaire diffusé en mars dernier sur France 3 (et rediffusé ce vendredi 6 mai) et qui lui est consacré, l’émeut particulièrement. A travers ce reportage, fidèle à sa vie et à son œuvre, l’homme redécouvre à quel point il compte aux yeux du public.
En juin 2015, Thierry Séchan, l’écrivain, annonce que son frère a écrit quatorze textes destinés à un prochain album. L’information est confirmée par Renaud lui-même, qui annonce la sortie pour le mois de septembre. Il y consacre deux titres aux attentats de Charlie Hebdo, dans lesquels il a perdu des amis dessinateurs, Charb, Cabu et Wolinski.
Au contact de Grand Corps Malade, Renaud retrouve un élan d’inspiration et écrit « Ma Batterie », qui figure sur l’album.
Le chanteur retrouve d’autres artistes (dont Nolwenn) le 7 janvier 2016 à Paris pour rendre hommage aux victimes de la double vague meurtrière en France de janvier et novembre 2015.
Peu de temps après, Renaud poste un message rassurant sur Facebook. Il va mieux, ne touche plus à l’alcool et se consacre à la finalisation de son album. Interviewé sur Europe 1, il déclare que c’est sa meilleure réalisation depuis Mistral gagnant. Et de fait, car dès sa sortie le 8 avril, le succès est au rendez-vous ! Le vrai Renaud, le grand Renaud était enfin de retour.
Toujours debout, ainsi pourrait se résumer l’histoire de cet homme hors du commun, tantôt détesté, tantôt adulé, parfois imité, parodié mais jamais égalé, souvent en marge de la société, mais tellement fort et fragile à la fois. Un être de velours sous une carapace de fer.
Salut Mec ! Salut l’Artiste ! 
Bonne semaine à tous! 
(Sources : Wikipédia)
http://www.nolwenn-online.com/forumnol/upload/1462802903.pdf[img]
Tu restes dans nos coeurs
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