L’INTEGRALE de l’œuvre de Jean-Michel Caradec est disponible depuis le 28 septembre 2018 : article de Michel TROADEC :
Le splendide répertoire du chanteur breton, décédé accidentellement en 1981, dont la première intégrale sort aujourd’hui, 28 septembre 2018 :
Quand on demande à Francis Cabrel, quels musiciens l’ont influencé, il répète Bob Dylan, JJ Cale, Léonard Cohen, « sans oublier les Français : Brassens, Brel, Le Forestier et… Jean-Michel Caradec. Savez-vous que c’est à ce chanteur breton que j’ai présenté mes premières chansons en 1976 ? »
Non Francis, on ne savait pas que Caradec, à la brillante carrière si fugitive, a autant compté pour vous. En 1976, Jean-Michel Caradec est déjà connu et reconnu. Ce grand fan lui-aussi de Dylan, dont le chant fait parfois penser à Polnareff, a assuré les premières parties de Brassens et de Maxime Le Forestier, avec qui il a partagé plusieurs tournées. Et a sorti de jolis tubes : Ma petite fille de rêve, La ballade de Mac Donald, Île…
C’est en cette même année 1976 qu’il berce les enfants avec un album qui leur est destiné, intégrant notamment la tendre Colline aux coralines. Et il s’apprête à faire fondre les Bretons en publiant, l’année suivante, Ma Bretagne quand elle pleut…
« Oui, elle a été longue à sortir cette intégrale, explique Madeline Caradec, sa fille. Pour plein de raisons. Je l’espérais. Elle est là, avec des inédits, des versions inconnues. Et je suis d’autant plus heureuse que je me rends compte encore aujourd’hui la belle trace que mon père a laissée. »
D’autant que ses chansons n’ont pas vieilli. Grâce aux couleurs folk-pop de ses chansons. Et à une écriture intemporelle. L’intégrale regroupe 117 titres sortis, principalement, sur seulement huit ans. Des douces chansons positives de Mords la vie, son premier album (1973), à celles bien plus grises de Dernier avis (1981).
En parcourant cette riche œuvre, on s’aperçoit que Caradec a beaucoup chanté les femmes, l’amour ; qu’il était très attaché à la Bretagne, à la nature ; qu’il a eu ses coups de gueule (Mai 1968, Porstall). On relève aussi d’intéressantes chansons anachroniques telle Beaubourg Street.
On remarque enfin la plus grande maturité de ses deux derniers albums qui font entendre l’évolution d’un grand talent qu’il n’a malheureusement pas pu continuer à développer. Il l’avait dit. Il avait la crainte de partir jeune. Son dernier disque s’appelle Dernier avis, avec des titres comme Passeport pour la mort et Qu’est-ce qui va rester. Quant à la dernière phrase de la dernière chanson (I wanna be free) de cet album, elle dit : « Et n’oublie pas que vieillir est pire que la mort… »
Jean-Michel Caradec laisse un magnifique répertoire encore à découvrir aujourd’hui.
Jean-Michel Caradec l’intégrale. EPM/Universal, 5CD, 117 titres. 20 €.