Le cercueil de Paco de Lucia est arrivé dans la nuit à Algésiras, la ville natale du musicien dans le sud de l'Espagne, où le grand maître du flamenco doit être enterré ce samedi 1er mars.
Sous les "Olés" et une pluie d'oeillets rouges, le cercueil de Paco de Lucia est arrivé dans la nuit à Algésiras, la ville natale du musicien dans le sud de l'Espagne, où le grand maître du flamenco doit être enterré ce samedi 1er mars.
Toute la nuit, ils ont défilé devant le cercueil
Les uns l'écoutaient quand ils étaient petits. Les autres ont appris avec lui à jouer leurs premières notes. Tous dans cette ville andalouse portent dans leur coeur le souvenir du guitariste virtuose. Toute la nuit, ils ont défilé devant le cercueil exposé dans la mairie, sous un grand christ doré, enveloppé dans le drapeau espagnol, rouge et jaune, et le drapeau andalou, vert et blanc.
Un livre déjà signé par des centaines de personnes
Lola Leon, une femme de 58 ans qui vient de signer le livre de condoléances, a passé son enfance dans le même quartier que lui. "Nous habitions tous deux à la Bajadilla", le quartier populaire où est né, le 21 décembre 1947, Francisco Sanchez Gomez, devenu mondialement célèbre sous le nom de Paco de Lucia, dans une famille modeste où jouer du flamenco était un gagne-pain. A côté du livre déjà signé par des centaines de personnes, près des offrandes, des fleurs et des bougies, une grande photo du musicien, sa guitare dans les bras, regarde la foule qui attend.
"Nous les filles, on s'asseyait à la porte et on écoutait, ébahies"
"Nous étions très jeunes, j'avais 11 ans et il devait en avoir 19", raconte Lola. Elle se souvient des concerts improvisés de Paco et de son compagnon de route, Camaron de la Isla, voix mythique du flamenco avec lequel il a formé un duo de légende jusqu'à la mort de ce dernier en 1992. "Ils allaient chez un ami, et ils se mettaient à jouer. Nous les filles, on s'asseyait à la porte et on écoutait, ébahies".
"C'était quelqu'un de très bien. Il donnait tout. Et c'était un grand maître"
Quelques mètres derrière, Juan Sanchez ne peut contenir ses larmes. Il a fait neuf heures de route depuis Barcelone, dans le nord-est de l'Espagne, pour dire adieu à l'ami qu'il a connu il y a 11 ans à Algésiras. "Ma soeur a une maison près de là où il habitait. Nous sommes devenus amis sur la plage du Rinconcillo et le dimanche, on passait notre temps à jouer aux cartes et aux dominos", se souvient cet électricien de 49 ans, la voix hachée par les sanglots. "C'était quelqu'un de très bien. Il donnait tout. Et c'était un grand maître. J'ai appris à jouer en l'écoutant", ajoute-t-il, évoquant le souvenir de la rumba "Entre dos aguas", un des grands succès de Paco de Lucia.
Surnommé "de Lucia" parce que c'était le prénom de sa mère, formé par son père, un chanteur de flamenco méconnu, le jeune Paco commencera dès 12 ans à jouer de la guitare, la nuit, dans les "tablaos", les salles de flamenco, avant de révolutionner ce genre traditionnel, le mêlant au jazz, à la musique classique, le métissant de multiples influences.
La nouvelle a profondément ému toute l'Espagne
Le guitariste est mort mardi 25 février, à 66 ans, d'une crise cardiaque, en jouant avec son fils sur une plage mexicaine. La nouvelle a profondément ému toute l'Espagne. Rapatrié vendredi, le cercueil a été exposé toute la journée dans une chapelle ardente à Madrid, salué par des milliers de personnes. Le prince héritier Felipe et la princesse Letizia eux-mêmes étaient venus réconforter la famille. Puis la dépouille a été transportée dans la nuit à Algésiras, accueillie dans les rues par une foule frappant en rythme dans les mains, criant "Maître, tu quittes ta ville. Maître tu quittes ta terre".
"Paco était une icône, un génie"
Ses proches et ses amis, parmi lesquels son compagnon guitariste Tomatito, ont porté le cercueil jusqu'à la chapelle ardente dressée dans une salle de la mairie, où la famille est venue se recueillir avant de laisser place au public. La foule a alors défilé en silence, certains touchant le cercueil. "La vérité c'est que personne n'y croit. Paco était une icône, un génie. Nous avons toujours pensé que c'était un dieu et qu'il était immortel", confiait le danseur de flamenco David Morales, venu comme d'autres figures du flamenco, le danseur Farruquito ou la chanteuse Nina Pastori.
Le cercueil devrait être transporté, à la mi-journée, jusqu'à l'église Notre-Dame de la Palma pour les obsèques.
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Tu restes dans nos coeurs
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