Bonjour à tous,
Il y a tout juste un an, le 16 avril 2020, en pleine pandémie de Covid-19, j’ai ressenti, comme bon nombre de personnes, un électrochoc à l’annonce du décès du chanteur Christophe. Lui qui semblait éternel, par ses chansons, sa voix, sa personnalité et son immense talent d’artiste…
Christophe, emporté lui aussi par ce foutu virus…
Au moment de sa disparition, j’avais écrit un texte, que je n’ai toutefois pu publier, dévasté par l’émotion. Je vous le partage dès lors maintenant, pour le premier anniversaire de sa mort.
Et pour reprendre les mots dans sa très célèbre chanson Aline, « j’avais dessiné… »
Je vous laisse découvrir, et peut-être apprécier.
Prenez soin de vous ; la vie est précieuse et si fragile.
Korrigan 
Il était 20h36 au clocher de l’église… Un génie, un père, un frère, un ami au paradis perdu. Very Sad Song.
C’est déchiré par le chagrin que Pascal Obispo annonce en ces termes le décès de son grand ami Christophe sur son compte Instagram, emporté le 16 avril 2020 par la covid-19. Et le chanteur, également coach de The Voice, n’est pas le seul à manifester sa sympathie à l’égard de ce maître des sons, des mélodies et des mots, qui aura marqué des générations. Cette disparition, brutale, cruelle, injuste, provoque l’émoi au sein de toute la communauté artistique. Nolwenn, elle-même très affectée, lui rend un hommage émouvant sur les réseaux sociaux, notamment au travers d’une vidéo dans laquelle elle partage un duo avec lui sur une tendre version des « Mots Bleus », l’une des plus grandes chansons de l’artiste.
Difficile d’admettre, en effet, que Christophe, notre Christophe n’est plus. Lui qui, le 23 février dernier, était encore sur scène malgré ses 74 ans et qui, en raison de la situation sanitaire (dont il sera lui-même victime…), avait été contraint d’annuler des dates de concert, dont celui du Grand Rex à Paris. Lui qui, en infatigable compositeur, préparait encore un album de 10 titres, portant ainsi à une petite vingtaine le nombre d’opus intemporels.
Mais Christophe avait une faiblesse, une santé rendue fragile par un emphysème pulmonaire. Une faille dans laquelle cette saloperie de virus a pris un malin plaisir à s’engouffrer progressivement. Hospitalisé le 16 mars pour une forte toux et de la fièvre, il est transféré à Cochin, dans la capitale, en raison de son état respiratoire jugé critique, puis ensuite à Brest, par TGV médicalisé, qui sera aussi, malheureusement son tout dernier voyage. Christophe aura donc lutté pendant un mois jour pour jour, avant de rejoindre ses Paradis perdus…
Mais qui était en fait ce séducteur discret, timide, à la tessiture si particulière, ce dandy moustachu au sourire rare (voire absent) derrière ses lunettes teintées, ce grand sensible derrière sa carapace de façade ?
Daniel Bevilacqua (son vrai nom) naît dans une famille d’immigrés italiens le 13 octobre 1945, à Juvisy-sur-Orge, dans l’Essonne. L’activité de fumisterie qui s’hérite de père en fils (sa mère était quant à elle couturière) ne semble toutefois pas le passionner, lui qui porte déjà, dès l’âge de 8 ans, un intérêt prononcé pour la musique (Edith Piaf, Gilbert Bécaud) et particulièrement pour le blues américain.
Fasciné par l’American Way of Life des années’50, il découvre le cinéma de James Dean, et le rock, d’Elvis Presley. Dans la foulée, Il choisit d’apprendre la guitare et l’harmonica.
Parallèlement, le jeune homme, qui s’intéresse à de nombreux domaines et objets, nourrit une autre passion, bien différente, pour la course automobile. En mémoire à sa maman qui lui offre un jour une médaille de saint Christophe, le protecteur des conducteurs, il opte pour le pseudonyme Christophe, qui lui restera jusqu’à la fin.
Son aventure musicale débute en 1961, d’abord dans un groupe, qu’il fonde et qu’il baptise « Danny Baby et les Hooligans », puis en solo, deux ans après. Mais le succès n’est guère au rendez-vous…
En 1965, alors que Christophe (rentrant du service militaire) rend visite à sa grand-mère pour un déjeuner, il compose sur sa guitare les premières notes d’Aline, et se retrouve, 15 minutes plus tard, en possession d’une chanson qui deviendra mythique et dont l’album s’écoulera à plus d’un million d’exemplaires. Mais cette fulgurante ascension lui vaudra malgré tout un procès (qu’il finira par gagner) contre Jacky Moulière, qui l’accuse d’avoir plagié sa propre chanson.
Dans cette France qui surfe sur la vague yé-yé, Christophe sort en avril 1966 un autre grand tube de son répertoire, les Marionnettes. Le titre reste premier pendant plusieurs semaines en France et en Belgique.
Christophe, toujours aussi féru de sport automobile, choisit deux années durant, de ne pas sortir d’album pour se consacrer amplement à sa passion. Il court sur circuit et collectionne les belles mécaniques anciennes. Mais ce hobby a aussi ses revers. En 1970, il est condamné à la prison avec sursis pour excès de vitesse. Cette mauvaise expérience ne l’empêche pas cependant de réitérer son « exploit » … 30 ans plus tard, un « écart de conduite» qui lui vaudra une nouvelle suspension de permis.
Mais Christophe, l’intrépide, le rebelle, qui se laisse pousser la moustache et les cheveux au début des Seventies, dégage aussi une grande tendresse. En 1974, il sort l’album « Les Mots Bleus » et un titre éponyme, qui deviendra l’un de ses plus grands succès. Il se produit à l’Olympia, à guichet fermé. Paradoxalement, « le Beau Bizarre » qui arrive quatre ans plus tard est boudé par le public, bien que salué par la critique de Libération, qui le site dans les meilleurs albums rock du moment.
Il devra attendre l’année 1983 pour regagner la confiance, avec « Succès Fou », vendu à 600.000 exemplaires. Mais Christophe nourrit d’autres projets, s’efface progressivement pour se consacrer à ses hobbies et les causes qui lui tiennent à cœur. Il s’engage notamment dans la lutte contre la faim dans le Monde et refait une apparition médiatique en 1985, aux côtés des Chanteurs sans frontières, un collectif d’artistes mobilisés au travers de la chanson Ethiopie, écrite par Renaud.
En mélomane perfectionniste, il se tient au courant des tendances musicales du moment et pousse le détail à étudier, une année durant, le son que produit une batterie. Il enregistre chez lui, dans son studio, en compagnie de son ami et idole Alan Vega, auteur compositeur interprète d’origine américaine et sort « Bevilacqua », un album avant-gardiste aux sonorités particulières.
En 2001, Christophe effectue son grand retour et se produit en concert intimiste à l’Olympia. Il chante par ailleurs en duo avec son ami de longue date, Alain Bashung à l’Elysée Montmartre, sur une version remaniée des Mots Bleus et participe à l’écriture de l’un de ses albums.
Il entame alors, dès 2011, une tournée dans plusieurs pays dont la France, la Belgique, la Suisse et le Liban. Les dates s’enchaînent à un rythme effréné (plus de 100 dates en 2013 !) mais pour l’Intime Tour, il choisit cependant un style épuré ; seuls un piano et une guitare l’accompagnent sur scène.
Parallèlement, Jean-Michel Jarre, qui travaille sur « Electronica 2 : The Heart of Noise » fait appel à Christophe et ses talents d’arrangeur son. Il collabore à l’écriture et prête notamment sa voix sur le titre Walking The Mile. L’album sort en 2016.
Cette même année, au mois d’avril, l’insatiable Christophe reçoit un accueil enthousiaste pour son opus « Vertige du Chaos », qui sera toutefois son tout dernier finalisé.
Invité en 2019 par Martin Widmer, curateur au Centre d’art de Neufchâtel (Suisse), Christophe accepte de mettre en musique, sous format vinyle 45 tours, des interviews de l’artiste plasticien Olivier Mosset, qui a notamment créé des décors de ballet pour Marie-Agnès Gillot.
Le 25 février 2020, pour le vernissage de l’exposition au MAMCO de Genève, Christophe interprète une version inédite du disque devant un parterre d’invités. Cette prestation en public est aussi sa toute dernière.
La suite est malheureusement connue. Contraint d’annuler des dates de tournée en raison de la pandémie, Christophe, qui recentre ses efforts sur un album de repises (qui sera intitulé Ultime et qui est juste magnifique !), est frappé à son tour de plein fouet par le virus, qui ne lui laisse aucune chance…
(Petit complément à mon texte)
Cette tragédie m’amène à une réflexion sur la vulnérabilité de nos existences. Pendant cette sombre période (qui semble encore loin de se terminer), j’ai moi-même, et sans doute comme bon nombre d’entre vous, perdu un être cher, une personne de la famille proche, et j’ai failli perdre des amis, hospitalisés aux soins intensifs. De mon côté, à échelle moindre, j’ai contracté la covid (mot que j’ai beaucoup de mal à écrire désormais avec une majuscule…), malgré des mesures de protection toujours plus draconiennes. J’ose espérer que la vaccination massive puisse enfin endiguer le fléau…
Mes pensées vont aujourd’hui au personnel soignant, exténué par cette lutte acharnée dans l’espace et le temps mais plus dévoué que jamais à sa cause, au monde de l’Horeca, aux petits indépendants et bien entendu, à la Culture (là avec « c » majuscule !), à l’événementiel, si durement touchés par cette crise sans précédent. Sans oublier non plus toutes les personnes précarisées, isolées, sans domicile fixe, déjà tant accablées par la vie et encore plus fragilisées par cette crise…
Et une énorme pensée à toi, Nolwenn, qu’il nous tarde de retrouver lorsque tout cela sera enfin terminé. Occupe-toi bien de Marin, d’Arnaud et de toute ta famille. Prends soin de vous et prépare-nous un nouveau petit bijou musical ! 
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Tu restes dans nos coeurs
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