Le 7 mai dernier, la Belgique était orpheline de l’un de ses plus grands talents, l’une de ses plus belles voix, en la personne de Claudine Luypaerts, plus connue sous le nom de Maurane.
L’annonce de son décès, si brutal, si injuste aussi, a créé un vif émoi au sein de la population et dans l’ensemble du monde artistique. Elle qui, la veille, avait fait son retour sur scène à Bruxelles (Fête de l’Iris) aux côtés de Typh Barrow et d’une foulée d’autres artistes et qui préparait un album de reprises, en hommage à Jacques Brel. Un projet personnel qu’elle nourrissait depuis quelques années déjà.
Ecartée en 2016 pour raison médicale –elle souffrait des cordes vocales – Maurane, qui interprétait Marie-Jeanne dans l’opéra-rock Starmania de Michel Berger (le rôle initial étant endossé par Fabienne Thibeault), avait obtenu de nombreuses récompenses et distinctions honorifiques au cours de sa carrière, débutée en 1983.
Avec " Maurane", son deuxième album, sorti en 1989, elle avait poussé les portes de l’Olympia et débuté une tournée internationale. Deux ans plus tard, "Ami ou Ennemi" est venu confirmer son succès, avec des titres tels que Du mal ou Sur un Prélude de Bach. Au total, Maurane aura signé quelque 12 albums studio et de belles collaborations d’écriture.
Artiste tendre au caractère cependant affirmé (on se souvient de ses interventions polémiques sur les réseaux sociaux), elle était très appréciée de ses pairs, et aimait, plus que tout, partager la scène avec eux. On retiendra notamment ses duos magnifiques avec Michel Fugain (Forteresse), Eddy Mitchell (C’est Magique), Lara Fabian (Tu es Mon Autre), Marc Lavoine ou encore… Nolwenn Leroy, très affectée par son départ. Maurane était pour elle une amie, une seconde maman même, qui a toujours cru en elle depuis ses débuts à la Star Ac’.
L’une comme l’autre ont toujours, par ailleurs, ressenti le besoin de s’engager pour des causes nobles. En 1993, avec Francis Cabrel, Catherine Lara, Alain Souchon, Maxime Le Forestier et Michel Jonasz (et plus tard Zazie), Maurane enregistre l’album "Sol en Si", pour soutenir la recherche sur le SIDA. Elle participe aussi à 14 éditions des Enfoirés, entre 1996 et 2013, avant de se retirer en raison de tensions internes au sein de la troupe.
Chevalier de l’Ordre de la Couronne, Officier des Arts et des Lettres, Maurane n’en restait pas moins une artiste simple et attachée à ses origines modestes (un parcours finalement assez proche de son homologue masculin, le regretté Pierre Rapsat, lui aussi issu de la ville de Verviers, près de Liège). Très tôt, elle avait appris à s’éloigner des strasses et paillettes du showbiz au profit d’une vie plus rangée, aux côtés de son mari Pablo (dont elle finira toutefois par se séparer) et de sa fille Lou, déchirante dans son discours lors de la messe de funérailles, le 17 mai à Woluwé-Saint-Pierre.
Pour l’accompagner dans son dernier voyage, bon nombre de ses amis du monde de la chanson et du spectacle avaient fait le déplacement, malgré une discrétion souhaitée par la famille. Tous ont évoqué son immense talent, sa voix irremplaçable et sa grande sensibilité de femme.
Adieu, Madame, ma compatriote, et merci pour la belle personne que vous étiez…
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Tu restes dans nos coeurs
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