Rage, incompréhension, tristesse, souffrance.
Ce devait être un mardi ordinaire. Une de ces journées de la fin mars, qui accueille timidement le printemps. Bruxelles s'éveillait à peine, sous une pluie fine.
Aline Bastin, jeune femme de 29 ans, se rendait, comme tous les jours, au travail dans le quartier européen, avec de nombreux navetteurs du métro. Originaire de Bassenge, en Province de Liège, elle s'était établie dans la Capitale depuis quelques années, où elle avait désormais ses habitudes. Elle ne manquait jamais, pourtant, de revenir sur ses terres natales pour revoir ses proches et ses amis, dont certains avaient partagé les bancs d'université, à la Faculté de Philosophie & Lettres.
C'est précisément là-bas qu'elle avait fait la connaissance de mon épouse. Le lien s'était alors renforcé, notamment par le biais d'une amie commune, devenue par la suite très proche de la famille. Nous avions revu Aline l'été dernier, à l'occasion d'une fête. Elle était radieuse et épanouie.
Ce 22 mars 2016, elle avait, sans le savoir, et comme des dizaines d'autres personnes, rendez-vous avec son destin. “Un jour au mauvais endroit”, pour reprendre les paroles de Calogero... Elle qui, pourtant, avait l'habitude de bourlinguer à travers le Monde, sac au dos et exposée à tous les dangers, elle allait trouver la mort à deux pas de chez elle, en empruntant sa rame de métro quotidienne, à hauteur de Maelbeek. Victime du fanatisme, de la haine et de la violence. De la bêtise humaine aussi.
La France se remettait à peine de ses propres attentats, terriblement meurtriers...
Comme toujours, dans pareille situation, le trouble et la confusion s'installent, malgré une action rapide et efficace des services d'intervention. Personne n'avait pu joindre Aline dans le courant de la journée, en raison d'une saturation des lignes téléphoniques. Ses parents, horriblement inquiets, tentent alors, à de nombreuses reprises, de la rappeler en soirée. Sans succès.
Très rapidement, un avis de recherche est lancé via les réseaux sociaux. La Maman d'Aline crée par ailleurs un blog sur lequel elle dépose régulièrement des messages relatifs à sa fille disparue. Son Papa, médecin généraliste, laisse quant à lui un message explicite sur le répondeur de son cabinet de consultation. Les heures, les jours passent et l'angoisse prend le dessus. Où est Aline? Qui l'aurait vue ce matin-là? Se trouvait-elle vraiment dans le métro dans lequel l'explosion s'est produite?
L'attente devient insoutenable et aucun hôpital ne renseigne son signalement. Sa photo, ainsi que celle d'autres personnes manquant à l'appel, est diffusée largement dans les médias.
Affichant un courage sans borne, ses parents, ses amis, se refusent au pire. Les recherches s'intensifient, avec l'aide de la DVI, la cellule d'identification des victimes. Tant qu'il n'y a aucune nouvelle d'Aline, une lueur d'espoir subsiste...
Sur son blog, où les messages de sympathie affluent, la Maman inscrit des phrases déchirantes: “Et j'ai crié, crié, Aline, pour qu'elle revienne” ou 'J'espérais que ce n'était qu'un cauchemar”.
Ce samedi de Pâques, sur le coup de 15h, notre espérance allait pourtant se transformer en triste évidence. Un simple texto de trois mots. Cruels, abrupts:, “Aline est décédée”. A la révolte s'ajoute un questionnement. Pourquoi? Pourquoi elle? Pourquoi là? La question du comment devient presque secondaire, puisqu'Aline se trouvait sensiblement au coeur du drame. Sans doute, était-elle même à côté de son bourreau kamikaze au moment où il a actionné sa bombe. L'enquête déterminera les circonstances exactes de ces attaques successives.
Osons seulement espérer qu'elle n'ait pas souffert, qu'elle ne se soit pas rendu-compte de l'horreur qui allait se dérouler...
J'aimerais terminer cet hommage en lui adressant un message plus personnel:
Aline, les mots me manquent pour t'exprimer toute la douleur que nous ressentons tous aujourd'hui. Je te connaissais finalement très peu, mais avais appris à t'apprécier, notamment par le biais de ta bande de copines de l'ULg. Ton sourire, ta jeunesse, ta joie de vivre resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Va et repose en paix, puisque l'histoire en a décidé ainsi. Toutes mes pensées et prières vont vers toi et ta famille. La vie triomphera de la mort, crois-moi. Courage.
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