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Jacqueline de Romilly, ou Jacqueline Worms de Romilly1, née Jacqueline David (26 mars 1913 – 18 décembre 2010)2, est une philologue française, helléniste, écrivain et professeur.
Membre de l'Académie française, première femme professeur au Collège de France, elle est connue sur le plan international pour ses travaux sur la civilisation et la langue de la Grèce antique, en particulier à propos de Thucydide (objet de sa thèse doctorale). Elle est également parmi ceux qui étudient et écrivent sur L'Odyssée de l'aède Homère.
Née à Chartres en 1913, Jacqueline David est la fille de Maxime David, normalien, professeur de philosophie mort pour la France en 1914, et de Jeanne Malvoisin (devenue écrivain après la Grande Guerre).
Elle suit ses études à Paris, d'abord au lycée Molière, où elle est lauréate du concours général de latin et deuxième prix en grec ancien en 1930. Après sa khâgne au lycée Louis-le-Grand, elle est admise à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm (promotion 1933 [entre 1926 et 1939, l'École normale supérieure de la rue d'Ulm est ouverte aux jeunes filles]). Élève de l'helléniste Paul Mazon, elle est reçue à l'agrégation de lettres en 1936. Elle se marie en 1940 avec Michel Worms de Romilly, dont elle divorce en 1973.
D’origine juive par son père, elle est suspendue de ses fonctions par le régime de Vichy en 1941 ; elle est même alors obligée de se cacher. Enfin, elle obtient son doctorat ès lettres en 1947.
Après avoir enseigné un temps au lycée, Jacqueline de Romilly devient professeur à l'université de Lille, puis à la Sorbonne (de 1957 à 1973). En 1973, elle obtient la chaire de la Grèce (formation de la pensée morale et politique) au Collège de France, où elle est la première femme professeur.
En 1975, elle est élue à l'Académie des inscriptions et belles-lettres au fauteuil de Pierre Chantraine : elle est la première femme élue à cette académie, qu'elle préside en 1987. En 1989, elle devient la deuxième femme, après Marguerite Yourcenar, à entrer à l'Académie française : elle est élue au 7e fauteuil, occupé précédemment par André Roussin, le même jour que le commandant Cousteau. Elle reçoit Hector Bianciotti en 1997, est déléguée à la Séance publique annuelle des Cinq Académies en 1994 et en 2008. Elle devient « doyenne d’âge » de l’Académie française à la mort de Claude Lévi-Strauss en 2009.
Obtenant la nationalité grecque en 1995, elle est nommée « ambassadrice de l'hellénisme » en 2000.
En 1992, elle fonde l'association de Sauvegarde des Enseignements Littéraires, dont elle reste ensuite présidente d'honneur.
Elle préside l'association Guillaume Budé, puis en devient présidente d'honneur.
Jacqueline de Romilly s'est convertie au catholicisme en 2008, à quatre-vingt-quinze ans. ( En tant que catholique, je trouve cela désolant. A cet âge avancé, il est tellement facile d'abuser ; Quelle duperie.)
Un collège de Magny-le-Hongre est baptisé « Collège Jacqueline-de-Romilly » en 2009.
Elle meurt à 97 ans, presque aveugle et sans enfant ni famille, à l'hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt, le 18 décembre 2010
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Jacqueline de Romilly disait d'elle-même, avec un humour résigné, ne pas avoir eu, « bien sûr », la vie qu'elle souhaitait :
« Avoir été juive sous l'Occupation, finir seule, presque aveugle, sans enfants et sans famille, est-ce vraiment sensationnel ? Mais ma vie de professeur a été, d'un bout à l'autre, celle que je souhaitais. »
— Cité par Le Figaro, le 19 décembre 2010.