Le télégramme
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Il n’y a pas que le monde de la musique bretonne qui rend un hommage unanime à la chanteuse Louise Ebrel, disparue lundi soir. Loïg Chesnais-Girard, président de la Région, salue « un modèle ».
Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne : « Une très grande voix de Bretagne vient de s’éteindre aujourd’hui. Louise Ebrel a toujours osé dans sa vie : parler breton à l’école en son temps, monter sur scène, moderniser le chant. C’est à cette capacité à oser sans cesse et à sa qualité artistique que je souhaite rendre hommage. Sa voix vient de s’éteindre, certes, mais son parcours mêlant courage et expérience doit rester pour nous un modèle et continuer à nous encourager à faire entendre, partout, la richesse, la beauté de nos chants bretons. À sa famille, au nom de la Bretagne, je présente mes condoléances ».
Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale : « Louise Ebrel était de celles et ceux qui travaillent sans cesse à faire vivre notre si singulière culture orale. Digne héritière des sœurs Goadec, elle a perpétué la tradition familiale tout au long de son existence en portant haut les couleurs du kan ha diskan. Son inépuisable joie, son opiniâtreté, son courage, son énergie et son franc-parler ont marqué durablement le centre Bretagne. Elle laisse une marque vivace dans nos cœurs. Dans son sillage, subsisteront un riche patrimoine et d’ineffables souvenirs pour toutes celles et tous ceux qui ont croisé son chemin. Saluons la mémoire de cette grande dame, qui n’a jamais arrêté de chanter. Mes sincères condoléances et mes pensées solidaires et chaleureuses accompagnent son époux Albert, ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, ses proches et ses camarades de chant ».
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La Bretagne a perdu l’une de ses grandes voix
Denez Prigent, chanteur : « Louise Ebrel avait la voix grave de sa mère et de ses grands-mères, auprès desquelles elle avait aussi appris son répertoire. Elle avait hérité de sa mère, mais aussi de son père, son extraordinaire puissance vocale qui se prête tant au kan ha diskan pour amener le public à la danse. Sa voix très souple lui donnait aussi la possibilité de chanter en français, notamment Mouloudji, qui était son chanteur préféré. Louise avait aussi un sens du rythme hors du commun, comme sa mère, qui était elle-même un vrai métronome. Nos voix et nos styles étaient amenés à se rencontrer. Nous chantions dans la même tonalité. Nous étions deux chevaux au galop. Nous avons toujours éprouvé beaucoup de plaisir ensemble, sur scène et avant la scène aussi. Que de grands moments ! Ça restera à jamais l’une des pages importantes de mon parcours musical ! »
Éric Legret, photographe : « Juste avant sa collaboration avec les Ramoneurs de menhirs, on s’était vus à Treffrin, à l’été 2016, et elle m’avait demandé : "Tu connais toi, un certain Loran Béru, un punk ! Je vais chanter certainement dans son groupe. Il a un look un peu bizarre mais qu’est-ce qu’il est gentil et intelligent ! Je lui ai répondu que je le connaissais, en effet, et je lui ai passé quelques morceaux des Bérurier Noir : « Porcherie », « Nuit apache », « Vive le feu »… Elle a bien rigolé avec Albert et m’a dit : « Ça va faire du reuz… ». Je l’ai photographiée la première fois sur scène, à Quimper, en 1997, avec Eugénie Goadec et Yann Fanch Kemener… ».
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À Quimper, les premiers hommages à Louise Ébrel
Richard Bévillon, musicien au sein des Ramoneurs de menhirs : « C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès de Louise, ce mardi matin. C’est 30 ans d’amitié et de musique qui s’en sont allés. Je n’oublierai jamais son talent et son sens de l’humour. Elle va beaucoup me manquer. Je pense à son mari, Albert, à ses enfants également ! Kenavo Louise ! ».
Éric Gorce, sonneur des Ramoneurs de menhirs : « Louise, c’était notre grand-mère. J’avais un lien particulièrement fort avec elle. C’était une très bonne amie que je connaissais avant qu’elle ne rejoigne le groupe. J’ai sonné la première fois avec elle en 1993 et nous sommes devenus très proches. Quand les Ramoneurs ont démarré, nous l’avons invitée. Elle était toujours à plaisanter. Elle était extraordinaire de joie et de gaieté. C’était aussi quelqu’un de formidablement sincère. Je crois qu’elle a beaucoup aimé son expérience avec les Ramoneurs, qui lui a permis de voir un autre public que celui du fest-noz. Les jeunes étaient fans de Louise et l’acclamaient. Cela lui mettait la larme à l’œil. Elle avait traversé une période difficile avec le décès de sa fille il y a un an et demi, et cela l’avait amenée à mettre sa carrière entre parenthèses. Mais elle allait mieux depuis quelques mois et elle était à nouveau pleine de projets ! Aujourd’hui, je préfère me rappeler les bons souvenirs, comme ce jour, à Châteauneuf, où elle a interpellé un punk qui s’amusait à faire la circulation. Elle était au volant de sa voiture et il y avait un peu de circulation. Elle a baissé sa fenêtre et lui a lancé : « Eh oh ! Moi, je chante avec les Bérurier Noir, tu vas me laisser passer ! »
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« Louise Ebrel, c’était la bonne humeur, le chant, une énergie époustouflante, une joie de vivre »
Jean-Pierre Riou, chanteur de Red Cardell : « Louise Ebrel était quelqu’un d’extraordinairement bienveillant. Son personnage va beaucoup nous manquer, mais il faut essayer de garder à l’esprit sa joie de vivre, qu’elle savait si bien diffuser sur scène. Il y avait une grande force en elle qu’elle savait si bien exploiter artistiquement ! ».
Pêr Vari Kervarec, chanteur et sonneur : « Quand j’avais 10 ans, je jouais de la bombarde au Bagad Bro Foën, et je m’étais cassé le bras. J’ai rencontré Louise à ce moment-là, qui m’a dit qu’elle allait m’apprendre à chanter puisque je ne pouvais plus sonner avec un bras en moins. Depuis ce jour-là, quand on se voyait, on se remémorait ce moment. Elle m’a transmis l’envie de chanter, sans aucun doute, cette grande dame ».
Gaël Lefévère, talabarder de la formation Hiks : « Louise Ebrel était une personne très ouverte d’esprit, curieuse de tout ce qui se passait dans le domaine de la culture bretonne ; Elle n’hésitait pas à faire du punk un jour, et un concert a l’église le lendemain, avec un répertoire familial, ou appris tout au long de sa vie… Elle n’hésitait pas non plus à le partager également à la nouvelle génération… Je la croisais souvent.. Nous discutions avec plaisir… Elle aimait ce que nous faisons. Je n’ai jamais partagé la scène avec elle mais j’aurais bien aimé, comme beaucoup je crois ! »