Et ce fameux article!
message de Michel
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Message :
Les deux voix de Nolwenn (20/03/2004)
Elle a tout pour devenir une géante de la chanson. Mais elle doit encore travailler
BRUXELLES »Ça commence bien!» Nolwenn Leroy l'a dit au moins trois fois, juste après avoir terminé sa première chanson, jeudi soir, à Forest National, alors que son public lui faisait un premier triomphe et que la belle, émue, n'arrivait plus à masquer ses larmes. Elle est sensible.
Cette première chanson était d'emblée son grand succès, Suivre une étoile (qu'elle reprendra tout à la fin de son spectacle). Elle apparaissait en ombre chinoise, derrière un paravent et entrait sur scène en robe curieuse: body blanc décoré de voiles roses, avec un autre voile accroché à son épaule droite.
Dans la salle, son public se partage en trois parts égales: un tiers d'enfants, un tiers d'ados et un tiers d'adultes. On dirait que Nolwenn cherche surtout à séduire les petites filles. Et, un peu plus tard, lorsque, dans cette robe Cendrillon façon Chantal Goya, elle reprend (remarquablement) Les Marquises de Jacques Brel, il y a manifestement quelque chose qui ne va pas.
Dans la deuxième partie de son spectacle, elle est en pantalon (un jeans noir) et c'est déjà mieux.
Mais avec une voix comme la sienne et surtout ses positions de corps souvent cambrées, il est clair qu'un ensemble classique est ce qui lui conviendrait le mieux. Certes, cela ferait moins ado, mais il n'y aurait pas ce formidable et épouvantable coup de poing visuel sur cette scène.
Nolwenn mérite mieux que cette robe atroce. Parlons de sa voix. Le simple fait de prononcer le nom de Nolwenn suggère une voix grave, belle et puissante. Cette voix est là, bien présente. Tout à la fin, sa version de Cassé est encore plus stupéfiante que sur le disque. Sans parler de ses chansons plus symphoniques (appuyées d'ailleurs par un quatuor à cordes) comme Inévitablement ou Jure-moi. Mais, et c'est rare, en voix haute, son timbre quitte le grave et sa voix devient complètement claire et pure. C'est le cas dans certaines reprises comme Crucify de Tori Amos. Si bien qu'il ne faut jamais parler de la voix de Nolwenn, mais de ses deux voix.
Le spectacle a été conçu par un metteur en scène et les idées sont nombreuses. Sur les écrans géants, les cartes d'un tarot se succèdent au gré des chansons. Parfois, elles cèdent la place à une autre illustration. Sur Les Marquises, c'est une fleur floue.
Pour 14 février, Nolwenn est à genoux devant un cercle de petites bougies qu'elle déplace lentement.
Musicalement, elle va là où on ne l'attend pas. Notamment au coeur du rythme avec des reprises de I'm so excited ou de J'irai au bout de mes rêves de Goldman. Et surtout une magnifique version de Lettre à France de Polnareff.
Dans une soirée très spéciale pour elle, puisque Forest National était l'ultime étape de sa première tournée, Nolwenn va surprendre son monde en jouant du violon ou, en rappel, en venant chanter en s'accompagnant seule au piano.
Le public va s'en mêler. A l'entrée, beaucoup ont reçu une rose et ces roses tendues dans le ciel accompagneront une ballade. Plus tard, ce seront des feux de Bengale...Nolwenn a tout pour elle : le charme (pour autant qu'elle gagne en élégance), la voix, les idées... Mais elle n'est pas encore la véritable meneuse de revue de son spectacle. Pourquoi cette femme d'à peine 21 ans, si bavarde dans la vie, si brillante dans ses interviews, est-elle si conventionnelle quand elle s'adresse à son public ?
Eddy Przybylski
© La Dernière Heure 2004
"Le talent sans génie est peu de chose; le génie sans talent n'est rien" Valery.