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La Bretagne, valeur refuge
30 décembre 2011
En temps de crise financière, l'or monte. En temps d'incertitudes sociales et culturelles, la Bretagne semble être devenue, elle aussi, une valeur refuge.
La Bretagne a la cote. Alors que s'achève 2011, les projections de l'Insee établies cette année laissent entrevoir un gonflement démographique dans les prochaines décennies, et pas seulement dans la strate des retraités. Les régions de Rennes et Nantes offrent, certes, des projections plus flatteuses que la pointe armoricaine mais les chiffres sont là: ils dessinent le profil d'une Bretagne valeur refuge, face aux grands problèmes qui agitent la société française.
Pas de montée des extrêmes
La délinquance, devenue, en une vingtaine d'années, une préoccupation majeure, épargne relativement la Bretagne, à de notables exceptions près. Le tissu rural et la situation géographique, éloignée des grands réseaux internationaux de criminalité, ont été autant de paravents. Contrairement à d'autres régions françaises, l'immigration n'a pas, non plus, suscité de tensions communautaires. Le sujet est à prendre avec des pincettes mais la réalité est là: la Bretagne n'est pas une grande terre d'immigration, si ce n'est celle des résidents d'Outre-manche pour qui elle constitue une sorte de seconde patrie depuis les grands mouvements migratoires des VIe et VIIe siècles. Cette situation a eu pour effet d'éviter la montée des extrêmes et de générer une vie politique et sociale plutôt paisible, à l'écart des positions radicales des deux bords. Ce n'est sans doute pas tout à fait par hasard si elle a été la première région de France à élire un maire noir d'origine africaine, Kofi Yamgnane, comme elle fut, jadis, la première à élire (illégalement) une femme conseillère municipale à Douarnenez (29).
Le bien vivre ensemble
La Bretagne offre bien d'autres caractéristiques de la valeur refuge. Aucune autre région française n'a un tel réseau associatif, témoignage à la fois d'un esprit de solidarité et de liens sociaux qui perpétuent une tradition du bien vivre ensemble. Ils expliquent, en partie, l'attrait de la région dont les projections de l'Insee donnent le reflet statistique. Lors de son passage à Crozon(29), en juillet, Nicolas Sarkozy a mis en exergue une autre caractéristique: la bonne conservation du littoral breton qui a globalement échappé aux affres du bétonnage. Et qui serait à citer en exemple s'il n'y avait pas la détestable exception des algues vertes.
Envie de Bretagne
Et puis, bien sûr, cerise sur le gâteau breton, la vie culturelle de l'Armorique multiséculaire fait figure de modernisme à l'heure d'une mondialisation brouillonne, là où, jadis, on la reléguait au rang du ringardisme confit. Le succès faramineux du disque de Nolwenn Leroy, «Bretonne», n'est, du reste, pas un phénomène régional. Qui aurait parié que, même montée par une aussi jolie cavalière, la «Jument de Michau» allait gagner le prix de l'Arc de triomphe? Ce véritable phénomène musical semble traduire une envie de Bretagne qui se manifeste dans tout l'Hexagone, avec un prolongement spectaculaire dans la flopée de films tournés cette année dans la région. La Bretagne cartonne sur les écrans. L'exemple le plus récent a été, justement, fourni par le record d'audience de NolwenLeroy chez Michel Drucker mais aussi par l'émission «Des racines et des ailes»spécial Bretagne -seulement devancée par «Les Experts»-, alors qu'il ne s'agissait que d'une rediffusion. En 2012, le cinéma français va dérouler l'impressionnante production bretonne de cette année d'exception. Jusqu'à la minuscule île de Molène(29), théâtre du film «Les Seigneurs» et qui vient également d'être choisie par Samsung pour le tournage d'une campagne de publicité.
Tourisme. Peut encore mieux faire...
La Bretagne a la cote. Mais cet élan ne se traduit pas complètement dans la fréquentation touristique. Question d'organisation?
Avec plus de 40.000 emplois directs, le tourisme est un secteur d'activité important en Bretagne. Et ceux-là, au moins, ne sont pas délocalisables. Mais il reste encore à faire pour que l'élan que suscite la Bretagne trouve une meilleure traduction dans les chiffres de fréquentation.
Millefeuille
La région et les départements tiennent actuellement des réunions informelles pour mieux harmoniser leurs compétences respectives dans tous leurs domaines d'intervention. De toute évidence, il y a de multiples doublons et le tourisme n'est pas le secteur le plus épargné par cette tendance. Entre la Région, les départements, les pays, les intercommunalités et les communes, la multiplication des structures touristiques est telle qu'elle confine au millefeuille, aussi épais que la prolifération de brochures touristiques éditées par les uns et les autres. C'est un domaine où, de toute évidence, une harmonisation ne serait pas superflue, pour éviter la dispersion des initiatives et l'émiettement budgétaire, comme en conviennent nombre d'élus bretons.
La Bretagne, ça marque!
Mais sans doute est-il aussi nécessaire d'éviter la dispersion des messages pour se concentrer sur l'essentiel. La récente adoption de la marque Bretagne a été accompagnée d'une étude qui donne un fort coefficient de notoriété à ce nom, bien au-delà des frontières françaises. Elle prouve que c'est sur ce concept que doit se concentrer la communication régionale et qu'il n'est peut-être pas indispensable de s'éparpiller vers d'autres chemins de traverse, comme Breizh touch ou la campagne Be Breizh, concepts qui, pour des touristes hollandais ou même anglais, doivent être du chinois. Et puis quitte à lancer Breizh touch ou Be Breizh, pourquoi ne pas aussi nous sortir le Be new?
http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/bretagne/2011-la-bretagne-valeur-refuge-30-12-2011-1551609.php#
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