Enregistré le 28/11/2003
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Pourquoi avez-vous mis dix ans avant de revenir avec un album de chansons originales ?
>> Ce qui compte, c'est que je fasse plaisir, à moi et aux autres. Quand j'ai fait La Septième Vague, je me disais que j'allais faire le disque que j'adorerais écouter en rentrant de la plage au moment du soleil couchant. Après il y a eu la tournée, puis le disque anniversaire de Rockollection (Recollection en 2008, ndlr). J'ai fait la musique du film de Jean Becker La tête en friche , une chanson pour Marianne Faithfull, une autre avec Alain Souchon pour Eddy Mitchell.
Avez-vous conscience de surprendre avec un tel disque ?
>> Je vous assure que non. Depuis que j'ai commencé la promotion, j'entends ça. Je suis surtout dans une recherche d'émotions absolues.
Quelles étaient vos intentions initiales ?
>> Alors que je n'avais aucune chanson, je suis rentré en studio en octobre 2009 et je dis à Franck Eulry - qui a co-réalisé le disque avec moi - qu'on va faire un album electro.
Et médiéval ?
>> Pas au départ. J'en ai parlé à Alain Souchon. Il me répond que c'est parfait, que ce sera instrumental. Je lui glisse qu'il y aura certainement des textes. Quelques minutes plus tard, il revient à la charge et me conseille de mettre des poèmes sur de la musique electro. Ça ne m'a pas fait tilt de suite mais le lendemain j'ai réfléchi. Comme je suis attiré par cette période, je me suis dit que j'allais mettre des poèmes du Moyen Âge. Quand j'ai attaqué le premier morceau qui deviendra plus tard C'était déjà toi, j'ai été rattrapé par la mélodie, je suis revenu dans un format couplet/refrain. Là, j'ai pensé que ça n'allait pas forcément être electro mais qu'en revanche j'allais garder comme fil conducteur le Moyen Âge.
À qui avez-vous d'abord pensé ?
>> À Charles d'Orléans dont j'avais appris un poème quand j'étais petit. Et j'ai mis en musique Ma seule amour. Petit à petit, l'album a basculé doucement vers un album pop avec comme angle la France et l'Angleterre.
D'où le titre « Lys & Love » ?
>> J'ai même voulu ne l'appeler que Lys. Mirella, mon épouse, a trouvé ça très beau. Mais d'autres m'ont dit que je n'allais quand même pas appeler un album comme ça, qu'on allait croire que je suis royaliste. J'en ai parlé à un ami journaliste avec qui j'ai un projet de livre et c'est lui qui a eu l'idée du titre.
Comment vous est venue cette passion pour le Moyen Âge ?
>> C'est ma mère qui m'a offert un château fort. Ce n'est pas ça qui m'a fait aimer le Moyen Âge mais c'est ça qui a révélé cette attirance. Depuis longtemps, j'écoute cette musique-là. La toute première chanson que j'ai composée pour un copain, c'était un plagiat des Beatles (rires). Pour la deuxième, j'avais 15 ans et je disais : « Comme j'aurais aimé vivre à l'époque du Moyen Âge ». Malgré mon amour pour la musique pop et les Beatles, j'avais déjà cette passion.
Est-ce vrai que vous n'avez terminé l'album qu'il y a quinze jours ?
>> J'ai fini le 14 novembre à 12 h 45. J'avais un ultimatum que j'ai repoussé de trois jours. Après, le disque ne sortait plus. Tous mes albums finissent dans l'urgence.
Comment l'expliquez-vous ?
>> Ce n'est pas normal (rires). Je ne comprends pas moi-même comment je peux mettre autant de temps pour faire un album et finir sans cesse à l'heure près.
Cela ne vous stresse pas ?
>> J'ai horreur de ça. La dernière semaine, je n'ai presque pas dormi.
Roger Daldrey (The Who) pose sa voix sur « Ma seule amour »...
>> Quand j'ai commencé à l'appeler pour l'album, il était en tournée en Angleterre. Je l'ai loupé alors qu'il est passé pas loin de là où j'habite. Ensuite, il était injoignable aux États-Unis.
Trois jours avant la remise du disque, je décroche mon téléphone. Et j'entends : « Who is it ? ». Je réponds : « Laurent ». Et il dit : « C'est incroyable, jamais je ne réponds sur ce téléphone ». Il ne pouvait pas venir chanter avant mardi. Il a fini par trouver un studio pas très loin de chez lui à la campagne. Quand j'ai entendu au milieu de la nuit la façon dont il chantait, j'en ai eu les larmes aux yeux.
Vous avez enregistré les cordes à Abbey Road. Un rêve ?
>> Complètement. J'ai souvent rôdé devant le studio. Là, j'y suis allé comme musicien donc vous n'imaginez même pas la sensation. Pour moi, c'est comme un temple. Surtout le studio 2 dans lequel on enregistrait beaucoup de groupes dont les Beatles. Et moi maintenant (rires).
Qui est « Jeanne » ?
>> Il y a deux explications. Celle du disque d'abord, c'est-à-dire qu'elle est sur un tableau du XVe siècle qui me fascine. La seconde, c'est que le nom m'est arrivé dans un rêve. J'ai ouvert les yeux et je me suis dit ce sera la titre de la chanson.
Chaque chanson, c'est à la fois une histoire avec une ambiance et des bruits qui s'entrechoquent...
>> Le plus important, c'est l'histoire. On a fait l'expérience avec et sans bruitages. Il ne faut pas faire un disque d'illustrations sonores. En même temps, j'adore les cloches. Quand je les entends, j'ai l'impression que c'est à la fois l'éternité et l'enfance. Cela collait bien avec la chanson En regardant vers le pays de France.
Un titre dans lequel on retrouve Nolwenn Leroy.
>> Je voulais qu'elle soit absolument sur le disque. Elle est venue en studio pour les choeurs et comme j'avais oublié d'enregistrer la modulation, elle s'est retrouvée toute seule à un moment. Et là j'ai trouvé ça sublime, une voix un peu à la Mike Oldfield.
Votre album avec Alain Souchon n'est-il pas en train de devenir l'Arlésienne ?
>> Je sais (rires). Mais on a réellement envie de le faire. On a écrit quatre chansons. En 2012, on a décidé d'une date pour s'y remettre.
Vous habitez en Angleterre et en France. Un besoin pour votre équilibre ?
>> C'est un peu le hasard. On devait rester un an en Angleterre et on a prolongé d'année en année. Et là ça fait six ans maintenant. Mon quatrième fils est à l'école là-bas.
PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICE DEMAILLY
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