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Bien sûr qu'elle était attendue au tournant après son triomphe discographique. Et on peut désormais affirmer que l'essai scénique est transformé. Nolwenn Leroy occupe avec brio les territoires celtes.
Dans la pénombre, elle empoigne le micro. Ouvre avec un Women of Ireland d'une beauté solennelle.
Somnambulisme rêveur et pérégrination initiatique. La jubilation prend le pas. Clin d'oeil aux Dubliners et aux Pogues pour une bombarde énergique ( Dirty old town) suivie d'un fougueux Whiskey in the jar. Nolwenn Leroy s'affirme sans détours, entière et vraie.
Charnelle, lumineuse, légère, flamboyante, Elle fait parler ses tripes dans un écrin façonné à sa vraie mesure. Et réussit le pari de fédérer toutes les tendances de la musique celtique. Des attaques vigoureuses. Un élan lyrique. Des chansons intemporelles qui nourrissent l'imaginaire comme le ferait un druide de Brocéliande. Aucune barrière en vue.
Nolwenn se déhanche dans une tunique mousseline pailletée. Mélange les langues (breton, anglais, français, gaélique...). Excelle au violon. Se laisse happer à l'intérieur d'une jungle d'instruments. Et puis il y a la voix souveraine - quand elle n'est pas noyée par la puissance sonore (Le rêve des filles, Brest) - qui ondule au gré des orchestrations : limpide Amazing Grace, grâce étincelante de Karantez Vro, pop en éventail sur des titres de Mike Olfield (To France, Moonlight Shadow), rythmique blindée (Sunday Bloody Sunday). Le public adhère à la vibration des hymnes comme le fiévreux Le Bagad de Lann Bihoué ou le définitivement populaire Tri Martolod.
Sur scène, l'artiste semble possédée. Loin, très loin de l'image glaciale que ses détracteurs ont tendance à lui coller. En rappel, un émouvant Je ne serai jamais ta Parisienne ainsi que Dans les prisons de Nantes et La Jument de Michao, si chères à Tri Yann. Deux chansons sangsues et festives qui justifient à elles seules la démarche passionnelle dans laquelle Nolwenn Leroy s'est engouffrée avec affection et admiration. Qui osera encore dire, après ça, que les musiques celtiques sont primaires ou arriérées ?
PATRICE DEMAILLY
http://www.nordeclair.fr/Loisirs/Musique/sorties_disques_-_rencontres/2011/10/28/nolwenn-leroy-celte-attitude.shtml/quote]