Grand Prix du Disque du Télégramme Nolwenn Leroy lauréate avec «Bretonne»
3 février 2011 -
Les internautes ont attribué le huitième Grand Prix du Disque du Télégramme à «Bretonne» de Nolwenn Leroy. C'est la première fois qu'il est décerné à l'issue d'un vote populaire. Entretien avec une chanteuse (très) émue.
Vous êtes la lauréate du huitième Grand Prix du Disque du Télégramme. Comment réagissez-vous au choix des internautes ?
C'est super émouvant ! Cela veut dire beaucoup pour moi : ce n'est pas n'importe quel prix ! Oui, je suis très émue, parce qu'il récompense un projet qui me tenait à coeur et qui représentait comme une sorte de parenthèse dans ma carrière. L'idée de l'album était de rendre hommage à la Bretagne, à la langue bretonne et aux chanteurs qui la font vivre. Alors, de recevoir pour lui le Grand Prix du Disque du Télégramme, c'est tout bonnement incroyable ! Je le prends avec beaucoup de modestie. Il me semble revenir de droit à ceux qui défendent depuis toujours la langue et la culture bretonnes.
Vous avez été élue par les lecteurs du quotidien breton. Le plaisir d'être reconnue par les siens possède-t-il une saveur particulière ?
Bien sûr, c'est un grand bonheur pour moi que cet hommage ait été bien perçu par la Bretagne et les Bretons bretonnants. Je ressens une vraie fierté, parce je savais qu'ils seraient les plus difficiles à convaincre. Contrairement d'ailleurs à ce qu'on me disait à Paris, où les gens affirmaient que le disque ne pourrait marcher qu'en Bretagne. Je m'élevais contre leurs propos, en affirmant qu'à l'opposé, c'était un projet très fédérateur, et que penser que ses sonorités étaient incapables de franchir ses frontières naturelles témoignait d'une réelle méconnaissance de cette musique !
0n a aussi pu lire sur le site internet des commentaires négatifs à propos de votre album, auxquels d'ailleurs vos défenseurs répondaient avec passion...
Vous savez, les commentaires négatifs, j'ai l'habitude... Souvent, notre voisin breton se sent plus breton que nous, c'est un peu comme ça. Aux critiques, je réponds, très humblement, que c'est une fierté pour moi de pouvoir donner à la langue bretonne la place qu'elle mérite dans les médias nationaux. Je pense que tous les Bretons bretonnants pourraient être contents au moins de cela. Grâce à la notoriété que j'ai acquise en dix ans de métier, je suis heureuse de pouvoir offrir à la langue bretonne la place qu'elle mérite. Je suis ravie également de contribuer à la faire découvrir à tous ceux qui ne la connaissent pas. Faire exister le breton sur des radios nationales, rentrer sur NRJ avec «Tri Martolod», faire entendre la version originale d'Alan Stivell aux gens de ma génération qui n'en connaissaient que son adaptation de Manau, c'est magique ! De toute façon, lorsque des gens décident de la légitimité qu'on a ou pas à enregistrer des chansons, on glisse sur des pentes dangereuses... Bien sûr. Ma légitimité, c'est que je suis bretonne. La pochette de l'album l'illustre bien. Je suis de Saint-Renan. J'aurais aussi envie de dire que, depuis dix ans, il y a toujours eu des clins d'œil au monde celte dans ma musique : tant dans les textes que dans les sonorités.
«Bretonne» caracole en tête des ventes nationales de disques. Comment expliquez-vous un succès aussi phénoménal qu'inattendu ?
Je me dis aujourd'hui qu'un succès, comme un échec, est toujours inattendu. Ce qui peut surprendre, c'est que je ne suis pas une chanteuse celtique à l'origine, même si j'aime cette musique depuis toujours. Au départ, mon projet était tout simple : me faire plaisir à travers un album rendant hommage à mes racines, à mon histoire. Quelques personnes trouvaient l'idée originale et intéressante, mais ce n'était pas gagné (rires). L'ampleur énorme que cela a pris dans la France entière démontre combien cette musique et cette culture sont universelles, modernes et intemporelles.
Grâce à la reprise que vous en faites, la chanson «Brest» de Christophe Miossec remporte pour la deuxième fois le Grand Prix du Disque du Télégramme, puisqu'elle figurait déjà dans son album «1964», lauréat 2004. Que pensez-vous de votre prédécesseur au palmarès ?
J'ai toujours été une grande fan de Christophe Miossec. Je le considère comme un des plus grands auteurs francophones d'aujourd'hui. Lorsque j'ai commencé à travailler sur l'album, mon idée était de faire cohabiter des chansons traditionnelles avec des plus récentes évoquant pour moi la Bretagne. Et je n'envisageais pas de ne pas chanter «Brest» (rires) ! Christophe a eu une attitude qui m'a énormément touchée lorsque je l'ai contacté. Il m'a dit qu'il trouvait mon projet surprenant, original, et qu'il était content que je reprenne «Brest». Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il m'offre en plus la chanson «Je ne serai jamais ta Parisienne». C'est le seul titre inédit de l'album, et il est magnifique ! De travailler avec Didier Squiban qui en a écrit la musique a aussi été un véritable bonheur.
Envisagez-vous un volume 2 de «Bretonne» ? Je ne sais pas s'il y aura véritablement un volume 2, mais j'ai envie d'un album composé cette fois uniquement de chansons originales, qui s'inscrirait musicalement dans la même veine. Je pense à un album pop, moderne et celtisant, incorporant certains instruments qui me donnent la chair de poule et que j'ai très envie d'avoir sur scène à mes côtés.
* Propos recueillis par Frédéric Jambon
«C'est une fierté pour moi de pouvoir donner à la langue bretonne la place qu'elle mérite dans les médias nationaux.»
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