Nolwenn Leroy en pays celte
Publié le mercredi 15 décembre 2010
Une enchanteresse plongée dans des chants traditionnels et d'aujourd'hui.
Cet album de Nolwenn Leroy a été réalisé par l'excellent Jon Kelly (Kate Bush, Tori Amos, Melody Gardot...). Cet album de Nolwenn Leroy a été réalisé par l'excellent Jon Kelly (Kate Bush, Tori Amos, Melody Gardot...).
Elle n'est finalement jamais là où l'on attend, Nolwenn Leroy. À la suite de l'échec injustifié de son précédent album, la voilà de retour avec « Bretonne ».
Comment avez-vous vécu l'échec public du « Cheshire Cat » ?
>> Il y a quand même eu des choses fabuleuses qui se sont passées grâce à cet album. Certains médias, qui ne s'intéressaient pas à moi auparavant, ont salué ce disque.
Ce disque a-t-il eu un impact sur votre image ?
>> Il m'a permis d'avoir une vraie crédibilité. C'est toujours une avancée que d'être reconnue par ses pairs en tant qu'artiste. Curieusement, ça s'accompagne rarement d'un succès commercial. Finalement, quand un journaliste aime, ce n'est jamais bon signe (rires).
Avez-vous été néanmoins touchée d'un point de vue personnel ?
>> Ce n'est pas le fait que ça ait moins bien marché commercialement qui a été frustrant mais c'est que certains médias qui relayaient auparavant mes projets se sont faits plus rares car ils trouvaient le disque trop « indé ». Et ceux qui étaient intéressés n'en parlaient pas parce que c'était moi. Ils disaient en off : « C'est peut-être tôt pour nos lecteurs de voir Nolwenn Leroy dans nos pages ». Je pensais que la musique l'emporterait sur la communication.
Votre parcours est celui d'une femme libre ?
>> Je vais au bout de mes idées et de mes projets. Mes créations ne sont pas motivées par quelque chose de commercial comme on peut en accuser certains parfois.
Fallait-il revenir aussi vite ?
>> J'avais cette idée d'album depuis longtemps. Depuis mes débuts, Il y a toujours eu des clins d'oeil à la musique celte aussi bien à travers les textes qu'avec la présence de certains instruments.
La pochette de l'album vous montre enfant en costume traditionnel breton...
>> Je devais avoir trois ou quatre ans. J'ai fouillé dans les cartons de ma grand-mère cet été et je me suis dit que cette photo explique tellement bien les raisons de l'album. Il y a là une simplicité dans cette photo que j'aime. Je ne suis pas une chanteuse celte à la base, c'est juste un hommage rendu à ma Bretagne.
Pourquoi ne pas avoir appelé l'album « Finistérienne » ?
>> Parce que c'est déjà pris par Miossec. Il a eu l'excellente idée d'appeler son dernier disque Finistériens (rires).
Combien de temps êtes-vous restée en Bretagne ?
>> Jusqu'à mon entrée en sixième. Puis, je suis partie en Auvergne. La Bretagne, c'est ma Madeleine de Proust avec tous mes souvenirs de la petite enfance, les odeurs, les moments où j'ai crapahuté dans les rochers, où j'ai pêché. C'est une partie de mon identité. Pendant quelques années, je n'y suis pas retournée et ça m'a terriblement manqué.
Votre premier baiser aussi ?
>> Oh la la (rires). Il est arrivé bien plus tard. J'étais la grande romantique, il fallait que ce soit le bon moment.
Plutôt noble, non ?
>> J'en suis fière. Vous savez, j'aurais adoré vivre à une autre époque. Je suis très XVIIIe, même dans la décoration.
Comment s'est faite la sélection des chansons ?
>> Je voulais travailler sur un album qui soit ma bande-son favorite de la Bretagne. Elle est composée de chansons traditionnelles notamment en breton et en gaélique que le reste de la France connaît moins.
Celles-ci cohabitent avec des morceaux d'aujourd'hui qui évoquent ma Bretagne : Brest de Miossec, Ma Bretagne quand elle pleut de Caradec, Le bagad de Lann-Bihoué de Souchon...
Était-ce une volonté que les arrangements soient modernes tout en ne dénaturant pas la mélodie initiale?
>> Je voulais faire exister les instruments celtes mais sur des arrangements pop. Sur La jument de Michao, il y a même des programmations.
Des chansons intemporelles ?
>> Absolument. Universelles aussi. La musique celtique dépasse largement les frontières de la Bretagne. C'est comme avec le jazz manouche : tu n'as pas besoin d'habiter dans une caravane ou de gratter une guitare pour aimer ce style de musique.
« Tri Martolod », c'est le chant traditionnel marin...
>> Pour les gens de ma génération, elle est connue par l'adaptation qu'en a faite le groupe Manau (La tribu de Dana, ndlr). J'avais vraiment envie de la faire redécouvrir avec le texte original d'Alan Stivell. Celui-ci a dit sur son forum qu'il était content du résultat, je suis donc très honorée.
On a traduit les paroles de « Suite Sudarmoricaine ». Osées ?
>> C'est une vraie chanson grivoise, tragico-comique. En Bretagne, il y a un certain recul par rapport à la maladie, la mort... Beaucoup de gens pensent que je ne sais pas ce que je chante.
Bien au contraire. J'ai adoré m'atteler à ce titre décalé.
Avez-vous pris des cours de breton ?
>> Bien sûr. Et je continue encore pour mon plaisir. J'ai adoré faire quelques titres en breton. Cela fait partie du quota français. En radio ou en télé, c'est une langue qui a des difficultés à exister. La place accordée aux langues régionales n'est vraiment pas énorme.
Comment est née « Je ne serai jamais ta Parisienne », chanson écrite par Miossec ?
>> Je lui avais écrit un mail pour lui dire que je souhaitais reprendre sa chanson Brest. Il m'a répondu en me disant qu'il trouvait le projet sympathique et qu'il aimerait même m'écrire une chanson originale. C'est d'ailleurs la seule du disque. Miossec est de très loin un des meilleurs auteurs francophones. Je connais toutes ses chansons par cœur.
Une tournée est-elle prévue ?
>> Il le faut. Ce sont des chansons populaires par essence. Elles ont été faites pour faire danser les gens. Bien sûr, je rêve de les chanter au festival Interceltique de Lorient, d'aller aux Vieilles Charrues.
Écrivez-vous actuellement ?
>> Oui. Je pense déjà au cinquième album.
Avec Laurent Voulzy comme pour « Histoires Naturelles » ?
>> Je ne crois pas qu'il ait le temps. Il y a son album à lui, celui en duo avec Alain Souchon. Mais dans le futur, pourquoi pas. Peut-être que si cet album trouve son public, on travaillera ensemble des chansons originales avec un son celtisant.
PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICE DEMAILLY > patrice.demailly@nordeclair.fr