Nolwenn Leroy, une Bretonne belle et rebelle
A peine a-t-elle décroché qu’elle s’enchante. «Je suis contente de vous entendre!» Au bout du fil, la voix de Nolwenn Leroy est cristalline et enjouée. La chanteuse française, 28 ans, défend avec entrain et bonne humeur son dernier album. Lorsqu’elle éclate de rire, on imagine la petite étoile dans ses yeux clairs, le combiné perdu dans ses cheveux noirs.
Vous sortez «Bretonne», un album de reprises de chansons… bretonnes! Pourquoi ce projet vous tenait-il tant à cœur?
Parce que c’est un retour à mes racines, à cet ensemble de sons, d’odeurs, de sensations qui ont marqué mon enfance. Ce disque raconte mon histoire, c’est ma madeleine de Proust. La bande-son originale de ma Bretagne à moi.
La seule composition originale du disque est signée Miossec. Quel lien entretenez-vous avec cet artiste?
Je l’admire, je suis fan depuis des années. A mon avis, il est l’un des plus grands auteurs francophones. Quand j’ai lu le texte deJe ne serai jamais ta Parisienne, je l’ai trouvé tellement beau et adapté au propos du disque… Je suis très fière de cette collaboration.
Est-ce votre chanson préférée?
Oui. AvecKarantez vro, un poème de la Bretonne Angela Duval etRentrer en Bretagne, qui est la chanson préférée de ma maman. Ça aurait aussi pu être le titre de l’album d’ailleurs.
Vous chantez en breton et gaélique. Vous aimez les langues?
J’ai toujours été fascinée par les langues. A 15 ans, j’ai eu la chance de partir vivre une année aux Etats-Unis. A l’école, j’étais dans une classe spéciale où on suivait plus d’heures d’anglais. Et maintenant, j’ai développé une véritable passion pour le breton. Sans parler du gaélique qui est une langue magnifique, très féminine, très cristalline. Elle me fait penser à «l’elfique». On se croirait presque dans un roman de Tolkien. Et j’aime chanter dans d’autres jargons, observer à quel point ma voix peut sonner différemment suivant la langue.
Votre voix a évolué depuis la sortie de la Star Academy, non?
Le timbre de ma voix reste le même, mais j’ai l’impression que je peux exprimer plus de choses qu’avant. Petit à petit, je découvre des couleurs de ma voix que j’ignorais. Et lorsque je chante, je me fais de plus en plus plaisir.
En parlant Star Ac’, y retourneriez-vous?
Bien sûr, ça a été un tremplin formidable. Mais je me débrouillerais pour ne pas gagner. Le nom du vainqueur devient une marque pas très respectée par une certaine intelligentsia du métier. Lorsque l’on perd, c’est dur au départ, mais quand on s’en sort, c’est tout de suite oublié.
Dans votre précédent album, vous vous décriviez comme «étrange et rebelle». Est-ce toujours le cas?
A votre avis, enregistrer en breton, ce n’est pas être rebelle ça?(elle éclate de rire). Non, c’est être TRES rebelle! C’est comme cette semaine, on m’a demandé si je ne tombais pas dans la facilité avec cet album. J’ai répondu: «Vous trouvez franchement que chanter en breton et gaélique, c’est jouer la facilité?» Et puis de toute façon, je vais vous dire un truc: le breton naît rebelle. Et moi, je suis mi-bretonne mi-auvergnate, donc je ne vous raconte pas! Je suis née rebelle et le resterai toujours!
http://archives.tdg.ch/TG/TG/-/article-2010-12-1296/nolwenn-leroy--une-bretonne-belle-et-rebelle