Joyeux Nolwenn
THIERRY COLJON
mercredi 16 décembre 2009, 13:09
Troisième album pour Nolwenn Leroy, qui remplace Laurent Voulzy par Teitur. Tout en gagnant sportivement son indépendance.
Trois albums, trois visages différents pour une Nolwenn qui trace sa route de façon audacieuse et originale.© DOMINIQUE GAU.
Le Cheshire Cat & moi
Teitur Lassen n'a pas ménagé sa peine pour offrir à Nolwenn un écrin à la fois boisé et lumineux, raffiné et délicat. Il a composé l'essentiel d'un disque dont Nolwenn a écrit les paroles, très intimistes. Si le single « Faut-il, faut-il pas ? » rappelle le « Quelqu'un d'autre » de la Grande Sophie, l'album contient d'autres perles plus personnelles. Les atmosphères feutrées, tendance folk, sont la marque de fabrique d'un disque qui se doit d'être écouté à son aise, doucement, tranquillement, loin de la foule déchaînée.
Nolwenn Leroy a aujourd'hui 27 ans et la belle et élégante femme n'a plus rien à voir avec la gamine qui, il y a sept ans, emportait la Star Ac 2. Chacun de ses disques, depuis, est une émancipation.
Le premier, qu'elle n'a pu réaliser à sa façon, était une façon de faire oublier l'émission télévisée qui l'a révélée. Le deuxième, Histoires naturelles, réalisé par Voulzy, l'a menée plus haut encore : 400.000 albums vendus, une tournée réussie… Et, quatre ans plus tard, la voici pour un troisième album pour lequel elle a cette fois fait appel au Danois Teitur. Tout en s'impliquant davantage dans l'écriture.
« Je n'ai pas de manager, nous confie-t-elle d'emblée. Car j'ai vécu une mauvaise expérience. J'aime faire mes petites affaires dans mon coin. Je veux être au courant de tout ce qui me concerne, en direct avec les gens. J'ai pris le temps de vivre durant un an, après la tournée. J'avais besoin d'être heureuse et bien dans ma vie, d'aller chercher de nouvelles idées aussi… »
Très équilibrée dans sa relation avec le tennisman Arnaud Clément, Nolwenn donne de fait l'impression de très bien gérer sa carrière, imposant sa personnalité dans ce disque, Le Cheshire Cat & moi : « Je me protège des paparazzi. Il est dangereux de pactiser avec le diable. J'ai la chance d'être respectée. Je me confie peu, j'ai toujours été très discrète. Du coup, je n'ai jamais été déboutée quand j'en suis venue à devoir aller en justice pour protéger ma vie privée. » Ce qui ne l'empêche pas, en privé, de nous confier qu'elle s'est remise au tennis, un sport qui la passionne autant que l'équitation : « J'ai aussi en projet de courir un jour le marathon de New York. »
Sa firme de disques sait aujourd'hui qu'il faut lui laisser faire sa petite cuisine. Ne pouvant plus compter sur Voulzy, trop occupé, elle a trouvé elle-même ses nouveaux partenaires : « J'ai beaucoup appris avec Laurent, qui m'a donné confiance. Teitur, je l'ai rencontré à New York, où j'étais en vacances. Quand il est venu chanter à la Maroquinerie, je lui ai dit que j'étais dingue de son disque et je lui ai refilé une démo tout en lui disant que je cherchais quelqu'un pour la première partie de mon Olympia. Il a dit oui et on est devenus très amis. Il a bien voulu réaliser tout mon disque, ce qu'il n'avait jamais fait. »
Nolwenn l'anglophone
Nolwenn, qui, à l'âge de 15 ans, est partie étudier un an à Cincinnati, parle parfaitement anglais. Elle a même envisagé une carrière diplomatique en s'inscrivant en 2001 à la fac de droit de Clermont-Ferrand, section droit anglo-américain : « J'ai écrit tout l'album en anglais, puis, après des séances d'écriture avec Rupert Hine, un ami de Teitur, je suis repartie d'une page blanche. Le disque est essentiellement en français mais on a aussi enregistré une version anglaise du disque. Le studio de Teitur, aux îles Féroé, est un endroit superbe, en bord de mer, très sauvage. On est allés en Suède puis en France. Je vis toujours à Paris car j'ai besoin d'être près des miens. »
C'est également Nolwenn qui, dans une foire d'art contemporain, a découvert Thomas Jacquet, qui a réalisé la pochette et une illustration pour chaque chanson dans un style très « Lewis Carroll » : « J'aime son univers onirique, très lumineux, proche aussi d'un Tim Burton. À l'image du disque. Cheshire, c'est le chat d'Alice au pays des merveilles. Pour moi, c'est un symbole de la folie, de celle de nos dirigeants. Je présente le chat sur un plateau, comme si j'avais réussi à le vaincre, à vaincre cette part d'ombre qui est en moi. Tout cela remonte à l'enfance, c'est assez dark, c'est vrai. »
Nolwenn n'est pas qu'une jolie chanteuse. En plus des Restos du Cœur qu'elle rejoindra début 2010, elle est la marraine de la Fondation Abbé Pierre : « J'ai eu la chance de le rencontrer. C'est un des moments les plus importants de ma vie. Il m'a demandé de faire partie de son comité et depuis, je suis en colère contre cette France honteuse qui ne peut trouver un logis pour tous. On ne peut pas accepter qu'un logement pour tous ne soit pas une priorité. Ce n'est pas une fatalité. Ça me rend dingue. Comme de voir le G20 transformé en concours de beauté pour qui a la plus belle robe. »
lesoir.be
A la même page un encart interessant
http://www.lesoir.be/culture/musiques/2009-12-16/joyeux-nolwenn-744147.shtml
*** Message édité par Gégé le 16/12/2009 20:40 ***