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Nolwenn Leroy, affranchie
Olivier Nuc
15/12/2009
Pour Nolwenn Leroy, la voie était toute tracée. Dans la foulée de sa participation à la «Star Academy» (elle fut lauréate de la deuxième promotion), la jeune femme aurait pu suivre le cheminement tracé par la production, la chaîne et les professionnels de ce métier. C'est d'ailleurs ce qu'elle fit, au début, se conformant à ce que l'on attendait d'elle. Elle publia ainsi un premier disque standardisé, estampillé variété populaire, et taillé sur mesure par Pascal Obispo, Lara Fabian et autre Lionel Florence. Dès le deuxième, pourtant, elle se tournait vers Laurent Voulzy, plus à même de la sortir des canons télévisuels.
Mais rien ne préparait à la surprise que constitue l'album qui vient de paraître, Le Cheshire Cat et moi. La chanteuse l'a confectionné dans son coin, choisissant soigneusement ses collaborateurs et les conditions d'enregistrement du disque. Plutôt que de dérouler le fil d'un parcours sans grand risque, elle y affirme des options tranchées. C'est au musicien des îles Féroé, Teitur, qu'elle a fait appel afin de s'aventurer vers des textures plus délicates. L'album a été enregistré dans un petit studio de Suède, à l'écart des pressions et des enjeux de maisons de disques. Pour la première fois, Nolwenn a écrit tous les textes des chansons, collaborant avec Teitur sur les musiques et les arrangements. On sent chez elle un mélange de détermination tranquille et d'indépendance farouche.
Tout en étant reconnaissante de l'exposition que lui a apportée le tremplin télévisuel de la «Star Ac», Nolwenn se sent aujourd'hui plus proche d'Olivia Ruiz que des chanteurs élevés en batterie. Pour elle, l'émission a constitué un accélérateur, pas un plan de carrière.
Il était audacieux de sa part de partir ainsi à l'aventure. L'album, dont quatre titres sont chantés en anglais, fait parfois penser aux climats de Joanna Newsom. Finalement, la crise du disque aura cette vertu : plus aucun album n'étant assuré de s'écouler à des centaines de milliers d'exemplaires, les artistes ont tout intérêt à aller vers où leur désir les porte. Nolwenn Leroy n'est certes pas un cas isolé. Mais eu égard à ses états de service, la parution de ce troisième album s'apparente déjà à une petite révolution.
«Le Cheshire Cat et moi», Mercury/Universal.
http://www.lefigaro.fr/musique/2009/12/15/03006-20091215ARTFIG00423-nolwenn-leroy-affranchie-.php
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