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RENCONTRE AVEC NOLWENN ET SON CHESHIRE CAT
Ici c’est elle qui commande
ELLE.fr : Nolwenn, vous êtes très expressive sur ce nouvel album, on vous entend parfois sourire. Dans un titre bonus vous chantez même « Ici c’est moi qui commande ». Avez-vous l’impression d’avoir gagné en interprétation ?
Nolwenn Leroy : Je pense que j'ai gagné en naturel. Comme je l'ai dit auparavant, on ne m'a jamais autant entendu chanter, pas par la puissance mais par la présence. C'est incroyable le recul que j'ai réussi à prendre sur ma voix, que je n'avais pas auparavant. Chaque fois que j'écoutais les albums des autres, je disais toujours : « à ce moment là c'est pas parfait, il y a un souffle, un craquement, mais c'est ce moment là qui me touche ». Et quand j'enregistrais, si j'entendais quelque chose qui n'allait pas, j'allais le refaire, sûrement parce que j’ai connu le conservatoire et que tout devait être parfait, carré, sans rien qui dépasse. De nos jours, avec les moyens à disposition, on peut faire 36 pistes et avoir la prise parfaite. Là c'était plus à la Billie Holiday, un peu « one shot », à l'ancienne. J’ai vraiment ressenti un décalage pendant de nombreuses années entre la musique que je faisais et mes influences. Aujourd'hui c'est fabuleux parce que la meilleure carte d'identité que je peux proposer c'est cet album.
Que retenez-vous de ces mois de création en studio ?
Quand je ferme les yeux et que je repense à la Happy Family, cette joyeuse famille qu'on était. On vivait tous ensemble dans cette maison-studio. Teitur (son producteur, ndlr) faisait venir ses potes musiciens de Copenhague faire les parties d'instruments chaque jour, c'était très roots et très simple, très artisanal. Maintenant je n’envisage pas les choses autrement. C’est moins formel que d'aller en studio pour chanter sa partie et rentrer chez soi le soir. J'adore la chanson éponyme de l’album, car c'est là où j'ai composé pour la première fois. Je ne pensais pas en être capable puis d'un coup on a trouvé le refrain et je me suis dis : "ça y est, j'ai fait une chanson". J’avais cette appréhension du moment où tu te retrouves devant le piano, sans partition. Et ça m'a permis de démystifier un peu ce moment là et laisser libre cours à mon imagination.
Vous avez toujours été très impliquée dans le combat contre le mal-logement, que vous défendez avec conviction.
Oui, je continue à défendre, à porter le message de l'Abbé, et à mener ce combat comme je lui avais promis lorsque j'ai eu la chance de le rencontrer. Tant bien que mal parce que c'est pas toujours évident de pouvoir dire un mot là dessus, on a pas toujours l'occasion, mais c'est quelque chose qui n'a jamais été autant d'actualité, donc c'est important de l'évoquer sans cesse, plus que ça même, de le crier je dirais. Je conseille d’ailleurs à tout le monde de découvrir ”Elle, lui et les Autres”, un recueil de photos prises par Eric Cantonna. Il s'est baladé un peu partout dans le monde, a été à la rencontre de sans abris, et a réussi à capturer des instants, des regards. C'est un livre vraiment incroyable, avec des photos en noir et blanc et des portraits vraiment magnifiques. Il est sorti le 3 décembre et tous les bénéfices sont reversés à la Fondation Abbé Pierre.
Le Cheshire Cat est un personnage énigmatique d’Alice au Pays des Merveilles. Pourquoi l’avoir choisi comme élément principal de votre album ?
J’ai toujours eu cette fascination/répulsion depuis toute petite pour ce personnage. Quand j’ai commencé à écrire sur l’album, il m’est apparu. Il symbolise le monde de fous dans lequel on vit, tous nos tics, nos angoisses…, et cette part d’ombre que j’ai réussi à vaincre, de l’autre côté du miroir. Ce Cheshire Cat n’a pas réussi à m’embrouiller comme il a pu le faire avec Alice ! (rires). Il a un côté un peu Twilight avec ses petites dents de vampire et son piercing dans l'oreille. Il est assez mignon mais faut pas le chercher ! (rires). J’incarne une Alice plus rock’n’roll, plus dark, qui réussit à dompter ce chat et le présenter sur un plateau d’argent ! Ce chat incarne le fantastique qui m’a toujours fascinée, ce petit monde onirique à la fois gothique, chic et lumineux que j'essaie de décliner depuis mon 2ème album plutôt XVIIIe avec son cabinet de curiosités. Cette fois je propose quelque chose de plus victorien, entre Dickens et Carroll.
Comment vous est venue l'idée d'un visuel sous forme de peintures ?
J'ai rencontré Thomas Jacquet au salon d'art contemporain à Paris il y a quelques années. Quand j’ai vu les créations de Thomas je me suis dit « c'est dingue, si je peignais c'est ça que je ferais ». Il y avait de l'enfance, un côté un peu décalé, un peu dark, mais toujours une pointe d'humour et de dérision que j’ai tout de suite aimée. Je lui ai envoyé mes textes et quand il est arrivé avec toutes ces peintures je me suis dis qu’il avait tout compris ! Sur cet album il y a un vrai parti pris, j'ai été au bout de mes idées sans compromis et je suis super contente du résultat.
Entre Mary Poppins et Alice in Wonderland, le nouveau clip de votre chanson « Faut-il, faut-il pas ? » est truffé de références.
J'ai vraiment fait confiance à Yoann Lemoine qui a compris l'ambiance de l'album et ce que je voulais raconter. J'avais une idée de départ bien sûr, je pense notamment à ma maman qui est ma boite à idées. J'en ai parlé un peu avec Yoann, puis plus ça allait et plus il m'envoyait des références de lumières, de stylisme, de coiffures et je disais : « c'est exactement ça ». On était toujours d'accord donc ça s'est très bien passé. On a travaillé aussi avec le décorateur des clips de Gondry. Tout le monde était détendu. C'est le clip le plus zen que j'ai fais de ma vie !
Avez-vous déjà une idée du décor et de l’univers que vous allez mettre en place sur votre future tournée ?
Je pense que ça va rester dans cette ambiance un peu victorienne, un peu cocon au coin du feu. Même si j’aime me dire que finalement les albums n’ont pas de saison, celui-ci s'inscrit super bien dans cette saison-ci, un peu feutrée, c'est ce que je vais essayer de recréer sur scène. Ca sera un peu intimiste, et très différent de la tournée précédente où il y avait un gros décor, pour pouvoir faire un maximum de dates et également aller sur les festivals. Tu peux faire aussi des choses bien avec très peu quand tu as une idée précise de l'ambiance que tu veux amener.
Sa Textile Schizophrénie
Une de vos chansons s’intitule « Textile Schizophrénie ». Une ode à la mode ?
Oui c’est une ode à ma manière d'envisager la mode, ce côté ludique que j'aime tellement. Pas ce côté superficiel qu’on peut parfois mettre en avant. C’est fabuleux de pouvoir garder les fringues de ma grand-mère, de ma mère, pouvoir les mélanger avec des accessoires plus couture, plus récents, avec des vêtements H&M et Zara, faire mon petit mélange, ma petite cuisine comme j'ai fait pour ma musique ! J’aime aussi m’amuser à incarner des personnages. J'adore ça, rentrer dans un personnage tout en ne perdant pas de vue qui je suis. Mais ça offre tellement de possibilités, c'est extrêmement ludique la mode. J'adore les anglaises car elles osent, tant dans le maquillage que dans les habits. Tu te dis : « c'est délirant », et toi tu attends d'avoir des soirées à thème pour pouvoir faire ça ! C’est cette liberté absolue qui me plaît, de pouvoir m’approprier les vêtements tout en m'inspirant des tendances.
Pouvez-vous nous parler des robes atypiques de votre clip ?
Manoush m’a prêté beaucoup de prototypes. C’est sympa parce qu'ils s'associent avec l'artiste. Par exemple, moi sur cet album je pars beaucoup sur l’idée de robes et de jupes taille haute. Ca met beaucoup en valeur, avec des petits talons compensés je trouve ça sympa. Donc on est vraiment parti sur cette coupe là et avec eux j’espère pouvoir décliner des tissus, des motifs et des ambiances différentes, aussi bien sur la scène que pour les télés. J'avais déjà fait la tenue unique sur l'album précédent, je trouve ça important de toujours arriver avec le même type de robes.
Avez-vous un créateur préféré ?
Sur ma précédente tournée j'étais en Balenciaga, j'adorais cette collection un peu rock. Il y a tellement de créateurs que j'aime pour différentes raisons. Pour la vie de tous les jours j'adore Isabel Marant. Mais j’adore aussi Chanel, Yves Saint Laurent, Miu miu, Louboutin; j'ai envie de croquer leurs chaussures tellement elles sont jolies, on dirait des bonbons ! J'ai des délires, tout de suite quand je vois une robe, je me dis : « Ca, ça me rappelle ça » ou ça m'évoque quelque chose qui me fait rêver.
"Le Cheshire Cat & moi", sortie le 07/12/2009.
Après avoir chanté ses « Histoires Naturelles » au public, Nolwenn Leroy a repris le chemin des studios pour enregistrer et conceptualiser son troisième album. Dans sa nouvelle chanson « Faut-il, faut-il pas ? », Nolwenn nous conte ses doutes et ses dilemmes, à l’image de l'insaisissable Alice de Lewis Caroll. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur son univers mi-gothique, mi-romantique, développé dans ce nouvel opus aux sonorités pop folk et symphoniques.
Dossier réalisé par Lauren Clerc.
http://www.elle.fr/elle/Loisirs/Musique/Dossiers/Rencontre-avec-Nolwenn-et-son-Cheshire-Cat/Ici-c-est-elle-qui-commande/(gid)/1090294
*** Message édité par Gégé le 04/12/2009 23:37 ***
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