Les Anglo-Saxons nomment cela hiatus ; les Français traversée du désert. Fallait-il ou ne fallait-il pas s'inquiéter de l'excès de discrétion de Nolwenn Leroy depuis près de deux ans ? A l'écoute de son nouveau single, Faut-il, faut-il pas ?, publié aujourd'hui sur le site officiel de la chanteuse, la réponse s'impose : non. De retour d'un étonnant et audacieux voyage exploratoire, elle met fin au silence radio - n'hésitez pas, cliquez ici pour écouter Faut-il, faut-il pas.
Après ses Histoires Naturelles, l'élégante artiste révélée par la deuxième saison de la Star Academy a manifestement éprouvé le besoin de se ressourcer pour aller pêcher, chasser, apprivoiser la matière précieuse de son troisième album studio, à paraître le 7 décembre et annoncé bien plus acoustique que ses prédecesseurs. Une légèreté musicale dont augure effectivement ce savoureux premier titre, amené par des sifflotements, claquements de doigts et percussions guillerets et folk, qui reviennent en une ritournelle désinvolte, à l'image des motifs de cette ode à l'indécision avec un clin d'oeil au mythe nietzschéen de l'éternel retour : "Entre glaise et firmament, je suis un élastique/Qui s'étire, se tend, j'suis pas à mon aise/Tout est dilemme et tout est malaise (...) Je suis balance, Faut-il, faut-il pas/Y a belle lurette que j'ai décidé de rien décider". "Entre mélo et comédie", en somme...
Du côté de la partition, tout est fait pour préserver l'équilibre ouaté du tout : une guitare rythmique qui donne le tempo et le pattern simple d'une chansonnette sautillante, des cordes qui viennent lécher le rivage de la voix de Nolwenn comme le ressac léger d'un littoral, des choeurs rares et fantasmatiques, un piano qui n'égrene sa partie qu'à la sourdine... Faut-il encore souligner le travail vocal saisissant de l'intéressée ? Evidemment, tant les éclats de voix sublimes qui ont fait sa notoriété cèdent ici la place à une belle expressivité, allant du susurré et du joué malicieux à des parties plus denses, tout en nuances avec un joli travail d'air et de tenue.
La finesse cajoleuse des arrangements ne manque pas non plus d'étonner, mais un coup d'oeil en direction des artisans de cet album élaboré entre Los Angeles, la Scandinavie et Paris, qui devrait comporter plusieurs pistes anglophones et dont le titre se fait attendre, apporte un éclairage...
Nolwenn Leroy, que nous n'avions pas perdu de vue (bien qu'elle ait coupé le son) grâce à sa relation romantique avec le tennisman Arnaud Clément , a en effet sollicité Teitur (Teitur Lassen) pour la réalisation : le plus célèbre artiste des Iles Féroé, élu en 2007 et 2009 Meilleur artiste masculin aux Danish Music Awards, est déjà bien connu des amateurs de son chiqué, depuis la parution de son élégant Poetry & Aeroplanes et au gré des scènes qu'il a régulièrement partagées avec... Radiohead, Aimee Mann, Rufus Wainwright... Si vous ne connaissiez pas (il est temps d'y remédier), le décor est planté. Le MySpace de Nolwenn propose plusieurs titres anglophones, dont une reprise en live et en duo du tube de Teitur, One and Only (à écouter absolument en cliquant ici).
Outre cette collaboration des plus engageantes, Nolwenn s'est également attachée, toujours selon nos informations exclusives, les services de Ruth Wall, la harpiste du phénomène brit trip hop/electronica Goldfrapp, de l'arrangeur de cordes de Björk et d'un ancien du fameux band danois The Raveonettes. Une petite révolution artistique bien sentie...
Guillaume Joffroy
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