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«Je reconstruis les fondations»
Nolwenn Leroy analyse avec beaucoup de lucidité sa trajectoire et le chemin qu'il lui reste à parcourir.
«Je crois que j'avance de manière humble, doucement mais sûrement.» Cinq ans après sa victoire à la Star Academy, Nolwenn Leroy poursuit son chemin à son rythme, avec le souci de franchir aujourd'hui les étapes qu'elle a sautées hier. A l'instar de Laurent Voulzy, qui l'a accompagnée dans l'aventure de l'album «Histoires naturelles», elle travaille de façon artisanale. «Je me reconstruis, je construis petit à petit, je prends mon temps, je réfléchis beaucoup: la musique, le visuel...»
Ainsi a-t-elle attendu sa deuxième tournée, et de «(se) sentir mieux sur scène avec un album complètement assumé», pour enregistrer son premier live, «Histoires naturelles Tour». «La scène, c'est l'essence même du métier d'artiste», s'enthousiasme-t-elle. «Ce sont des moments de partage, de plénitude, où l'on a l'impression que rien d'autre n'existe autour. C'est rare, dans la vie, des moments aussi intenses.»
Retomber sur ses pattes
Même si elle juge l'exposition liée à la Star Ac «très violente», la jeune femme ne regrette pas un instant sa participation à l'émission. «Si c'était à refaire, je le referais, parce qu'elle offre la possibilité de se faire entendre.» Elle n'a visé que ce but-là en y participant: «J'ai toujours été consciente, dès que je suis entrée dans le château, que le seul moment où il fallait me donner en spectacle, c'était sur scène. On a cru que j'étais quelqu'un de froid, d'austère, parce que je ne voulais pas me livrer à tout bout de champ.» Elle a conservé cette ligne de conduite, évitant soigneusement les revues people.
L'expérience télévisée a bien sûr comporté son lot de frustrations: ne pas pouvoir s'investir davantage dans le disque et la tournée qui ont suivi, la sensation de brûler les étapes, et, cerise sur le gâteau, être sélectionnée pour ses différences et voir ensuite l'émission tenter de gommer cette originalité - «Du coup, après, on ne sait même plus ce qu'on aimait vraiment, quelles étaient nos influences; c'est assez déstabilisant.»
La plupart des candidats, et même des vainqueurs du concours, sombrent ensuite corps et biens. Mais ce n'est pas une fatalité. Nolwenn Leroy donne la recette: «Je pense qu'après il faut tout simplement retomber sur ses pattes et être fort psychologiquement. Si on est intelligent, qu'on a des choses à dire et qu'on est sincère, je crois qu'on peut s'en sortir et faire passer autre chose, se faire respecter aussi de personnes qui ne seraient pas intéressés à l'émission - c'est le cas de Laurent (Voulzy), qui ne l'a jamais regardée.»
Forces et faiblesses
Intelligente, patiente, bosseuse, la brune au regard azur sait ce qu'elle veut et où elle va. Depuis toute petite, elle se projette dans le futur. «Moi qui avais des problèmes de confiance en moi, jeune, le fait de me visualiser dans le futur, de m'imaginer dans certaines situations, c'était un moyen de me pousser vers l'avant, de me convaincre de faire des choses, de vaincre la peur que je pouvais avoir.» La fille a «un fort caractère», elle sait dire non. On l'a critiquée pour cela, sans comprendre que c'était aussi une manière de se protéger. Aujourd'hui, cas rare dans le métier, elle fonctionne seule, sans agent. «Je suis un peu un électron libre, sourit-elle. Je ne veux pas être un pantin dont on tire les ficelles, qu'on met sur scène en disant: vas-y, chante.»
Côté points faibles, Nolwenn Leroy avoue une sincérité qui confine parfois à la naïveté et, surtout, une hypersensibilité qui lui fait «prendre extrêmement à coeur tout ce qu'on dit». Parce qu'elle met beaucoup d'elle-même dans ce qu'elle fait, tout la touche. «Quand un truc se passe mal, ça va me rendre malade, vraiment, physiquement... Il faut que j'apprenne à me protéger émotionnellement sans rien perdre de ma sensibilité.» Ça viendra avec l'âge, elle n'a que 25 ans.
3 janvier 2008 - ENTRETIEN MANUELA GIROUD
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Tu restes dans nos coeurs
